Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
était plutôt jolie avec sa coiffure à bouffons et une friponne 2 assortie à ses chaussures, laissant apparaître la fidèle 3 de la même couleur que ses rubans. S'agissait-il de son épouse ? Si tel était le cas, elle serait bientôt veuve.
    Malgré l'heure avancée, la foule ne manquait pas dans la galerie mercière. D'un coup d'œil, il évalua les distances pour fuir et les risques à courir. Il s'approcherait et assénerait son coup de poignard avant de poursuivre son chemin comme si de rien n'était. Quand retentiraient cris et hurlements, il faudrait qu'il soit près de la sortie.
    Petit-Jacques contourna le couple afin d'arriver du bon côté et adopta le pas lent d'un promeneur. À moins d'une toise de sa victime, il sortit la dague de son fourreau, la dissimulant sous son manteau. Deux personnes lui cachaient les Tilly et il attendit qu'elles s'écartent.
    â€” Nous prenons vingt aunes de ce ruban incarnat, dix de ce cordon de soie, trois aunes de ces dentelles au point de Raguse et une de ces dentelles noires d'Angleterre, expliquait Gaston à la vendeuse. Avez-vous choisi parmi les autres galants qu'il vous faut, ma mie ?
    Ce seraient ses dernières paroles, ricana intérieurement le furtif en extrayant la lame du manteau.
    â€” Au voleur ! Attrapez-le ! entendit-on soudain.
    Immédiatement, il rengaina la dague et se tourna en direction du bruit. Une dizaine de gardes couraient derrière quelqu'un. Un gentilhomme se jeta en travers du chemin du fuyard et le fit tomber, puis le cingla de son épée. Le voleur hurla, mais déjà les gardes le rouaient de coups de bâton. Toute une foule accourut se repaître du spectacle.
    â€” Il faut le pendre ! criaient les plus virulents.
    â€” Oui ! Pendons-le ! insistaient plusieurs voix.
    â€” À la hart !
    Les femmes battaient des mains en babillant, toutes joyeuses du futur spectacle. Un homme exécuté devant elles ! Elles le verraient gigoter en s'étranglant, avoir les derniers spasmes de la vie ! Quel plaisir !
    Ã‰vitant de se faire voir de Tilly, Petit-Jacques se retira discrètement vers les escaliers. Il aperçut de loin le procureur s'avancer vers les gardes et intervenir, sans doute pour faire emprisonner le pauvre voleur. Petit-Jacques lui en fut reconnaissant, puis se dit que l'expérience lui servirait de leçon. Il devrait tuer Tilly uniquement dans la rue, sinon il serait pris.
    Sa filature reprendrait le lendemain. Après tout, n'avait-il pas tout son temps ?
    *
    Il crut bénéficier d'une autre occasion le dimanche. Mais comme il s'apprêtait à agir sur le parvis de Saint-Jean-en-Grève, à la sortie de la messe, on le bouscula alors qu'éclatait une altercation entre des partisans de Condé et de Mazarin, querelles de plus en plus fréquentes depuis la capitulation du cardinal. Celui-ci ayant annoncé qu'il obéirait désormais en tout au Prince, assurés de l'impunité, les séides de Condé s'en prenaient désormais avec arrogance aux tenants du ministre vaincu.
    Tilly intervint pour ramener l'ordre avant de rentrer avec ses serviteurs. Petit-Jacques ne put l'approcher une seconde fois.
    La semaine suivante, le procureur se rendit encore au Châtelet et Petit-Jacques retrouva Bertrand L'Écorcheur. Avant de lui proposer de surveiller de nouveau le carrosse à la fleur de lys, il l'interrogea.
    â€” Où vis-tu ?
    â€” Sous une maison à piliers, dans la vallée de la Misère.
    â€” Je peux te garder chez moi et te nourrir de deux soupes chaudes par jour, mais tu obéiras sans discuter. Tu recevras dix livres par mois.
    â€” Je suis votre homme, monsieur, acquiesça l'autre en pliant un genou, plein de reconnaissance.
    â€” Va surveiller le carrosse. Ce soir, tu viendras avec moi.
    La journée s'écoula comme les précédentes et Tilly rentra tard sans que Petit-Jacques eût l'opportunité d'agir. Il conduisit le boucher chez lui et le laissa dormir par terre. Il avait au moins gagné un valet et un garde du corps avec cette brute à laquelle il expliqua être un ancien prévôt nanti d'ennemis redoutables, dont l'un était magistrat. Il le suivait pour s'en débarrasser.
    â€” Je peux le tuer, monsieur le prévôt, si vous voulez, suggéra naïvement le boucher.
    *
    Le jour

Weitere Kostenlose Bücher