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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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offert par son amie d’enfance, dame de Dol. Il devait préciser, en outre, que sa mère était atteinte d’espouvantables fièvres tierce depuis son arrivée et se languissait de revoir son fils bien-aimé, avant que le Dieu du Bien ne la rappelât à lui, si les mires qui veillaient à son chevet ne parvenaient à la guérir.
    Le chevaucheur de Bertrand devait délivrer ses messages avant le lendemain soir, car le temps jouait contre nous. S’il venait à crever deux ou trois coursiers sous lui, il savait où se procurer des montures fraîches sur sa route.
    Nous n’avions plus qu’à attendre.

    Le jeudi 10 avril, à trois jours des ides, vers l’heure de none, un échelon de sergents et d’arbalétriers montés souleva un nuage de poussière et de mottes de terre dans la plaine de Tinténiac. La troupe n’avait pas hésité à labourer de ses sabots les champs de culture pour couper au plus court.
     
    Elle s’approcha du châtelet au pas et, avant de franchir le pont-levis, le chevaucheur de Bertrand du Guesclin, reconnaissable aux armes qu’il portait, sonna du cor pour demander l’ouverture de la herse.
    À un pas derrière lui, un cavalier capé d’un grand et riche mantel gris souris, au col et aux bords d’hermine, qui descendait jusqu’aux étriers, de brune chevelure. Était-ce Arnaud de la Vigerie ? Il était d’une coquetterie maladive. Je ne le voyais que de trois quart.
    Notre chevaucheur déclina, à la demande du capitaine des gardes, le nom des invités :
    « Messire Barthélemy Méhée de Largoët, sire d’Elven et son épouse Isabeau… »
    Mon cœur me donna un coup de poing violent dans la poitrine. Isabeau Brachet de Born ! Ma petite sœur chérie ! Par Saint-Yves, était-ce Dieu possible ? Qu’avait donc fait ce lâche, ce félon, ce traître, ce mécréant, ce violenteur pour la coucher dans son lit ?
    « … se rendent avec moult et grands plaisirs à l’invitation de noble dame de Dol et de Combourg ; ils demandent l’ouverture des portes. »
    Nous étions en embuscade, tapis derrière un parterre de bruyères et un long bâtiment en briques roses qui abritait des outils de culture.
    Enguerrand de Hesdin se tenait à mes côtés. Il veillait à ce que mon humeur chaude ne compromette pas le piège que nous avions tendu.
    Il me savait haut la main depuis l’altercation que j’avais eue avec messire du Guesclin, quelques jours auparavant. Bien lui en prit, car lorsque je vis un troisième cavalier qui se tenait un peu en retrait, chevauchant une haquenée, relever la capuche de son mantelet des deux mains et dégager une blonde chevelure, tressée et gracieusement enroulée autour de son cou, je faillis bondir. En vérité, j’aurais bondi si une poigne de fer ne m’avait cloué au sol.
    Je levai le pouce. Un piteux rictus en forme de balèvre me tordit la bouche en guise de sourire.
    « Du calme, Petit ! Du calme ! » me chuchota à l’oreille Bertrand du Guesclin.
    Il avait rampé pour nous rejoindre.
    À voix basse, il nous informa que nous avions toutefois un gros problème…
    Le plan ne se déroulait pas comme nous l’avions prévu.
     
    Le piège se retournait contre nous.



DEUXIÈME PARTIE PLONGÉE DANS LES TÉNÈBRES
    Bretagne, Périgord, Poitou et Angleterre De l’an de grâce 1354 à 1359

« Bertran, si vous voulez demeurer avec moi,
    Vous me trouverez bon et loyal ami.
    Je vous ferai chevalier, et vous baillerai aussi
    Terre et grande richesse, je vous le promets. »
     
    Déclaration du duc Henry de Lancastre pour tenter de circonvenir Bertrand du Guesclin et le rallier au parti anglo-breton de Jean de Montfort.
    Chapitre 7
    Au château de Montmuran, puis dans la forteresse de Largoët, près de la cité fortifiée de Vannes, des calendes aux ides d’avril, en l’an de grâce MCCCLIIII {10} .
    Pour ma plus grande joie, Arnaud était tombé dans le piège que nous lui avions tendu. Et son immense vanité l’avait conduit à se faire accompagner par Isabeau de Guirande.
     
    Le gascon Castelnau d’Auzan avait eu raison : le sire Gaillard de Castelnaud de Beynac l’avait bien desportée vers la Bretagne, lorsqu’il avait pressenti que son cousin risquait d’assiéger son château. Élie de Salignac, notre évêque, ne s’était pas trompé non plus en m’indiquant où s’était réfugié Arnaud de la Vigerie.
    Or donc, tout se déroulait apparemment à merveille. Apparemment, mais seulement apparemment. Car messire du

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