La malédiction des templiers
possibilité.
Il avait vu Tess décamper avec son sac à dos, celui qui contenait les codex et les chargeurs supplémentaires de son pistolet. Il avait bien tenté de lever son arme pour l’abattre, mais les tirs incessants de ce satané Américain l’avaient contraint à se baisser pour se protéger, et la jeune femme en avait profité pour s’éclipser.
Il ne lui restait plus qu’à faire la même chose.
Courbé en deux, il observa les alentours, cherchant le téléphone. Qu’il trouva rapidement, mais assez loin, et dans la direction opposée à celle des maisons troglodytes, là où il voulait aller se réfugier, là où Tess venait de disparaître.
Il décida de courir le risque.
Il se coucha à terre et, tout en roulant sur lui-même, parvint à tirer deux coups de feu. Il atteignit son but après trois roulades, s’empara du téléphone, se releva d’un bond. Il se mit aussitôt à courir à toutes jambes vers la maison troglodyte la plus proche, tirant en même temps en direction de Reilly tout en sachant que chaque balle avait son importance maintenant que les chargeurs de rechange n’étaient plus en sa possession. L’une des balles de Reilly percuta le rocher à quelques centimètres de sa tête au moment précis où il plongeait pour se mettre à l’abri, des fragments de tuf lui égratignant la joue, sans autre dommage.
Il continua sa course dans le labyrinthe des habitations troglodytes, sur le qui-vive, fouillant du regard les ombres mouvantes. C’est alors qu’il les aperçut, à deux maisons de là, devant le seuil plongé dans le noir. Tess et le Turc.
Il devait remettre la main sur la jeune femme. Il fallait absolument qu’il récupère les livres et les chargeurs et, s’il voulait continuer de faire pression sur Reilly, elle était le levier indispensable.
Le Turc avait beaucoup moins d’importance maintenant.
En fait, c’était plus un poids mort qu’autre chose.
Zahed leva son arme et tira.
Tess poussa un hurlement en voyant Abdülkerim s’effondrer. Des flots de sang jaillirent de sa bouche, conséquence du large trou qui perçait sa poitrine.
Elle se retourna une fois encore : l’Iranien ne se trouvait plus qu’à deux maisons d’elle. Une vague de terreur la submergea. S’il voulait à tout prix la rejoindre, comme c’était visiblement le cas, c’était peut-être qu’il avait récupéré son portable.
Comme s’il avait lu dans ses pensées, l’homme leva la main, celle qui tenait le téléphone, pour lui montrer que tel était bien le cas. La lueur cruelle qui jouait dans ses yeux lui transmettait un message dénué de toute ambiguïté :
Vous ne bougez pas d’un pouce, sans quoi…
Et soudain, elle sentit quelque chose se briser en elle. Un accès de fureur évinça sa frayeur, l’envie de se battre supplantant celle de s’enfuir. Ses mains s’emparèrent du sac à dos et le firent glisser sur son ventre, de sorte qu’il se retrouvait désormais pressé contre la bombe insérée dans la ceinture de toile. Les traits durcis, elle défia son ennemi du regard, et en constata aussitôt les effets à l’expression de son visage et à la façon dont il courait. Oh, rien de bien spectaculaire : ses yeux s’écarquillèrent un peu, sa mâchoire se crispa légèrement et il trébucha l’espace d’une microseconde, mais elle en tira une indéniable satisfaction.
N’empêche qu’il courait toujours. Dans sa direction.
Elle devait à tout prix faire quelque chose.
Elle jeta un ultime regard au cadavre du spécialiste de Byzance à ses pieds. Le sang avait cessé de couler de sa bouche, et ses yeux aux reflets vitreux la fixaient. Elle s’obligea à accepter qu’il n’y avait plus rien qu’elle pût faire pour lui puis, le sac à dos toujours collé contre son ventre, franchit en hâte le seuil de la maison.
Elle savait qu’elle devait s’enfoncer profondément à l’intérieur, et vite. La faible lumière venue de l’extérieur n’éclairait pas bien loin. Devant elle, c’était le règne de l’obscurité.
Elle s’y engouffra.
Roulant toujours sur lui-même, Reilly se réfugia derrière l’habitation troglodyte et glissa un rapide coup d’œil, juste à temps pour voir l’Iranien se relever et prendre la fuite.
Il parvint à tirer dans sa direction à deux reprises, mais dut se reculer devant la volée de balles que lui renvoya son adversaire. Jurant intérieurement, il laissa passer l’orage l’espace de deux
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