La malediction de la galigai
Petit-Jacques et de Balthazar Nardi. As-tu entendu parler d'eux ?
â Jamais pour Nardi, répondit Gaston, mais bien des brigands se sont appelés Petit-Jacques.
â Quoi qu'il en soit, la façon dont Mondreville t'a traité prouve qu'il est bien celui cité dans le mémoire.
â Je n'ai aucun doute !
â Langlois m'est apparu embarrassé en apprenant que tu savais pour le vol des tailles et que tu pensais ton père tué à cause de ce forfait, ajouta Louis d'un ton égal.
Gaston considéra son ami sans comprendre le message, puis secoua négativement la tête.
â Je ne peux croire une seconde qu'il soit complice. Tu l'as entendu, je suis persuadé que c'est un homme d'honneur ! Sans lui, je serais toujours dans mon cachot.
Louis resta impénétrable.
â Nous l'interrogerons demain, dit-il enfin. Mais tu te doutes que ce mémoire sera insuffisant pour mettre en accusation Mondreville. Nous aurons besoin de faire des recherches sur ce Balthazar Nardi.
â Il y a la justice royale, Louis, et la mémoire de mes parents. Je ne lancerai aucune procédure qui se terminerait par un acquittement de Mondreville, répliqua sombrement Gaston. Sois assuré qu'à compter de ce jour, je consacrerai mon temps et mes moyens à châtier les assassins de mes parents.
â Il se trouve un autre fait troublant que tu dois connaître, bien qu'il paraisse sans rapport avec la mort des tiens. Quand je suis arrivé à Tilly, tes serviteurs m'ont dit que tu avais disparu. Pour commencer mon enquête, j'ai interrogé le curé et il m'a rapporté que tu lui avais posé des questions sur le prévôt Mondreville. Un peu plus tard, il a évoqué une autre disparition : celle d'un jeune homme nommé Thibault de Richebourg. Le curé de Longnes l'avait prévenu.
â Je n'ai jamais entendu parler de ce Richebourg⦠mais peut-être pourrais-tu me raconter la suite à table. J'ai faim et je voudrais faire venir un barbier pour me couper cette barbe et ôter ces poux !
â Laisse-moi encore un instant, la suite va t'intéresser. Deux disparitions en même temps avaient de quoi surprendre, mais quand le curé m'a dit que ce jeune gentilhomme était le rival du fils de Mondreville, qu'ils courtisaient tous deux la même jeune fille, j'ai décidé d'aller chez Richebourg. C'était hier. Là -bas, dans un vieux donjon, j'ai trouvé le cadavre d'un vieillard, du sang et l'épée de Richebourg, que j'ai gardée.
â As-tu prévenu le prévôt de Houdan ?
â Oui. Ensuite, Nicolas m'a conduit à Longnes. C'est une jeune fille de ce village, Anaïs Moulin Lecomte, qui avait demandé l'aide du curé. Elle vit chez son parrain, un nommé Bréval. Au Saut du Coq , je me suis donc enquis de ce Bréval. Or, il était attablé avec des traîne-rapière, dont un blessé. Je lui ai expliqué poliment que je souhaitais rencontrer Anaïs Moulin Lecomte afin de l'entretenir au sujet de Richebourg, que j'étais allé chez ce gentilhomme et y avais découvert un vieil homme assassiné. Alors, l'un des attablés s'en est pris à nous, nous trouvant trop curieux. C'était le fils Mondreville.
Maintenant, Tilly était tout ouïe.
â Ce jeune Mondreville a eu le tort de s'en prendre à Bauer qui l'a souffleté. Humilié, le garçon est devenu fou de rage. Il a crié être le fils du prévôt et nous a menacés du cachot. Comme je me moquais de ses bravades, il s'est encore plus emporté et m'a jeté à la face la toute-puissance de son père, seigneur de haute justice. Il avait même arrêté un procureur qui l'avait menacé, lâcha-t-il ! J'ai deviné que c'était toi et Bauer l'a fait parler après quelques gifles !
â C'est ainsi que tu as su où j'étais ?
â Oui, sourit Fronsac. Comme tu le vois, la disparition de Richebourg n'est en rien étrangère à ton affaire.
â Mondreville a certainement d'autres crimes à son actif, résuma Gaston pensivement. Nous ne sommes pas au bout de nos découvertes.
1Â Ãchafaudage avec un escalier.
2Â La rue Carnot.
24
Le jeudi 12 août 1649
â P etit-Jacques ? Bien sûr que je l'ai connu, mais je ne l'ai jamais vu ! répondit le
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