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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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lui ayant décrit plusieurs fois. Il savait qu'il s'agissait d'une de ces vieilles maisons fortes à colombages comme on en trouvait tant en Normandie. Une grosse bâtisse rectangulaire érigée sur une solide assise de pierre, avec deux étages, dont seul le second possédait des fenêtres. Deux tourelles à pans de bois la flanquaient de chaque côté. Fronsac savait même qu'on pénétrait dans la chambre des parents de Gaston par l'une des tourelles.
    On apercevait le clocher de l'église de Tilly quand Bauer, en tête avec sa monstrueuse jument à la croupe aussi large que celle d'un bœuf, fit arrêter le carrosse. Intrigué, Louis baissa la vitre et mit la tête à la fenêtre. Il comprit aussitôt : la brise du soir apportait une insupportable odeur de brûlé. Puis il remarqua les cendres chaudes qui voletaient autour de lui, se déposant sur les sièges de cuir et lui piquant les yeux.
    Un incendie ? Un sourd pincement lui déchira la poitrine. Il fut certain que ce feu avait un rapport avec la disparition de Gaston. Jusqu'à présent, il avait chassé son inquiétude, s'était convaincu que Tilly poursuivait son enquête et n'avait pu prévenir Armande. Après tout, il n'était parti que depuis une semaine. Mais cet incendie changeait tout. Se pouvait-il que ce fût son manoir ? Que Gaston eût péri dans les flammes ?
    â€” Une maison a brûlé ici, monsieur, énonça Bauer en approchant, le visage impavide. Avez-vous vos armes prêtes ?
    â€” C'est peut-être un accident… suggéra Nicolas, inquiet. Avec la chaleur…
    Bauer haussa les épaules sans répondre et détacha la carabine à silex de sa selle.
    Ils repartirent lentement, sur le qui-vive.
    L'âcre odeur les guida. Au bout du chemin conduisant à l'église, ils découvrirent le manoir brûlé.
    Nicolas arrêta le carrosse devant le portail de bois à claire-voie. Un mur de pierre de moins d'une toise entourait le domaine. Bauer descendit de sa jument fourbue. Le portail était fermé d'un verrou qu'il brisa d'un coup de botte. La voiture entra.
    Louis était anéanti, terrifié. S'il n'avait jamais vu la maison des Tilly, il reconnaissait ce qui en restait.
    Le feu n'avait pas tout dévoré. À peu près la moitié de la construction était intacte, bien que cette partie-là n'ait plus beaucoup de toiture. Le reste se résumait à de grands piliers ruinés par le feu, des morceaux de torchis jonchant le sol couvert d'une suie noire.
    Ã€ l'écart se dressait une écurie qui n'avait pas souffert du feu. Nicolas arrêta les chevaux devant et Bauer en ouvrit les portes de la même façon qu'il avait procédé pour le portail d'entrée. À l'intérieur, se trouvaient un âne, deux chèvres et un cochon dans un enclos.
    Fronsac descendit de la voiture, le dos brisé par le long voyage, un pistolet glissé à la ceinture de ses hauts-de-chausses.
    Pendant que Nicolas rentrait le carrosse, Bauer rejoignit son maître et ils se dirigèrent vers ce qui restait du manoir. Aucun n'ouvrit la bouche. Le Bavarois avait suffisamment incendié de châteaux, quand il était soldat, pour savoir qu'on ne laissait aucun survivant.
    La nuit était presque tombée. La porte d'entrée du manoir avait brûlé, mais il restait les ferrures. Ils grimpèrent quelques marches et pénétrèrent dans ce qui avait été l'antichambre d'une grande salle au sol encombré de poutres, de tuiles, de gravats et de traverses noircies.
    Ã€ cet instant, une porte s'ouvrit sur leur droite. Elle communiquait avec la partie du manoir n'ayant pas brûlé. Louis vit un vieillard à la chevelure de neige émerger de la pénombre. Petit, les traits creusés, avec d'épaisses moustaches blanches.
    â€” Qui êtes-vous ? s'enquit ce dernier d'une voix chevrotante.
    1  6 août.
    2  Voir Le Mystère de la Chambre bleue , du même auteur.

19
    â€” N ous sommes au manoir de Gaston de Tilly ? demanda Fronsac.
    â€” Oui, monsieur… mais…
    â€” Je suis un ami de Gaston… Son épouse Armande m'envoie… Elle est inquiète, sans nouvelles.
    â€” Notre maître n'est pas là, répondit l'homme. Il fit un pas en évitant une poutre couverte de suie. Louis distingua une

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