La malédiction des templiers
corps la brûlaient.
Pendant combien de temps encore vont-ils me garder comme ça ?
Elle avait perdu toute notion du temps – plus précisément toute notion de tout. Elle savait qu’une bande adhésive lui recouvrait les yeux. La bouche. Ses poignets étaient liés derrière son dos, ses genoux et ses chevilles entravés. Une momie du XXI e siècle en quelque sorte, emmaillotée dans du ruban argenté et… dans autre chose aussi. Une sorte de cocon, doux, épais, rembourré, qui l’entourait tout entière. Comme un sac de couchage. Elle le tâta du bout des doigts. Oui, c’était bien cela. Un sac de couchage. Ce qui expliquait pourquoi elle était trempée de sueur.
C’était en gros la seule chose dont elle était sûre.
Elle ne savait pas où elle se trouvait. Pas précisément en tout cas. Elle avait l’impression d’être dans un espace très exigu. Chaud et exigu. Peut-être à l’arrière d’un camion, ou dans un coffre de voiture. Elle n’aurait pas pu le jurer, mais elle distinguait des sons déformés, assourdis, malgré l’adhésif qui lui bouchait les oreilles. Des bruits de l’extérieur. D’une rue animée. Des voitures, des motos, des scooters, bourdonnant ou passant dans un vrombissement de moteur. Ces bruits avaient toutefois quelque chose qui détonnait. Qui ne collait pas vraiment, sans qu’elle pût déterminer précisément quoi.
Elle se concentra, essayant d’ignorer la sensation de lourdeur dans sa tête et de dissiper le brouillard qui obscurcissait sa mémoire. De vagues souvenirs commencèrent à prendre forme. Elle se rappela avoir été enlevée sous la menace d’une arme à feu alors qu’ils venaient de quitter leur chantier de fouilles de Pétra pour retourner en ville, tous les trois – elle, son ami Jed Simmons et l’historien iranien qui était venu les chercher. Comment s’appelait-il déjà ? Sharafi. Behrouz Sharafi. Elle se rappela aussi avoir été enfermée à clef dans une horrible pièce sans fenêtre. Peu de temps après, son ravisseur l’avait obligée à appeler Reilly, à New York. Après quoi elle avait été droguée, on lui avait injecté quelque chose. Elle sentait encore la douleur de la piqûre. C’était là la dernière chose dont elle se souvenait. Cela remontait à quand maintenant ? Elle n’en avait aucune idée. Des heures. Un jour entier peut-être ? Plus ?
Aucune idée.
L’endroit dans lequel elle se trouvait était étouffant, étriqué, sombre, on ne peut plus inconfortable, et il y régnait une odeur de, comment dire, oui, de coffre de voiture. Mais pas celui d’une vieille bagnole avec toutes sortes de débris un peu partout empuantissant l’atmosphère. Cette voiture, s’il s’agissait bien de cela, était à l’évidence neuve, mais il y régnait une odeur parfaitement désagréable.
Plus elle songeait à la situation qui était la sienne, plus son moral flanchait. Si elle se trouvait dans le coffre d’une voiture, et si elle pouvait entendre des bruits venant de l’extérieur, peut-être se trouvait-elle sur une route fréquentée. Elle sentit la panique monter en elle.
Et s’il m’avait juste abandonnée là, pour m’y laisser pourrir ?
Et si personne ne découvrait que je suis là ?
Une veine à son cou se mit à battre plus fort, le ruban entourant ses oreilles les transformant en chambre d’écho. Aiguillonnées par cet infernal tambourinement, ses pensées couraient en tous sens : combien d’air lui restait-il ? Combien de temps pourrait-elle tenir sans eau et sans nourriture ? Le sparadrap n’allait-il pas finir par l’étouffer ? Elle se vit sur le chemin d’une mort atroce, insupportablement lente, ses forces vitales s’amenuisant sous l’effet de la soif, de la faim, de la chaleur, dépérissant dans une boîte obscure, comme enterrée vive.
La bouffée de terreur qui l’envahit lui fit l’effet d’un seau d’eau glacée. Elle devait faire quelque chose. Elle essaya de se tortiller pour changer de position, dans l’espoir de trouver un bras de levier suffisant pour donner des coups de pied sur le rabat du coffre ou quel que soit l’endroit où elle était enfermée, mais non : impossible de faire un geste. Quelque chose l’empêchait de bouger. Elle était totalement immobilisée, retenue par une entrave quelconque qui, elle le sentait maintenant, lui sciait les épaules et les genoux.
Impossible de remuer ne serait-ce que le petit doigt.
Cessant de lutter contre les
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