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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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l’amour que nous nous portons vous y aidera. Rentrons en Pierregord, proposai-je.
    — Nous ne le souhaitons pas, me répondit Marguerite. Ne devons-nous pas faire pénitence en vertu de l’indulgence canonique en nous rendant à Saint-Jacques de Compostelle ? N’est-ce pas écrit sur la lettre de rémission ?
    — Si fait, mais cela peut attendre.
    — Que nenni.
    — Mais nos enfants, Marguerite ? As-tu songé à nos enfants ?
    — Notre brave chevalier Guillaume a regagné Braulen avec les gens d’armes du baron de Beynac. René le Passeur, Élodie -elle est grosse des œuvres d’icelui, me glissa-t-elle malicieusement-y veilleront. Avec notre petite garnison. Nous n’avons plus rien à craindre. Nous disposons encore de nos archers-paysans.
    — Si ! Nous avons à redouter les sévices que Michel de Ferregaye pourrait infliger à nos enfants !
    — Ton féal capitaine d’armes s’est esbigné depuis la vente de notre château de Rouffillac. Depuis la disparition d’Arnaud, à la Croix d’Allon. Je ne l’aurais jamais cru capable de félonie…
    — Moi non plus. Avant d’apprendre qu’Arnaud était le fils adultérin de Philippa de Thémines, qui se faisait passer pour la dame de Guirande. Nous nous rendrons en pèlerinage une autre fois ! Je tiens à ne courrir aucun risque ! »

    Pendant les longues soirées que nous passâmes tous les quatre en une hostellerie de la cité de Toulouse, obéissant en cela aux vœux d’Isabeau et de Marguerite qui souhaitaient exorciser le mal dont elles avaient été victimes, tels des cavaliers désarçonnés qui doivent remettre le pied à l’étrier après une chute, nous pûmes nous livrer à moult effusions, accolades, baisers et autres preuves d’amour.
     
    Isabeau était d’une beauté virginale, plus belle que celle que j’avais imaginée en songe. Par miracle, elle recouvrait progressivement la vue ! Elle était douée d’une intelligence des gens et des choses étonnante.
    Enchefrinée en la forteresse de Largoët, elle avait été conduite en une abbaye par l’un des sergents de la garnison qui avait déserté le château avant notre arrivée. Par pitié, il l’avait soustraite aux geôles d’Arnaud de la Vigerie pour la confier à une mère abbesse.
    De monastère en abbaye, d’abbaye en couvent, Marguerite, ma mie, avait mené sa propre enquête, jusqu’à apprendre qu’Isabeau avait été recueillie en l’abbaye de Saint-Cyprien. Jusqu’au jour où elles avaient été arrêtées toutes deux par le prévôt de Sarlat, sur injonction de l’évêque, Austère de Sainte-Colombe.
    Mon épouse n’avait pas voulu m’en parler pour m’en faire l’agréable surprise. Elle le regrettait amèrement à présent. Et pourtant, ce qu’elle avait réussi, je l’avais tenté depuis l’an de grâce 1345. Sans succès.
     
    Dieu qu’elles étaient belles, ma fée aux alumelles et ma mie !
    Isabeau rayonnait. Ses yeux bleus, de la couleur des pervenches, nous éclairaient d’une clarté céleste. Les souffrances qu’elles avaient vécues depuis cinq mois s’estompaient peu à peu. Mais il faudrait encore du temps pour qu’elles puissent oublier. Si elles parvenaient à oublier un jour.
    J’avais hâte de quitter la capitale du Languedoc pour rejoindre le Pierregord. Marguerite et Isabeau souhaitaient prier dans la cathédrale et dans les nombreuses églises qui en jalonnaient les rues aux quatre points cardinaux.
    De l’hôpital Saint-Jacques, rive senestre du fleuve Garonne, puis le quartier marchand, du faubourg Saint-Michel à Notre-Dame de la Daubade, du couvent des Carmes, de l’archevêché, à l’hôpital des Pèlerins, au couvent des Cordeliers, pendant trois jours, nous sillonnâmes la cité des domini capitula, les consuls, les seigneurs du chapitre, qu’on nommait ici des capitouls, nous recueillant et priant à chaque fois que nous croisions la porte d’une église.
    La population ne nous prêtait aucune attention.

    Des courans fransses de capssuns, ainsi qu’on appelait les gabarres en occitan, naviguaient à la rame ou à la voile, parfois halées par des femmes sur les bords du fleuve. Des moulins à nef, des moulins bateaux qui flottaient sur le petit bras du fleuve, solidement arrimés, et ceux du Bazacle, en aval, solidement arrimés les uns aux autres, moulaient le grain sous l’effet d’une forte chute et fournissaient l’eau nécessaire aux travaux des tanneurs, des peaussiers et des

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