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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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et vira finalement dans celle des Blancs-Manteaux.
    Là, le carrosse pénétra dans un cul-de-sac, à quelques pas de la Grande Nonnain qui Ferre l'Oie . Petit-Jacques resta à quelques distances, puis s'approcha sans inquiétude puisque Fronsac ne l'avait jamais vu. Il découvrit le carrosse dans l'impasse et un domestique en train de le nettoyer.
    â€” Belle voiture, fit-il en s'approchant avec l'air admiratif des hommes devant les véhicules qu'ils ne peuvent s'offrir.
    â€” C'est celle de monsieur le marquis.
    â€” Le marquis ?
    â€” Monsieur Fronsac, marquis de Vivonne, monsieur.
    â€” C'est sa maison ?
    â€” Oui, et je suis son majordome, répondit fièrement Germain Gaultier.
    â€” Heureux homme d'avoir un serviteur comme vous ! le complimenta Petit-Jacques en ôtant son chapeau.
    Il s'éloigna, satisfait.
    Désormais, il savait où ses futures victimes habitaient. Il suffisait désormais de les guetter. Un coup de poignard quand ils sortiraient à pied, et c'en serait fini. Quant à entrer chez eux, c'était difficile, sauf à recruter une bande de truands car il faudrait tuer tout le monde. Pourtant, peut-être devrait-il s'y résoudre un jour s'ils ne circulaient qu'en carrosse.
    Il revint jusqu'à la rue de la Verrerie.
    En chemin, il passa devant la boutique d'un tailleur, ce qui lui donna une idée.
    â€” J'ai besoin d'un pourpoint et d'un manteau, dit-il en s'adressant à l'homme qui cousait devant l'ouvroir. Pouvez-vous me le couper et le coudre tout de suite ?
    â€” Je peux le couper, mais le coudre sera plus long. Vous ne les aurez que demain matin. J'ai ici du taffetas et du velours, voulez-vous voir ce qui vous convient ? Sinon mon ouvrier ira chercher le tissu qu'il vous faut chez un ami drapier.
    â€” D'accord, décida Petit-Jacques.
    Il entra et fit prendre ses mesures, expliquant ce qu'il voulait. Tant le pourpoint que le manteau devaient être de deux couleurs et parfaitement réversibles. La partie la plus élégante serait en velours cramoisi et l'autre en toile noire plus grossière, du boucassin ou du camelot. Donc, il n'y aurait pas de doublure, mais deux faces aux vêtements. Il voulait pouvoir les retourner facilement et les porter tant d'un côté que de l'autre, ce qui masquerait la saleté, expliqua-t-il.
    Le tailleur lui proposa un velours rouge foncé à quarante sous de l'aune que Petit-Jacques accepta. Pour la toile noire, ce fut plus facile. Le tailleur insista pour placer des galons aux manches, des rubans aux épaules (entre trois et six sous de l'aune) mais Petit-Jacques refusa les pointes en dentelle. Quant au manteau, il suggéra un cordon en sergé noir et des aiguillettes de Padoue. Finalement, l'ensemble lui coûterait quatre-vingt-dix livres.
    C'était cher, mais Petit-Jacques savait de tels vêtements réversibles fort commodes pour suivre quelqu'un sans se faire repérer, dépister les exempts ou tromper ceux qu'on voulait détrousser. Avec de tels habits, il passerait successivement du gentilhomme au bourgeois, voire au manant, car comme chacun sait, l'habit fait la condition. Il accepta.
    La prise des mesures dura près d'une heure, car les pièces étaient coupées au fur et à mesure. Quand tout fut terminé, le tailleur lui promit d'y travailler avec ses compagnons la soirée. Petit-Jacques aurait ses vêtements à l'ouverture de la boutique.
    Le lendemain, il passa chercher ses habits réversibles et revint dans la matinée rue des Blancs-Manteaux. Le plus simple, avait-il jugé, était de loger à la Grande Nonnain , auberge dotée de fenêtres d'où il verrait le cul-de-sac de la maison de ce Fronsac.
    Mais les chambres étaient chères, ce qui écorna à nouveau son pécule. Il s'y installa pourtant, afin de surveiller la sortie du carrosse ou du marquis. Petit-Jacques, qui tenait prête une fine dague achetée à un coutelier, pouvait planter son arme dans les reins de sa proie et s'éloigner rapidement sans que sa victime ait même pris conscience qu'elle venait d'être poignardée.
    Mais comme durant deux jours il ne se passa rien, il décida d'aller interroger le domestique ayant nettoyé le carrosse. Il l'attendit dans la rue et, le voyant sortir pour quelque commission, l'aborda, comme par hasard.
    â€” Monsieur le majordome !

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