La malédiction des templiers
l’étroit passage, tâtant de ses doigts écartés les parois de chaque côté.
Ceux-ci finirent par trouver une ouverture dans celle de gauche : un trou rond, d’un mètre de diamètre environ, à hauteur de taille. La lumière paraissait en émaner. Reilly palpa son rebord, l’explorant au toucher. Celui-ci était large d’une cinquantaine de centimètres. Au-delà, le vide. Un espace vide vers le bas, mais aussi vers le haut.
Un conduit de ventilation.
Reilly se pencha à l’intérieur pour y voir de plus près. De la lumière – de la lumière du jour – filtrait indiscutablement du dessus. Mais il y avait autre chose. Du bruit, venant du dessous. Le doux murmure de l’eau. Pas un flot bouillonnant. Plutôt le friselis d’un ruisseau.
S’extirpant de la cavité, il s’accroupit, tâtonna sur le sol. Il trouva un caillou rond, de la taille d’une prune, qu’il ramassa. Puis il passa de nouveau son buste dans l’ouverture, tendit le bras au-dessus du vide et lâcha son caillou. Deux secondes après, sans qu’il ait rebondi sur un coude quelconque, celui-ci heurta la surface de l’eau avec un petit bruit bien net que répercuta l’écho.
Reilly comprit qu’il était tombé sur un puits qui, dans sa partie supérieure, faisait sans doute office de conduit de ventilation, et se dit que le soleil devait occuper une position permettant à ses rayons de l’éclairer avec assez de puissance pour parvenir jusqu’au tunnel dans lequel il se trouvait. Si tel était bien le cas, cela signifiait que la lumière ne demeurerait pas éternellement. Il tenta de se représenter mentalement la façon dont tout cela était organisé. Durant leur exploration infructueuse, Tess lui avait parlé des systèmes très élaborés de ventilation et de récupération d’eau des cités souterraines, permettant aux populations fuyant les envahisseurs d’y rester cachées pendant de longues périodes. Les conduits de ventilation descendaient jusqu’aux tréfonds du complexe et étaient à peine assez larges pour qu’un adulte y passe en rampant. Ils étaient en outre équipés de grilles et de pointes destinées à refouler tout hôte indésirable, et avaient été conçus pour fournir d’amples réserves d’eau potable, impossibles à tarir ou à souiller depuis l’extérieur. Les occupants avaient donc creusé des puits alimentés par des ruisseaux souterrains, ainsi que d’autres, collectant l’eau de pluie depuis la surface, les deux systèmes étant bien camouflés pour empêcher les ennemis de s’y introduire ou d’y déverser du poison.
Reilly réfléchit. Etait-il capable d’atteindre la surface par un conduit de ventilation ? Il en doutait. D’un autre côté, Tess lui avait dit que les puits des cités souterraines étaient en général reliés entre eux via un système de canaux. Or, en cette période de l’année – le plein été –, le niveau des eaux en sous-sol était sans doute assez bas, ce qui, estima-t-il, rendait l’opération jouable : peut-être, mais seulement peut-être, pourrait-il emprunter le puits pour accéder à une autre partie du complexe qui, elle, ne serait pas fermée au monde extérieur.
Il réveilla Tess et lui fit part de sa découverte. La lueur avait presque disparu, certainement à cause du changement de position du soleil. Ils devaient donc se décider sans tarder.
— Je passerai le premier, dit Reilly. Toi, tu tends l’oreille pour le cas où de l’aide nous parviendrait de l’extérieur par les tunnels.
La jeune femme l’arrêta en lui prenant le bras.
— Non, reste. Il y a de l’eau là-dessous. Et si tu ne pouvais pas remonter ?
— On n’a pas le choix, répliqua-t-il avec un petit sourire sceptique que sa compagne ne pouvait heureusement pas voir. Nous sommes en été, et qui dit été dit étiage.
— Bien vu, mon gars, mais tu oublies la fonte des neiges.
— Ça devrait aller, l’apaisa-t-il.
Tess plissa le front.
— Et les codex ? s’inquiéta-t-elle. S’il y a de l’eau, ils pourraient être endommagés. Irrémédiablement.
— Eh bien, on les laissera ici.
— Au risque de ne plus jamais les retrouver ?
Reilly caressa la joue de sa compagne.
— Qu’est-ce qui est le plus important ? Ta vie, ou ces bouquins ?
Elle ne répondit pas, mais il devina qu’elle hochait la tête en signe d’assentiment. Puis son ton retrouva toute sa gravité :
— Et si tu n’arrives pas à retrouver ton chemin
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