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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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balançant la tête.
    Gaspard Maurecourt était métayer près de Saint-Quentin quand une bande de soldats, en rupture de ban, avait brûlé sa ferme. Ruiné, il avait quitté la Picardie pour trouver du travail à Paris et échoué à l'abbaye de Royaumont où le prieur avait proposé au seigneur de Mercy de l'embaucher comme journalier. Très vite, Louis Fronsac s'était rendu compte qu'il avait affaire à un paysan hors du commun et lui avait confié la ferme de la seigneurie.
    â€” Sauf votre respect, ce n'est pas certain, monsieur, dit-il. L'orage est sur l'océan. Il gagnera la Normandie demain, mais le vent ne l'amènera pas jusqu'à nous.
    â€” Prions le ciel afin que tu aies raison, Gaspard. Et pour le froment ?
    â€” Il est en avance, cette année. Pourtant, d'habitude, le seigle est mûr huit à quinze jours avant le froment. C'est d'ailleurs ce qui m'inquiète. On pourrait bien être contraint de moissonner le seigle et le froment en même temps.
    â€” Nous ne serons jamais assez nombreux !
    â€” Ce sera difficile, c'est vrai. J'essayerai de faire venir des journaliers. Femmes et enfants lieront les gerbes et les monteront en gerbiers. On manquera surtout de charrettes afin de rentrer les foins.
    Comme toujours, cette période était la plus angoissante pour Louis. Tout le travail de l'année se jouait pendant le mois des moissons. Les transformations apportées par Maurecourt avaient augmenté les rendements de près de la moitié, mais même le fermier le plus habile ne pouvait rien contre les éléments.
    Les charrettes et les outils étaient prêts. Michel Hardoin, le contremaître du domaine, avait travaillé d'arrache-pied. L'aire en bois destinée à battre les gerbes était nettoyée, la grange, vidée, prête à recevoir les foins. Depuis une semaine, les hommes de Mercy se relayaient pour surveiller les champs la nuit. C'est que la disette était grande et les maraudeurs affamés nombreux à vouloir voler le grain sur pied, parfois pour le manger sur les épis. La justice seigneuriale se montrait alors sans pitié. Pris, les voleurs étaient exposés au pilori de Luzarches ou flagellés.
    Louis songea que si le Seigneur lui accordait un mois de beau temps, sa récolte serait sauvée. Mais comment Dieu choisissait-il ceux qui auraient droit à une bonne récolte, lui qui ne faisait même pas savoir aux hommes s'il leur avait octroyé sa grâce ?
    Le tonnerre gronda à nouveau dans le lointain. Prenant ce fracas comme un avertissement divin, Louis chassa ces pensées blasphématoires. Malgré cela, le roulement se poursuivit. Maurecourt fronça alors les sourcils. Se serait-il trompé ?
    â€” Ce n'est pas le tonnerre ! s'exclama soudain Louis qui avait l'oreille fine. C'est une voiture dont les chevaux arrivent au galop !
    Effectivement, au bout d'une minute ou deux, ils virent débouler un petit carrosse que Louis ne connaissait pas. Avant le tournant, il reconnut les armes peintes sur la portière et François, le domestique de Gaston, à côté du cocher. Quelle heureuse visite ! se dit-il, tout joyeux à l'idée de revoir son vieil ami.
    La voiture ralentit avant de s'arrêter près d'eux. La tête d'Armande apparut à la fenêtre.
    â€” Armande ! Gaston ! Quel bonheur de vous voir ! Et quelle belle voiture à vos armes !
    C'est alors qu'il remarqua les traits tirés de la jeune femme et les larmes qui perlaient dans ses yeux. Son cœur se serra. Il comprit qu'un malheur était arrivé.
    â€” Gaston ? Est-il malade ? Encore un duel ?
    â€” Il a disparu ! sanglota-t-elle.
    Louis monta immédiatement dans le carrosse, abandonnant le fermier.
    â€” Depuis quand ?
    La voiture reprit son chemin vers le château de Mercy.
    â€” Une semaine…
    Retenant les sanglots qui l'étouffaient, Armande raconta la lettre de l'oncle. Elle ne l'avait pas lue mais, après le souper, la voyant si inquiète, Gaston lui en avait dit quelques mots. Hercule avait confié ce qu'il savait sur la mort de ses parents, était plusieurs fois allé à l'endroit où la voiture avait versé, cherchant à comprendre comment l'accident avait pu se produire. Pourquoi les chevaux s'étaient emballés ? Pourquoi les quatre

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