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La malédiction des templiers

La malédiction des templiers

Titel: La malédiction des templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Raymond Khoury
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pleins setiers de sang et tandis que lui et ses frères fuyaient à force de voile la ville tombée aux mains de l’ennemi, il était resté de longs jours au bord du trépas jusqu’à ce qu’un souffle de vie le pousse loin de l’ultime précipice. Durant sa longue convalescence, à Chypre, il avait essayé de puiser quelque réconfort dans le fait que c’était sa main gauche qu’il avait perdue, et non celle avec laquelle il tenait son épée, mais avec un succès des plus mitigés. Il savait que jamais plus il ne serait le guerrier formidable qu’il avait été.
    Peu de temps après, il était tombé sur un forgeron chypriote particulièrement talentueux qui avait affirmé pouvoir l’aider : l’homme lui avait façonné une prothèse en cuivre, une fausse main qui s’adaptait parfaitement au moignon de son avant-bras et qui tenait en place grâce à des lanières de cuir. Superbement réalisée, elle était munie de cinq doigts qui rappelaient fort convenablement ceux qu’il avait perdus. Fixés en position recourbée, ils remplissaient de nombreuses fonctions, en particulier celles consistant à tenir les rênes de sa monture, à soulever une cruche d’eau, à porter un bouclier ou encore à fracasser la mâchoire de quiconque lui cherchait noise.
    Pour l’heure, compte tenu de son handicap, il savait que sa cote et celle de son frère Miguel n’étaient pas au plus haut. Elles ne firent que s’effondrer un peu plus lorsqu’une autre flèche atteignit l’Espagnol en plein dos et le désarçonna.
    Voyant Mehmet et ses hommes se rapprocher à bride abattue, Conrad s’empara de son cimeterre tout en essayant de contrôler les chevaux de son chariot. Les deux hommes de main, au grand galop, passèrent à côté de lui à le toucher, l’un sur sa gauche, l’autre sur sa droite. D’un large geste en demi-cercle, il frappa de sa lame l’un d’eux au visage, l’entaillant profondément sous l’oreille dans une gerbe de sang, mais le second cavalier le heurta de plein fouet et le blessa à la cuisse, le faisant tomber de son siège.
    Il tomba rudement sur le sol, amortissant le choc de ses deux bras mais perdant son cimeterre dans sa chute. Les trois chevaliers francs étaient désormais à terre : Hector, coincé sous son cheval blessé, crachait du sang et respirait avec difficulté ; Miguel avait réussi à se remettre debout mais titubait comme un ivrogne sous l’effet de sa blessure ; quant à Conrad, boitant bas, du sang coulant le long de sa jambe, il venait de se redresser juste à temps pour voir le négociant et son fils s’apprêter à finir le travail.
    Kacem s’approchait de lui au grand galop. Conrad regarda autour de lui, scrutant le sol à la recherche de quelque chose, n’importe quoi, susceptible de lui servir d’arme. Mais il n’y avait rien, absolument rien. Réagissant alors de façon purement instinctive, il bondit sur le Turc alors que celui-ci arrivait sur lui à toute allure : la main gauche, ou plus exactement sa prothèse en métal, tendue en avant, il laissa celle-ci recevoir de plein fouet le choc de la lame de son adversaire tandis que sa main droite agrippait Kacem par la ceinture et le désarçonnait à son tour.
    Les deux hommes s’empoignèrent alors dans une mêlée confuse, en un affrontement dont Conrad savait qu’il ne sortirait pas vainqueur. Un coup violent sur sa blessure à la cuisse diffusa dans son corps tout entier une souffrance à peine supportable, qui le fit tomber à genoux. Après quoi, un coup de coude à la pommette le terrassa définitivement. Il se tordit de douleur sur le sol brûlant de la gorge, retrouvant dans sa bouche le goût métallique du sang, souvenir d’une époque depuis longtemps révolue, qui elle aussi s’était soldée par une déroute.
    Il leva les yeux : Mehmet avait mis pied à terre et s’approchait sans se presser de son fils, qui dominait fièrement, de toute sa hauteur, son ennemi terrassé. Derrière les deux hommes, il distingua le corps de Miguel, mort selon toute apparence, aux pieds des deux cavaliers qui l’avaient assailli, et, un peu plus loin, celui d’Hector, inerte lui aussi.
    — Je vous avais bien dit que ces contrées étaient peu sûres, fit le négociant avec un petit rire. Vous auriez dû m’écouter.
    Conrad cracha un jet de salive mêlée de sang, qui atterrit sur les bottes de Kacem. Celui-ci étira sa jambe droite en arrière, prêt à lui donner un coup de pied en plein

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