La malédiction des templiers
sèche. Le commando chancela avant de s’effondrer, tête la première, son visage heurtant le sol avec un bruit mat.
La Land Rover était maintenant si proche de lui que Reilly pouvait presque distinguer les traits de l’Iranien derrière le pare-brise teinté. Secouant la tête de gauche à droite, il essaya de reprendre ses esprits, d’inspirer un peu d’air, s’efforçant de se concentrer sur ce qu’il fabriquait là, sur l’individu qui se trouvait au volant de cette voiture, sur son violent désir de lui faire la peau. Il tendait la main vers son pistolet quand une silhouette surgit devant lui : le chef de l’Ozel Tim, Keskin. Couvert de sang, il avançait en boitant bas, un énorme trou à la cuisse, un autre à l’épaule, mais il semblait imperméable à la douleur, comme sous l’emprise de la drogue. Le regard hanté, un automatique au poing, il avançait en titubant, droit sur le chemin du 4 × 4 poussé à plein régime.
Le colosse s’arrêta, leva son arme, visa…
Reilly vit alors de nouveau le bras sortir de la fenêtre de la voiture côté conducteur, à ceci près que, cette fois, il était pointé vers l’avant.
— Non ! hurla Reilly, en se ruant vers Keskin.
Il sentit le corps de l’homme tressauter sous l’impact des balles au moment précis où il le projetait sur le côté, pour lui éviter d’être écrasé. Etroitement enlacés, tous deux roulèrent au sol tandis que le 4 × 4 noir passait à l’endroit même où ils se trouvaient une fraction de seconde auparavant, poursuivant sa course folle sur le sentier muletier avant de disparaître à un tournant, un peu plus bas.
Le souffle coupé, Reilly était sur le point de perdre connaissance. Le cerveau embrumé, il regarda Keskin. Celui-ci le contemplait, les yeux grands ouverts, vomissant des flots de sang. Un sentiment d’impuissance submergea l’Américain, suivi d’une rage viscérale, comme il n’en avait jamais connu, la haine bouillonnant au plus profond de son être. Il sentit le peu de forces qui lui restait s’évanouir, et l’idée de sombrer dans un sommeil sans fond lui parut terriblement attirante. Jusqu’au moment où un mot perça sa carapace de rage et d’hébétude, venant lui rappeler qui se trouvait sur le chemin du terroriste.
Tess.
Tess bondit en entendant l’explosion.
Celle-ci ne faisait pas partie du plan. Pis : elle était trop violente, beaucoup plus terrible à l’évidence que celle qu’auraient pu provoquer Reilly et les paracommandos avec l’armement dont ils disposaient. Seule conclusion possible : c’était l’œuvre de quelqu’un d’autre. Ce qui était de bien mauvais augure, surtout si l’on tenait compte de la virtuosité de l’homme qu’ils pourchassaient en matière d’explosifs.
Elle éteignit la lampe torche dont elle se servait pour consulter la carte qu’elle avait apportée avec elle et regarda vers l’amont. Une dizaine de secondes s’écoulèrent, interminables, suivies d’autres explosions. Moins puissantes, différentes, plus sourdes, un peu comme des coups de tonnerre lointains, mais bel et bien des explosions, dont l’écho résonnait dans le cirque de montagnes. Elle entendit ensuite une série de coups de feu, assez espacés, et sentit alors la peur l’envahir.
Les paracommandos qui l’entouraient étaient tout aussi troublés qu’elle. Ils échangèrent nerveusement quelques mots en turc, qu’elle ne comprit pas, mais leur comportement était assez éloquent pour qu’elle n’ait pas besoin de traduction. L’un d’eux prit son walkie-talkie et, contrôlant le ton de sa voix, appela ses camarades. Pas de réponse. Il essaya de nouveau, cette fois sans cacher son inquiétude. Toujours rien.
Puis leur parvint le vrombissement d’un diesel, le frein moteur empêchant le lourd 4 × 4 de dévaler trop vite la forte déclivité. Malgré ses efforts, Tess ne distinguait pas la moindre lumière en mouvement sur le flanc de la montagne, jusqu’au moment où, à la faible lueur d’une lune sur le point de disparaître, elle entrevit une forme sombre qui négociait un lacet avant de disparaître. Les trois commandos l’avaient aperçue eux aussi, et ils passèrent en mode action, tenant leurs armes prêtes et abaissant sur leurs yeux leurs lunettes de vision nocturne tout en s’interpellant à grand bruit.
L’un d’eux entraîna Tess en lieu sûr, derrière un blindé léger, se mettant en devoir de la protéger de son
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