La malediction de la galigai
auprès du parlement de Rouen. Je vous ferai saisir de corps et condamner aux galères pour vos violences !
Louis et le prévôt sortirent à leur tour du carrosse. Pierre Langlois avait fait mettre ses archers en position, lesquels avaient allumé les mèches de leurs mousquets.
â Que faites-vous ici, monsieur Langlois ? l'interpella Mondreville. Vous n'êtes pas dans la vicomté de Vernon !
â Pour l'instant, Mondreville a le droit pour lui, remarqua le prévôt, mal à l'aise. Avez-vous vraiment battu son fils ? demanda-t-il à Fronsac.
â à peine un soufflet ou deux, répondit Louis avec une moue.
Il s'approcha de Gaston.
â Mondreville n'ouvrira pas et nous ne pouvons prendre d'assaut sa maison forte. Allons-nous en. Le temps de la revanche viendra.
â Non ! dit Gaston qui l'écarta.
â Vous avez un cheval à moi ! cria-t-il à Mondreville. Et cent écus que vous m'avez volés !
â Cela servira à payer vos frais de prison !
De l'autre côté du portail, des archers ou des serviteurs de Mondreville s'esclaffèrent à cette plaisanterie.
Louis passa alors devant son ami pour lancer :
â Monsieur Mondreville, je suis Louis Fronsac, marquis de Vivonne. C'est moi qui ai interrogé votre fils. Répondez-moi à votre tour : connaissez-vous Petit-Jacques ?
Il n'y eut pas de réponse.
Fronsac ajouta :
â Nous le retrouverons, ainsi que Balthazar Nardi et ceux qui Åuvraient avec vous. Après quoi, nous reviendrons vous chercher, pour vous conduire à l'échafaud.
Il prit Gaston par l'épaule et l'entraîna au carrosse.
Le coup de mousquet partit à ce moment-là et rata Gaston de peu. Tous se précipitèrent dans la voiture, tandis que Pierre Langlois vidait son pistolet vers la tourelle, imité par quelques-uns de ses mousquetaires.
Comme les balles se perdirent, personne ne répondit de la maison forte. Mondreville ne voulait pas se laisser prendre, mais refusait d'engager une guerre ouverte avec les autorités de Vernon.
Nicolas fit adroitement tourner le carrosse, la troupe remonta en selle et ils s'éloignèrent.
*
â Je ne peux rien entreprendre de plus, s'excusa Langlois en écartant les mains. Attaquer cette maison est impossible ; j'aurais beaucoup de pertes et monsieur Le Normand me désavouerait.
â Vous avez déjà beaucoup agi. Voulez-vous que nous vous ramenions à Vernon ? proposa Louis.
â Non, mon fils a pris mon cheval en longe et je rentrerai avec lui. Qu'allez-vous faire ?
â D'abord me rendre à Tilly rassurer mes serviteurs et examiner l'état de mon manoir, répondit Gaston. Ensuite, nous partirons pour Paris. Mon épouse doit être morte d'inquiétude. La semaine prochaine, nous tenterons de retrouver des proches de Concini qui se souviendraient du vol des tailles.
â Vous me rassurez, je craignais que vous ne vous en preniez malgré tout à Mondreville. Mais avant de vous quitter, dites-moi pourquoi vous avez battu son fils. Il va vous poursuivre, c'est certain, surtout s'il possède des témoins.
â Qu'il poursuive ! cracha Gaston.
â C'est une longue histoire, répondit Louis. J'étais à Tilly où je cherchais Gaston quand j'ai appris qu'un autre homme avait disparu. Un nommé Richebourg.
â Thibault ?
â Oui.
â Je le connais, fit le prévôt. Une tête brûlée, mais une vieille famille de gentilshommes. Ruinée, hélas ! pour lui ! Il aurait disparu depuis quand ?
â Quelques jours, je suppose.
Louis raconta ses découvertes dans le vieux donjon, la mort du domestique, puis ses déplacements à Houdan et à Longnes afin de prévenir la filleule de Bréval, et enfin l'altercation avec le fils Mondreville qui lui avait révélé l'emprisonnement de Gaston.
â Ces disparitions seraient donc liées ? soliloqua Langlois. Je n'ai aucune compétence sur Houdan, mais j'irai quand même voir le prévôt pour savoir ce qu'il a appris. Que comptez-vous faire en ce qui concerne Richebourg ?
â Prévenir la filleule de monsieur Bréval. Nous irons après être passé à Tilly.
â Pensez-vous que Richebourg⦠soit mort ? Que le fils Mondreville l'ait
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