Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
Vom Netzwerk:
couverture à ais de bois d’un codex, au cours de l’été 1348, à Commarque.

    Le parchemin, daté de l’an de grâce MCXXVIII {7} , était richement orné d’une enluminure représentant le Christ en majesté. Rédigé en latin et en lettres rotunda , un type de caractères prescrits par les frères templiers depuis la fondation de l’Ordre. Il était bien peu probable que le document d’une valeur inestimable que j’avais sous les yeux fut apocryphe.
    Son état de conservation s’expliquait par son étui de cuivre, plombé à l’intérieur, parfaitement étanche à l’humidité.
     
    À mesure que je le traduisais, je sentis le sang me monter à la tête, exercer une pression douloureuse sur mes tempes et mes oreilles, une moiteur envahir mon front, ma nuque, mes mains agitées d’un tremblement de plus en plus convulsif. Le document que j’avais sous les yeux était un document bouleversant, d’une valeur inestimable.
    Mes yeux se dessillèrent en prenant connaissance d’une Vérité incroyable. Gravée en lettres de feu sur la pierre du Temple de Salomon. À Jérusalem. Le secret de la Vie éternelle. Ce qu’il y avait après la mort, après la vie. Une révélation susceptible d’embraser l’Occident chrétien et l’Orient des Infidèles. En les dressant l’un contre l’autre. Pour la nuit des temps.
    Tenté d’en prendre copie, je saisis dans l’écritoire de frère Ludwig, parchemin, encrier et plume. Après avoir gratté quelques lignes en latin, je renonçai, craignant pour ma vie si j’étais porteur de ce terrible message divin. Lorsque je tendis le document aux flammes, elles le dévorèrent à la vitesse de l’éclair en dégageant des étincelles rouge sang. Et non pas blanche et jaune. Une épaisse fumée grise s’engouffra dans le conduit et me fis toussir.
    J’appris par cœur le contenu du message rédigé en langue latine, gravant chaque lettre, chaque mot dans le coin le plus secret de ma mémoire.
    Pendant les matines, je remis en place le parchemin sacré dans son chilindre, sans pouvoir toutefois le verrouiller, et reloquai la porte du coffre.
    Le lendemain, dernier jour de ma présence en la librairie, je tenterais d’emprunter derechef la clef plate et triangulaire du grand maître et personne ne pourrait soupçonner ma découverte de l’un des plus grands mystères de tous les temps.
    De lendemain, il n’y eut pas. Le grand maître avait regagné ses appartements dans le Hochburg. Les portes en étaient verrouillées par une escouade de frères-sergents en armes, le chef coiffé d’un chapel de fer, une main sur la garde de l’épée, l’autre sur la hampe d’une terrible guisarme.

    Pendant deux mois, jusqu’aux premières manifestations de la reverdie, jusqu’à ce que les joncs refleurissent et que les églantiers bourgeonnent, nous chevauchâmes contre les païens lituaniens qui n’avaient de cesse de harceler nos positions et de se livrer à des pillages, des exactions sanglantes qui, trop souventes fois, nous soulevaient le cœur. Un cœur qui s’endurcit de semaine en semaine et décuplait nos forces pour les combattre par l’épée et la Foi.
    Nos écuyers s’illustrèrent par quelques magnifiques faits d’armes. Raymond de Carsac et Foulques de Montfort aussi, contournant lacs et marais incertains pour prendre nos ennemis à revers, à la tête des frères-servants et des archers de leur compagnie.
    Le redoux faisait fondre les glaces. Mais le Hochmeister avait adapté ses plans de bataille en conséquence. En divisant ses forces, en les faisant surgir là où les Lituaniens ne les attendaient pas, en les harcelant sans cesse, il réunit un butin assez considérable, soumis moult paysans et manants, les inféoda dans des manses, des Hufe , pour qu’ils cultivent et assainissent des régions sauvages prises in jus et proprietatem beati Petri , autrement dit des terres que les frères-chevaliers s’engageaient à tenir pour toujours sous la défense et la protection spéciale de saint Pierre.
    Des milliers d’arpents concédés à titre héréditaire pour fixer des populations nouvellement converties, en contrepartie du devoir de fournir des piétons pour la Landwehr et de tenir des charrois prêts pour le transport des troupes et des fourrages.
    Lors de ces campagnes, la plupart de nos compains d’armes venus de provinces étrangères s’illustrèrent par leur courage.
    L’Escot y perdit un bras, un chevalier hollandais, une jambe qui

Weitere Kostenlose Bücher