La malediction de la galigai
histoire.
3 Mémoires du cardinal de Retz.
4 La cour du Palais de Justice. On y affichait les annonces des criminels recherchés, avec parfois leur portrait.
5 Voir Le Mystère de la Chambre bleue , du même auteur.
6 Voir La Conjuration des Importants , du même auteur.
7 Voir L'Homme aux rubans noirs , du même auteur.
8 Ce La Potence n'était autre que Louis Fronsac !
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L e lundi 13 septembre, précédé de vingt chevau-légers en casaque à parements rouges conduits par le comte de Bussy, et suivi d'une imposante troupe de gentilshommes et de laquais en livrée galonnée d'argent, le carrosse du prince de Condé entra avec grand fracas dans la cour intérieure de l'ancien palais de Marie de Médicis 1 devenu le palais d'Orléans.
Sitôt arrêté près du perron, les laquais se précipitèrent pour placer l'escabeau de la voiture et ouvrir la portière. Son Altesse en descendit, le visage sombre et hargneux.
On lui avait rapporté que les fiançailles entre MercÅur et la nièce du cardinal se feraient dimanche matin et que, le soir-même, Mazarin donnerait un souper magnifique à toute la Cour. On l'avait aussi prévenu que s'il se rendait au Palais-Royal, il pourrait être arrêté pour avoir trop défié Son Ãminence.
Voici pourquoi Condé se rendait au palais d'Orléans avec une si forte troupe ; voilà pourquoi la colère le submergeait. Il voulait savoir si Gaston d'Orléans allait, enfin, choisir son camp et se ranger à ses côtés contre le Sicilien.
Suivi de M. de Bouteville, qui commandait sa troupe de gentilshommes, le Prince entra dans le vestibule, déjà plein de monde. C'est alors qu'il aperçut l'abbé de La Rivière en compagnie du duc de Beaufort.
Louis Barbier de La Rivière, issu d'une famille pauvre, avait tôt été ordonné prêtre. Bon pédagogue et esprit fin, devenu régent 2 au collège du Plessis, puis aumônier de Gaston d'Orléans, son habileté et ses conseils pertinents en avaient fait le principal confident du duc, supplantant le comte de Montrésor, qui, par dépit, avait rejoint Paul de Gondi.
Ambitieux et rapace, l'abbé monnayait sa position. Il avait poussé Particelli d'Ãmery pour qu'il devînt surintendant des Finances et prêtait une oreille complaisante au cardinal Mazarin. Mais depuis qu'on lui avait fait miroiter le chapeau de cardinal, destiné jusque-là au jeune prince de Conti, il s'était rapproché du prince de Condé.
Monsieur le Prince n'éprouvait aucune envie de saluer le duc de Beaufort. L'inimitié entre sa famille et celle des Vendôme, ancienne et profonde, remontait à l'époque où les bâtards royaux, fils de Gabrielle d'Estrées, avaient eu des prétentions au trône et voulaient se voir reconnus princes du sang. La querelle des Importants, à la mort de Louis XIII, puis la guerre civile où Condé était dans le parti du roi contre Beaufort soutenant la populace frondeuse parisienne, avait exacerbé cette mésentente. Mazarin n'avait rien fait pour les réconcilier. Au contraire.
*
Ayant vu le Prince, l'abbé de La Rivière se précipita.
â Monseigneur, s'exclama-t-il en s'inclinant, monsieur le duc de Beaufort me parlait justement de vous et souhaitait vous présenter ses hommages.
â Ah ! fit Condé avec une indifférence méprisante.
â Monsieur le duc me parlait de ses difficultés avec monsieur son père, poursuivit l'abbé, faisant semblant d'ignorer l'insolence du Prince. Monsieur de Beaufort refuse de signer le contrat de mariage, comme il désapprouve l'envoi de troupes royales à Bordeaux afin de soutenir cette canaille d'Ãpernon.
â Ah ! refit Condé, changeant de ton et agrémentant son interjection d'un maigre sourire.
Il y eut un silence de quelques instants avant que le Prince n'ajoute :
â Pour une fois, nous voici dans le même parti, François.
â En effet, monseigneur, et je serai fier d'être sous les ordres d'un si brillant capitaine.
Louis de Condé parut satisfait de la louange. Il sourit plus franchement, dévoilant sa denture tordue.
â Pourquoi pas ! Pour l'instant, je dois rencontrer Monsieur, mais nous en reparlerons.
â Je suis votre très humble serviteur,
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