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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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rouait de coups pour lui passer l'envie de recommencer.
    Lorsque le contrôleur des gabelles se releva, les fraudeurs étaient loin. Le gabelou posa la main sur son épée et lança à l'étameur qui les avait fait tomber :
    â€” Par l'épée de saint Pierre, tu vas payer cher d'avoir aidé ces faux sauniers, maroufle !
    â€” C'est vous qui m'avez heurté ! protesta l'étameur en se dressant de toute sa hauteur. Tout le monde peut en témoigner !
    L'homme, grand et vigoureux, arborait des mains larges comme des battoirs. Ses voisins serraient déjà haches et couteaux, pris dans leur marchandise. Le gabelou balaya la salle des yeux, à la recherche d'une aide, mais tous les regards se montraient hostiles. Il devina que s'il insistait, c'est lui qui prendrait des coups. Comme partout, on détestait les gens des impôts.
    â€” Je m'en souviendrai ! menaça-t-il rageusement, avant d'avancer vers l'aubergiste avec une méchante expression dans le regard.
    â€” Père Dufroc, vous achetiez du sel à ces fraudeurs ?
    â€” Moi ? Jamais, monsieur ! J'ignore d'ailleurs qui ils sont. Ils me commandaient à dîner !
    â€” Je vais fouiller votre auberge pour trouver ce sel !
    â€” L'aubergiste a raison, intervint l'un des deux joueurs de cartes. J'ai entendu ce qu'ils disaient. À aucun moment ils n'ont parlé de sel.
    â€” Oh, monsieur Bréval ? Excusez-moi, je ne vous avais pas vu. Je vous salue, monsieur, ainsi que monsieur Mondreville, bredouilla alors le contrôleur dans un accès de servilité.
    Embarrassé, il s'inclina un instant, puis se retourna vers les archers et le commis et leur fit signe qu'ils partaient. Ils se retirèrent sous les plaisanteries d'une assistance en train de s'épanouir la rate.
    Canto, Pichon et Sociendo considérèrent leurs voisins avec attention. De braves gens pour être venus en aide à l'aubergiste ! Le nommé Bréval avait la cinquantaine. Plus petit que la moyenne des gens de son âge, c'était un modeste petit-bourgeois, corpulent, serré dans un pourpoint de drap sombre, moustache et courte barbe en pointe piquée de gris avec des cheveux taillés court sous un toquet. Le second était un jeune homme portant un habit de soie violet taché à plusieurs endroits. Son épée étant posée sur la table, il devait être noble. Le contrôleur des gabelles l'avait appelé Mondreville et lui avait marqué du respect. S'agissait-il du fils du prévôt ?
    *
    Après s'être confondu en remerciements, l'aubergiste partit chercher « son meilleur vin », signe que celui servi habituellement était médiocre. Tandis qu'il s'éloignait, Pichon lui cria qu'ils voulaient manger. Bréval et Mondreville se remirent à jouer.
    Canto observa que le jeune homme avait le nez cassé et une lèvre fendue. De gros poux couraient sur sa chevelure châtaine, sale et mal coiffée. Ses doigts et ses ongles s'affichaient noirs de crasse. Tout en jouant, il se curait le nez et les oreilles.
    â€” Dix-huitième ! déclara-t-il en étalant huit cartes sur ses douze qui se suivaient.
    â€” Brelan de valets, pour moi. Décidément, tu m'as encore battu, Charles !
    â€” Je suis trop fort à ce jeu ! déclara le jeune homme avec fatuité, ramassant les pièces sur la table.
    Une fille apporta trois écuelles de bois contenant une épaisse tranche de pain détrempée de soupe aux navets sur laquelle reposaient des côtes de brebis. Elle les plaça devant Canto, Pichon et Sociendo.
    â€” Amenez-nous aussi un gros pain blanc ! lui lança le second.
    Le notaire et ses clients partaient quand un jeune gentilhomme entra dans la salle. Haut de taille, musculeux, le regard assuré de celui qui n'obéit qu'à ses propres lois, il était pauvrement vêtu d'un pourpoint de serge grise à taille haute et manches découpées, comme on les portait une dizaine d'années plus tôt. Ses hauts-de-chausses étroits, qui s'arrêtaient aux genoux, étaient recouverts de hautes bottes à revers. Il tenait un manteau en drap de Hollande roulé sur l'épaule.
    Pichon et Canto remarquèrent surtout la lourde brette de duelliste qui pendait à un vieux baudrier de buffle, ainsi que la miséricorde de l'autre côté. Cet

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