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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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son père, Barthélémy Méhée de Largoët, deuxième du nom, sire d’Elven.
    Arnaud, feu un ami. Ennemi devenu.
     
    Je n’avais prévu aucun plan pour pénétrer dans la forteresse de Largoët et délivrer ma sœur Isabeau. Sauf à me présenter à la poterne et décliner mon identité. Le loup, le maître des lieux, m’accueillerait certainement à bras ouverts. Et je finirais le reste de mes jours dans la plus profonde de ses oubliettes après avoir été soumis à la question.
    Prendre le château d’assaut ? Avec deux écuyers pour tout équipage ? Une armée n’aurait pu l’enlever, quand bien même l’ost aurait compté plus de mil hommes d’armes, appuyés par une dizaine de bombardes.
    Élevé à un tiers de lieue du paisible village d’Elven, le donjon nous dominait de sa masse à environ trente toises de haut ! Je dis bien trente toises ! De sa base octogonale, de son premier étage de forme hexagonale, et de tous les autres, quatre ou cinq sans doute, se dégageaient une formidable impression d’invulnérabilité. Onques de ma vie, n’avais vu une telle fortification. Ni à Beynac, ni à Kœnigsbourg, ni à Marienbourg. Ni ailleurs.
    Les douves, d’une largeur incroyable de trente pieds au moins, ne pouvaient être franchies que par un pont-levis défendu par deux énormes tours et une haute tour, en forme de fer à cheval, sise à l’est d’une enceinte dont l’étage supérieur donnait sur un chemin de ronde, à la hauteur des créneaux. Cette forteresse était simplement imprenable.
    Aucun garde à l’entrée de la barbacane dont le pont-levis était relevé. Nous aurions cru le château déserté par sa garnison et son seigneur, si des rayons de soleil n’avaient frappé les chapels de fer et l’arestuel des guisarmes qui se déplaçaient avec nonchalance sur le chemin de ronde et sur le sommet du donjon.
    Onfroi et Guilbaud comptèrent une douzaine de gens d’armes sur les remparts, en face desquels nous étions tapis dans les fourrés.
    Nous nous déplaçâmes à pas de renard, parfois en rampant, pour faire le tour des fortifications. En évitant de glisser sur la berge d’un lac d’une surface de plusieurs arpents qui renforçait le système de défense sur le côté le plus vulnérable. Nous relevâmes la présence d’autres gardes qui n’étaient point apostés, mais qui marchaient sur la courtine intérieure, à l’abri des créneaux et des merlons. Soit une soixantaine d’hommes en armes !
     
    Quelques heures plus tôt, j’étais en grand émeuvement à l’idée d’approcher la résidence d’Arnaud. À présent, j’étais déconfit, dépité.
    « Comment faire, par les cornes du diable, pour pénétrer à l’intérieur de cette monstruosité castrale, solidement remparée et défendue ? Et délivrer ma sœur des griffes de son bourreau ? Si Dieu veuille qu’elle soit encore en vie, lâchai-je à mi-voix.
    — Par la ruse, messire ! Par la ruse ! »
    Nous sursautâmes tous les trois. La voix sortait d’un bosquet d’arbres. Nous ne vîmes tout d’abord que les pointes acérées de trois flèches pointées vers nos poitrines. Un quatrième homme sortit de sa cache. Diable d’homme ! Nous avions pourtant veillé, avec moult précautions à ne pas attirer l’attention sur nous, prenant garde de ne pas marcher sur des branches mortes ou sur des brindilles.
    « Qui êtes-vous, gentil manant, pour nous espionner et nous tenir sous vos traits ?
    — Et vous donc, messire Brachet de Born, qui êtes-vous pour porter si grand intérêt au sire de Largoët ? Êtes-vous du parti de Blois ou de celui de Jean de Montfort ?
    — Je ne réponds point à un vilain qui me tient à l’arme !
    — Votre vilain manant porte, depuis les Grands Pèlerinages de la Croix, le beau nom d’Enguerrand. Enguerrand de Hesdin. Petite noblesse bretonne, certes, mais gentilhomme dont les aïeux furent croisés. Permettez, messire Brachet, de vous poser derechef la question : de quel parti êtes-vous ? Blois ou Montfort ? »
    Sur le point de répondre que nous étions du parti de Montfort, en pensant à Foulques, je me ravisai. Bien m’en prit.
    « Messire de Hesdin, je n’ai point l’honneur de vous connaître. Sachez que nous ne sommes que d’un seul parti. Celui du roi !
    — Le roi ? Mais lequel ? Le roi Édouard ou le roi Jean ?
    — Nous sommes féaux et ne reconnaissons qu’un seul suzerain, un seul roi, une seule couronne ! Celle dont le roi

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