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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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Guesclin venait d’être averti par l’un de ses hommes que le sire de Calveley s’approchait de Montmuran, sans bruit, à la tête de trois cents gens de pieds, sans chanlatte ni matériel de siège.
    S’il décidait de passer à l’assaut du château avant qu’Arnaud de la Vigerie ne soit saisi, la trentaine d’hommes que nous étions risquait fort d’être prise en tenailles entre les assaillants d’une part, et les sergents et arbalétriers d’Arnaud d’autre part.
    Pire que tout, nous avions prié dame de Dol de maintenir le pont-levis abaissé pour mieux attirer le sire de Calveley dans le traquenard. On n’attire pas les mouches avec du vinaigre. On n’attire pas un félon avec un pont-levis relevé et une herse baissée !
    La faible garnison du château, composée de vingt à trente soldats, même appuyée par la troupe de Bertrand, ne saurait faire face à un aussi grand nombre.
    Le risque était considérable d’être nous-mêmes pris au piège que nous avions improvisé en si peu de temps. D’être passés au fil de l’épée ou capturés et contraints de bailler rançon, pour le château, pour la dame de Dol et de Combourg, et pour tous les grands seigneurs arrivés la veille avec le maréchal d’Audrehem. À un contre six ou huit, la vaillance des uns pourrait-elle compenser le grand nombre des autres ?
    Mes deux écuyers se rendraient-ils maîtres du sire de Largoët à temps ? Bertrand du Guesclin accepterait-il de livrer bataille dans ces conditions ? Je ne connaissais ses exploits que par les louanges des trouvères. Écouterait-il le sang qui bouillonnait en lui, relèverait-il cet incroyable défi ? Ou préfèrerait-il économiser la vie de ses compains, quitte à faillir à la parole donnée à notre hôtesse, complice enthousiaste de notre plan ?
     
    « Z’avons la situation bien en main, me chuchota-t-il. Pourvu que Calveley attende la nuit tombée pour investir le châtelet !
    « Enguerrand, dis aux hommes de se tapir et de ne pas bouger. Pas un mot quand bien même on leur marcherait dessus. Que tous attendent mon signal. Vous connaissez le cri de ralliement.
    « Bon vin, bonne chère et belles rançons nous attendent pour gonfler nos bourses de magnifiques louis ou esterlins ! Elles en ont grand besoin. Fais passer le message. En silence ! »
    Bertrand me sentit inquiet. Il me donna une bourrade et me fixant d’un œil noir duquel jaillissait des espars endiablés :
    « Alors, Petit, t’as fait grande apertise d’armes chez les Teutons ? Tu vas voir ce jour d’hui, comment on travaille le Godon et ses inféodés… Au corps à corps. T’en sens-tu capable ? »
    Je ne lui répondis pas, mais le dardai de mil vergettes.
    « C’est bien, Petit, c’est bien ! As-tu seulement une hache d’armes ? Pour le combat, c’est plus rapide, plus facile à brandir et plus sûr ! Tu fends un crâne avant qu’une épée adverse n’ait pu effleurer ta poitrine.
    « Mais sais-tu seulement t’en servir ? »
    J’opinai du chef. Il glissa deux mots à l’un des compagnons qui se tenait près de nous et me tendit le manche d’une arme dont la lame, bien affûtée, brillait au soleil couchant.
    « Attention, le soleil est un ennemi s’il réfléchit un rayon sur le fer, un ami si nous attaquons soleil dans le dos. Mais ce soir, la nuit tombe. Nous ne pourrons pas jouer de ses espars…
    « Ah ! Chut… N’entends-tu rien ? Ne vois-tu rien ? »
    J’eus beau tendre mes pavillons et redresser la tête, je ne vis rien et n’entendis rien, sauf le bruissement d’ailes d’un corbeau.
    « Ils sont là ! Bouge pas ! Patience ! Patience… Et reste près de moi. Qui a reçu d’un grand-maître teuton la Croix de Fer ne doit point périr dans une petite embuscade ! », gloussa-t-il en jouant du coude.
     
    Soudain, une bannière fut hissée sur le mât, en haut d’une des deux tours du châtelet. Au crépuscule, il était difficile de reconnaître ses meubles et ses champs. Or, nos conventions étaient claires : l’un des oriflammes devrait arborer les armes de Montmuran, l’autre, celle du sire de Largoët.
    Si celui de la dame de Dol n’était pas hissé, ou si celui d’Arnaud était hissé seul, cela signifierait qu’elle ne s’était pas rendue maîtresse de la situation.
    Si les deux pennons étaient hissés, cela voulait dire qu’Arnaud et sa bride étaient désarmés ; la présence du penoncel d’Arnaud devrait alors laisser penser

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