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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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près des boutiques des libraires, Petit-Jacques découvrit des gens parlant bruyamment. Intrigué, il s'approcha. Le sujet de leur conversation était la faillite des fermiers des gabelles et le non-paiement des rentes de l'Hôtel de Ville. Bien que non concerné, il écouta ce qui se colportait. Ayant entendu les reproches de plusieurs bourgeois particulièrement virulents, il comprit que l'État avait émis des emprunts dont il ne pouvait payer les rentes. Autrement dit, l'État avait volé ceux qui lui avaient fait confiance. Mais l'indignation tenait surtout au fait que le Parlement ne voulait pas se saisir de l'affaire, afin de ne pas faire de tort à la Cour. Ainsi, pensa le brigand avec une ironie teintée de dépit, quand un truand vole un marchand le long du grand chemin, toute la maréchaussée est à ses trousses, mais quand l'État blouse les bourgeois, la justice refuse d'agir. Que n'était-il devenu traitant !
    Il s'éloigna finalement vers la Grand-Salle. Observant discrètement magistrats, greffiers, plaideurs et gens d'armes, il avisa enfin un sergent à verge du Châtelet à l'air particulièrement niais.
    â€” Que Dieu vous garde, l'ami ! dit-il en lui glissant un liard, je viens de Normandie pour un procès mais je ne connais pas d'avocat.
    L'autre lui indiqua les piliers de la salle.
    â€” Ils attendent leurs clients là-bas, devant les colonnes.
    Petit-Jacques le remercia et se rendit à l'un des piliers devant lequel se tenaient deux hommes en noir.
    â€” Messieurs, les salua-t-il, son chapeau à la main, je cherche un avocat.
    â€” Vous l'avez trouvé, répondit l'un dans un mélange de dédain et de curiosité.
    â€” J'arrive à l'instant de Rouen pour un appel et j'ai mes sacs de pièces à mon auberge. Serez-vous là après dîner ?
    â€” J'y serai, mais si vous revenez avant, nous pourrions en parler à la Pomme de Pin , c'est tout près, et vous m'expliquerez votre affaire autour d'une table.
    â€” D'accord ! J'ai cependant encore une visite à faire. Connaissez-vous un procureur à l'Hôtel du roi du nom de Gaston de Tilly ?
    â€” Je le connais, répondit le voisin de l'avocat.
    â€” Je dois lui porter une lettre mais je n'ai pas son adresse, croyez-vous qu'on la connaisse au greffe ?
    â€” Il loge rue de la Verrerie. À côté du marchand de porcelaine Trincard.
    â€” J'y vais sur-le-champ et je vous retrouve ici tout à l'heure, promit Petit-Jacques.
    Il partit.
    *
    Rue de la Verrerie, il laissa son cheval aux écuries de La Trinité puis se dirigea vers la maison mitoyenne de Trincard pour trouver un moyen d'y pénétrer. Le portail de la cour était fermé, aussi chercha-t-il un endroit où se mettre en sentinelle sans se faire remarquer. Devrait-il encore louer une chambre ? se demandait-il, lorsqu'il aperçut une immense silhouette bien connue.
    Midi, dans la rue encombrée de voitures, de chevaux et de colporteurs, un géant, sur un cheval gigantesque, faisait écarter les voitures. Il précédait un carrosse. Petit-Jacques le reconnut à son chapeau à pennache multicolore. Il portait le même le jour où Fronsac et le prévôt de Vernon étaient venus l'interpeller. Le carrosse s'arrêta devant Trincard et un rouquin en descendit. C'était bien Gaston de Tilly, observa Petit-Jacques, dissimulé dans une ruelle entre deux maisons. Il était donc déjà revenu de Mondreville !
    Le brigand aurait donné cher pour savoir ce qui s'était passé. Bréval dormait-il en prison ? Était-il mort ? Il chassa ces questions en observant Tilly qui, par la portière de la voiture, parlait à une autre personne. Ce carrosse devait être celui de Fronsac. En le suivant, il découvrirait sa maison.
    Déjà la voiture était repartie avec le géant ouvrant la voie.
    *
    Louis Fronsac et Gaston de Tilly revenaient en effet de leur visite chez le chancelier Séguier à qui ils avaient raconté les événements de la nuit du vendredi. Par la portière, Louis avait annoncé qu'il rentrait à Mercy.
    Heureusement pour Petit-Jacques, les encombrements étaient tels qu'il ne perdit pas la voiture des yeux. Elle tourna à gauche à la rue des Billettes, traversa la rue de la Bretonnerie, suivit la rue de l'Homme-Armé

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