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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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clavette derrière l'un des pieds, et les casiers s'ouvrirent, dévoilant une centaine d'écus d'or et d'argent.
    Il les prit, les mit dans le sac, saisit les armes, attrapa un manteau qu'il jeta sur ses épaules, sortit, dévala les marches et courut à l'écurie. Le domestique avait terminé de seller une jument. Sans prononcer une parole, Petit-Jacques attacha le sac à la selle, enfourcha le cheval et vida les lieux.
    *
    Il arriva aux environs de Paris le samedi soir, à la nuit tombée, après avoir fait peu de haltes, et juste quelques-unes pour soigner sa monture. Avisant une auberge du faubourg Saint-Germain, l'Hostellerie de l'Arbalète , il y prit une chambre et s'endormit comme une souche.
    C'est le dimanche matin, devant une copieuse et épaisse soupe, qu'il commença à réfléchir. Il avait tout perdu. À cinquante ans, il se retrouvait tel qu'à vingt. Et encore, pas tout à fait : il n'avait plus d'amis, de compagnons d'armes et n'était plus le bandit redouté d'autrefois. Mais il était vivant et disposait de quelque cinq cents livres. De quoi vivre deux ans, au moins.
    Petit-Jacques, pas vindicatif, n'en voulait pas à Gaston de Tilly et à Louis Fronsac. Pourtant, après avoir réfléchi toute la journée du samedi, il avait décidé de les assassiner. Il les tuerait, non par vengeance, mais parce que s'il ne le faisait pas, eux le trouveraient. Il devait donc s'atteler à cette tâche avant tout. Ensuite, il aurait le temps de faire son trou à la cour des Miracles. L' Échafaud mort ou prisonnier, la place de Grand Coesre était libre et il se sentait de taille à la prendre.
    Un peu plus tard, il rassembla ses affaires et entra dans la ville. Il trouva une chambre chez une veuve, rue de la Bûcherie, dans une maison, au fond d'une cour sombre, étroite et toute en hauteur, soutenue par des piliers de guingois. Ses étages, ceinturés de grosses poutres à la peinture écaillée, débordaient les uns au-dessus des autres. La veuve, qui habitait en bas, devant un tas de fumier sur lequel picoraient des poules, lui demanda dix livres par semaine, qu'il marchanda à sept et paya d'avance. Elle le conduisit ensuite à sa chambre par un escalier en colimaçon dans une tourelle et lui remit sa clef.
    Il s'installa, sachant que ce ne serait qu'un logis provisoire, avant de conduire son cheval à une écurie proche. Ensuite, il explora le quartier et se rendit aux alentours du Palais de Justice. Prévôt Mondreville, il venait parfois à Paris mais il connaissait mal la ville. Il avait tant à découvrir !
    Le lendemain, ayant gardé sur lui les écus saisis chez Bréval, il se rendit dans l'échoppe d'un barbier. Il s'y fit raser la barbe et la moustache et couper les cheveux très court. Le barbier lui indiqua un perruquier chez qui il acheta une perruque de cheveux noirs. Il se procura encore quelques produits chez un apothicaire, un chapeau droit et noir comme en portaient les honnêtes marchands, puis revint à son logis.
    Ayant monté un seau d'eau, il se teignit la peau avec les philtres achetés à l'apothicaire et se dessina quelques fausses rides, assombrissant par la même occasion ses cernes. Ayant repris son cheval, il se rendit au Palais avec des habits propres.
    Après avoir laissé sa monture dans la cour de Mai, il acheta un pâté chaud à l'une des baraques dressées devant l'édifice. En mangeant, il s'approcha du mur de la Conciergerie sur lequel étaient accrochés des écriteaux avec les noms et les portraits des criminels recherchés. Il y reconnut l' Échafaud , avec sa blessure à la joue et son œil en moins, son nom suivi d'une longue liste de crimes.
    Une fois terminé son frugal repas, il gravit le grand escalier et entra dans la galerie mercière. La foule s'y pressait dans un vacarme infernal. Il y avait beaucoup de magistrats en robe noire et bonnet à quatre cornes, mais aussi des plaideurs, des promeneurs et des gens d'armes en uniforme : archers, sergents à verge, gardes ou gens du guet. Contre les murs se dressaient des boutiques de passementerie dont les jeunes et jolies marchandes débitaient les colifichets de la mode, rubans, aiguillettes, bonnets, guimpes et lingerie. Elles babillaient à voix forte et interpellaient badauds et clientes qui passaient devant elles.
    Plus loin,

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