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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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certain Balthazar Nardi ?
    Le secrétaire pâlit légèrement et ne répondit pas d'emblée. Mais comme chacun gardait son regard fixé sur lui, il demanda, se frottant les mains nerveusement :
    â€” Croyez-vous qu'il puisse être l'un des assassins ?
    â€” Nous l'ignorons… Mais vous semblez le connaître…
    â€” Mon père m'en a souvent parlé, laissa tomber le secrétaire après avoir marqué une nouvelle hésitation.
    â€” Est-il encore vivant ?
    â€” Je ne sais. Mon père faisait partie des plus fidèles serviteurs du maréchal. Après l'assassinat, tous deux sont restés en relation pendant quelques années. Nardi a été arrêté à sa maison de la Croix-du-Trahoir, puis libéré, et s'est réfugié en Hollande. Il est devenu marchand de tableaux. Mon père et lui s'écrivaient parfois, mais je n'ai plus de nouvelles depuis des années.
    Gaston et Louis échangèrent un regard. Le nom ne les menait donc nulle part et leurs visages affichaient cette déception.
    â€” Vous ne savez rien d'autre ?
    â€” Je crois que Nardi était avocat et archiprêtre. Très proche de Concini, il traitait ses affaires confidentielles, surtout dans le domaine diplomatique…
    Il laissa sa phrase en suspens, ce qui intrigua Fronsac.
    â€” Connaissez-vous autre chose ?
    â€” Oui, mais en mémoire de mon père, je ne voudrais pas causer de torts à Nardi, son ami.
    â€” Si Nardi était un vrai gentilhomme, que risquerait-il ? riposta Bussy.
    â€” Vous avez raison, monsieur. En vérité, je connais un prêtre, lui aussi italien et aussi proche de Concini que Nardi ou mon père…
    â€” Désirez-vous un engagement qu'il ne subira aucun préjudice de notre part ? proposa Louis. Nous pouvons vous le promettre, quoi qu'il ait fait. Sachez que ses réponses nous apporteraient sans doute beaucoup.
    â€” Je peux m'associer à cet engagement, intervint Bussy, car je ne connais personne d'aussi honorable et respectueux de leur parole que messieurs Tilly et Fronsac.
    â€” J'ai toute confiance en vous, balbutia Corbinelli. Cet homme, ce prêtre, se nomme Bernardo Gramucci.
    Il considéra Gaston, puis Louis pour savoir si ce nom leur disait quelque chose.
    â€” C'était l'un des secrétaires du maréchal d'Ancre. Plus exactement, il s'occupait des affaires et des biens de madame la maréchale. Mais monsieur Concini avait une totale confiance en lui, tout comme en mon père.
    â€” Pourrions-nous le rencontrer ?
    â€” Oui, il vit à Paris. Mais je vous le dis tout franc, il est impossible qu'il soit l'assassin de votre père, monsieur de Tilly, ou même qu'il puisse y être mêlé. Monsieur Gramucci est un homme respectable. Certes, il a tué, mais toujours dans d'honorables duels.
    â€” Vous dites qu'il se trouve à Paris, mais comment se fait-il que je n'en aie jamais entendu parler ? s'enquit Gaston.
    â€” C'est le prieur du couvent des Cordeliers.
    â€” Depuis quand ? s'étonna Fronsac.
    â€” Je l'ignore. Je suis souvent allé le voir avec mon père. Il nous a plusieurs fois raconté comment il avait trouvé la foi. Soit au lendemain de l'assassinat du maréchal, sur le pont du Louvre. La populace avait sorti le cadavre de son maître et le traînait dans les rues, lui infligeant toutes sortes d'infâmes violences. Les gens applaudissaient à ces profanations. Finalement, quelques valets, plus indignes encore que les autres, ont découpé le corps du maréchal, puis l'ont fait cuire et mangé comme des bêtes fauves. À la vue de ce sacrilège, Bernardo Gramucci s'est évanoui. Quand il a repris connaissance, il avait décidé de consacrer sa vie à Dieu pour racheter les atrocités auxquelles il avait assisté.
    Tous l'avaient écouté avec émotion. Armande s'était même signée plusieurs fois durant l'effroyable récit.
    â€” Pourriez-vous nous accompagner aux Cordeliers et nous présenter, monsieur Corbinelli ?
    â€” Si vous le souhaitez, acquiesça le secrétaire, après avoir sollicité d'un regard l'autorisation du comte. Mais ce n'est pas tout ce que je sais. Les franciscains des Cordeliers sont prédicateurs de la pénitence , vous le savez. Encore novice, c'est monsieur

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