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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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Hochmeister ?
    — Oui, ma filleule, messire Brachet. J’ai l’immense privilège d’être son compère : je l’ai moi-même portée sur les fonds baptismaux. Feu son père, un brave homme, était de petite noblesse lorraine mais sa mère est née Hohenlohe, une illustre famille à laquelle je suis apparenté et qui nous a donné deux grands maîtres…
    — … Heinrich, entre 1244 et 1249, et Gottfried von Hohenlohe, entre 1297 et 1303 », complétai-je, non point pour faire étalage d’une science récemment acquise comme on étale de la confiture sur un quignon de pain, mais pour l’égarer dans une voie moins dangereuse, tel un cerf aux abois qui se rembuche pour divaguer la meute qui piste sa trace, le museau rasant le sol ou humant l’air. J’en fus pour mes frais. Winrich von Kniprode ne s’en laissait pas conter si facilement :
    « Bien, messire Brachet, je vois que votre mémoire ne connaît pas de failles ! Apprenez-vous par cœur tout ce que vous lisez ?
    — Je ne saurai vous dire, Herr Hochmeister…
    —  Tout ce qui peut éclairer vos voies ? Votre quête du Graal ? Votre soif de connaissances ? De la Vérité ?
    — Si fait, Herr Hochmeister, répondis-je les jambes flageolantes, la bouche sèche. Et la grande librairie de l’Ordre…
    — … recèle d’inestimables trésors, n’avez-vous pas observé ?
    — Si fait, Herr Hochmeister, de remarquables codex et d’inestimables reliques. Justement, à ce propos, je crains de ne pas avoir…
    — … Eu le temps de satisfaire votre curiosité ? Votre soif de connaissances ? Une semaine, c’était peu de temps, c’était peu, il est vrai.
    — Que nenni, Herr Hochmeister, une semaine pendant laquelle je fus privé de la compagnie des frères…
    — Et privé des louanges psalmodiées à la Vierge Marie pendant les offices, de la lecture des saintes écritures pendant les repas pris en commun ?
    — Oui, Herr Hochmeister, la pénitence fut un fardeau bien lourd à porter. Il pèse encore sur mes épaules, mais je crains…, tentai-je avant que Winrich von Kniprode ne me coupât à nouveau la chique :
    — Êtes-vous également perspicace, messire Brachet de Born ?
    — ... ..., répondis-je en faisant la moue.
    — Curieux, ces empreintes de pas dans la neige que des frères ont découvertes voilà plusieurs mois. Elles partaient de la librairie et se dirigeaient vers le dortoir du Mittelschloss. Frère Ludwig est certes muet, mais il n’est ni sourd ni aveugle. Or, il n’a rien remarqué. Pourtant une clef avait mystérieusement disparue et elle est réapparue encore plus mystérieusement quelques heures plus tard… »
    Nous y voilà, me dis-je.
    « Vous ne pouvez soupçonner aucuns des frères de la garnison, Herr Hochmeister, le coupable c’est…
    — Un chat ! Oui, un chat ! Un chat au poil aussi noir que votre surcot d’armes, figurez-vous !
    — Un chat noir ? Mais les empreintes dans la neige, Herr Hochmeister  ? Un chat…
    — Un chat botté, voyons, messire Bertrand. Il ne pouvait s’agir que d’un chat botté, s’esclaffa le grand maître en riant à gueule bec, plié en deux.
    « Non, vous n’êtes pas si perspicace que je le pensais, à la parfin. Mais l’affaire est close. Rien de précieux n’a été recélé ou dérobé, me chuchota le grand maître dans le creux de l’oreille, d’une voix aussi douce que le miel, avant de poursuivre d’un ton grave et d’une voix solennelle :
    « Rarissimes sont les élus jugés dignes de partager les inestimables secrets qui attirent bien des convoitises et engendrent bien des trépas. Plus rares encore sont ceux qui sont capables de tenir leur langue lorsqu’ils sont soumis à la question dans une chambre de tortures. Et de brûler leur copie, en considération des menaces qui pèseraient sur leur vie et sur celle de leur descendance…
    « Vous souvenez-vous, messire Bertrand, de la malédiction prononcée par Jacques de Molay, dernier grand maître de nos frères templiers, lorsqu’il fut conduit sur le bûcher en l’île aux Juifs ? Et de ce qui s’ensuivit pour ceux qui étaient visés par l’anathème ?
    — Oui, Herr Hochmeister, ce n’est plus un secret d’État.
    — La sagesse consiste toujours à s’accoiser quand on a la chance de découvrir certaine Vérité. Une Vérité que tentent de s’approprier à tout prix des esprits impurs. Une Vérité susceptible d’embraser l’Occident chrétien, de saper

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