La malédiction des templiers
jusqu’ici ?
Cela demandait en effet réflexion. Elle avait raison. Il se rappela alors quelque chose : la solution se trouvait sur la paroi, derrière elle.
— Le câble électrique. Aide-moi à le retirer.
Toujours tâtonnant dans les ténèbres, ils passèrent dans les tunnels et les salles des alentours proches, arrachant un maximum de câble électrique – pas loin de deux cents mètres en tout –, dont ils nouèrent les différents tronçons.
Reilly en saisit une extrémité, qu’il attacha aux fixations d’une des lampes, sur la paroi. Il tira dessus, fort. Rien ne bougea : la fixation paraissait assez solide pour supporter son poids, et le câble était résistant. Seul point faible : la roche tendre à laquelle le système d’éclairage était accroché. Impossible de savoir si elle tiendrait le coup ou si elle finirait par s’effriter.
Sans s’attarder sur la question, il balança le gros rouleau de câble dans les profondeurs du puits, après quoi Tess lui tendit le combiné pic-pelle qu’elle avait tiré du sac à dos de l’Iranien.
— Tu as le pistolet, lui dit Reilly. Sers-t’en en cas de besoin.
La jeune femme fit oui de la tête, manifestement toujours inquiète de le voir partir. Elle l’embrassa longuement avant qu’il grimpe sur le rebord du puits.
— Je reviendrai, promit-il.
— T’as intérêt, répliqua-t-elle, le retenant quelques secondes supplémentaires avant de finir par le laisser descendre.
La descente fut de celles qui forgent le caractère, pour reprendre les termes d’un des instructeurs de Reilly à Quantico. Exemplaire sur ce plan, interminable par ailleurs.
Il descendit lentement, très lentement, calculant soigneusement chacun de ses gestes, le dos arc-bouté contre une paroi, bras et jambes prenant appui sur l’autre côté de l’étroit conduit, tous ses muscles mobilisés.
La remontée, si remontée il y avait, promettait de ne pas être une partie de plaisir.
Le tunnel ne s’élargit pas, ce qui lui permit de le descendre ainsi tout du long jusqu’à ce que son pied atteigne l’eau après ce qu’il estima être une centaine de mètres. Il s’immobilisa un instant, retenant son souffle, hésitant. Impossible de se faire une idée de la profondeur du canal. S’il lâchait sa prise sur le câble et se laissait tomber, et si le canal était trop profond pour qu’il y tienne debout, il courait le risque d’être entraîné par le courant et de se noyer.
Mais il n’avait guère le choix…
Serrant toujours le câble à deux mains, il glissa lentement le long de la paroi du puits, ses jambes continuant d’y prendre appui jusqu’au dernier moment. Le câble tint bon. Il poussa un « ouf » de soulagement en s’enfonçant dans l’eau. A sa grande surprise, celle-ci était glacée. Il s’en étonna d’autant en pensant à l’extrême chaleur qui régnait dehors, puis sourit en se souvenant de ce qu’avait dit Tess à propos de la fonte des neiges.
Il se laissa ainsi descendre jusqu’à ce que l’eau atteigne ses aisselles, sentit presque aussitôt ses pieds toucher quelque chose : le fond du canal.
— Je suis arrivé en bas ! Je peux me tenir debout !
— Tu vois quelque chose ? brailla Tess en retour.
Il regarda vers l’aval. La pâle lueur qui brillait à la surface de l’eau disparaissait dans le noir. Il se tourna de l’autre côté : il n’y faisait pas plus clair.
Son moral chuta d’un cran.
— Non ! cria-t-il, essayant de ne pas laisser paraître son découragement.
Tess resta silencieuse.
— Qu’est-ce que tu comptes faire ? demanda-t-elle au bout d’un moment.
S’étant dégagé du puits au-dessus de lui, il fit quelques pas vers l’amont, sans lâcher le câble. Il y avait un espace entre la surface de l’eau et la couverture du canal.
S’il avançait genoux pliés et tête baissée, il serait en mesure de remonter le courant, pendant un temps en tout cas. Il fit la même chose vers l’aval. Le plafond était moins élevé de ce côté et, au bout de cinq ou six pas, il disparaissait sous la surface de l’eau.
— Je vais essayer de voir si je trouve un autre puits un peu plus loin ! Ça me semble jouable vers l’amont !
Tess garda le silence quelques secondes avant de lui crier :
— Bonne chance, mon p’tit loup !
— Je t’aime ! lui lança-t-il en retour.
— J’en suis à me demander si ça ne valait pas le coup de nous fourrer dans ce pétrin juste
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