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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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entendre que l’Ordre teutonique, ici-bas, relevait d’abord de l’empereur…
    « Au nom de frère Winrich von Kniprode, vingt-deuxième grand maître de Sainte-Marie des Allemands de Jérusalem, et sur sa noble et digne requête,
    « Au nom de la Vierge Marie, notre sainte Mère protectrice et d’Élisabeth de Hongrie, notre sainte patronne,
    « Au nom de Charles de Luxembourg, empereur du Saint Empire romain germanique, quatrième du nom,
    « Au nom de Sa Sainteté le Pape Innocent le sixième,
    « J’ai le grand honneur de vous décerner la Croix de Fer, unique distinction dont le grand maître de notre Ordre peut honorer un chevalier étranger pour cause de grande apertise au combat et très hauts faits d’armes, dans l’esprit de chevalerie de notre Sainte-Mère l’Église, et de reconnaissance de nos frères, réunis céans en notre salle capitulaire.
    « Que quiquionques aurait grave grief, acte de félonie ou de récréance à reprocher à l’impétrant, qu’il parle sur l’heure ou se taise à jamais ! » proclama-t-il à voix haute et puissante.
    Figé, tel une statue d’argile, je passai du blanc au gris, bouffi de remords. N’avais-je pas abusé de la confiance que le grand maître m’avait accordée en me permettant de fouiner, tel un rat, dans l’immense librairie de l’Ordre ?
     
    La main dextre sur le pommeau de mon épée, je m’apprêtai, blèze, à bafouiller quelques mots lorsque mon regard croisa celui du grand maître. Les yeux francs, droits et d’une couleur d’acier me dardaient, tels les espars rasants d’un soleil au couchant.
    À deux doigts de m’affaisser sur le dallage, tel une chiffe molle et merdouilleuse, je parvins, à grand arroi de peines, à me ressaisir, sans quitter les yeux qui me crucifiaient. Une lueur malicieuse les traversa.
    Il avait compris.
    Je réalisai que, contrairement à toute attente, il savait.
    Il se leva de sa cathèdre. Frère Wilhelm m’invita à approcher. Frère Winrich prit la croix de Fer qui reposait sur le coussin, me passa le ruban autour du col, la tapota sur ma poitrine et me prit en sa brace pour me donner la colée. Une forte émotion me noua la gorge.

    Après la grand’messe, je fus prié de me rendre dans le H ochburg où le maître me faisait l’honneur de me recevoir dans ses appartements fraîchement restaurés. Je m’y rendis de bon pas, sachant que je n’avais plus rien à redouter d’un homme qui savait tout.
    De bien des affaires du monde, sans doute aucun. Mais tout de moi, de mes faits, de mes gestes, de mes actes, de mes pensées les plus secrètes. Et de ma quête du Graal.
    Un homme de grande instruction, un homme de fer, un homme de grande sagesse dont l’esprit pouvait pénétrer les profondeurs les plus secrètes du cœur des hommes, récompenser leur talent. Et pardonner leurs faiblesses.

    « Messire Brachet de Born, garderez-vous bon souvenir de votre séjour parmi nos frères ?
    — Un souvenir un peu frais et enneigé, mais que je n’oublierai pas de sitôt, Herr Hochmeister. Toutefois, je ne suis pas certain d’avoir mérité l’honneur que vous m’avez fait. L’autre soir, en votre librairie…
    — Ah ? Frère Ludwig n’aurait-il pas devancé vos moindres désirs ? La salle n’était-elle point suffisamment chauffée ? Passer des jours et des nuits à de studieuses lectures, le corps se refroidit, l’esprit s’échauffe, faute d’exercice…
    — Si fait, grand maître. Si fait, mais…
    — Frère Ludwig n’aurait-il pas veillé à changer chaque jour les bougies des candélabres ? Se serait-il livré à des avances contre nature ?
    — Si fait, euh… non, frère Ludwig fut d’aimable compagnie. Toujours prêt à devancer mes moindres désirs, et je ne suis point bougre moi-même, Herr Hochmeister  !
    — Je n’en doutais, messire Brachet. À ce propos, dîtes-moi comment se porte la comtesse Mathilde ?
    — Fort bien, Herr Hochmeister, fort bien ; elle m’a d’ailleurs prié de vous transmettre ses sentiments respectueux et fidèles.
    — Ma filleule est-elle toujours aussi fraîche, aussi bien tournée dans ses formes et dans son esprit ? »
    Sur ces dernières paroles, je sentis le sang me monter aux joues pour les colorer comme deux pétales de penneau, mais réussis presque à contrôler cette manifestation de ma confusion. En vérité, je m’attendais à tout de sa part, mais pas à cette question fort gênante.
    « Votre filleule, Herr

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