La malédiction des templiers
nouvelles.
Les mauvaises leur furent confirmées lorsqu’ils retournèrent enfin à l’entrée de la citadelle souterraine, là où ils étaient passés pour y pénétrer.
Abdülkerim était bel et bien mort. Quant à l’Iranien, il avait disparu.
49
Peu de temps après, le canyon grouillait de policiers.
La Jandarma était en état d’alerte depuis la veille, et le coup de téléphone du vieil homme au policier local avait précipité leur venue. Ils étaient donc arrivés en nombre mais n’avaient pas pu faire grand-chose. Les barrages routiers qu’ils avaient rapidement mis en place n’avaient pas permis d’arrêter l’Iranien : la cavalerie était arrivée trop tard.
La série de mauvaises nouvelles – ou plus précisément leur confirmation – se poursuivit : tout comme Ertugrul et Keskin, la plupart des commandos étaient morts. Les troupes déployées sur zone, ulcérées après le bain de sang de la veille, là-haut dans les montagnes, ne rêvaient que de vengeance, mais sans trouver de quoi l’assouvir. Elles en furent donc réduites à faire transporter à la morgue le corps d’Abdülkerim et à boucler les différentes entrées de la cité souterraine, en attendant l’arrivée d’un spécialiste en déminage qui désamorcerait le détonateur inséré dans la ceinture piégée qu’avait portée Tess, à condition bien sûr qu’on remette la main dessus.
Un avis d’alerte urgent fut envoyé aux policiers locaux ; il leur était demandé de contacter tous les médecins et tous les établissements hospitaliers de la région : pour autant que Reilly avait pu en juger, la blessure de l’Iranien n’était pas superficielle. Il en savait assez sur le sujet pour être certain qu’elle ne serait pas facile à soigner : si elle n’était pas convenablement débridée, si la fracture n’était pas stabilisée et enfin si des antibiotiques ne lui étaient pas rapidement administrés, l’Iranien risquait fort de perdre en partie l’usage de sa main. Pour éviter d’être estropié d’une manière irréversible, il lui faudrait trouver un dispensaire bien équipé et un chirurgien confirmé.
L’éventualité d’une analyse par les autorités turques des codex retrouvés par Tess ne fut pas évoquée. Et pour cause : Tess ne leur avait pas parlé de sa petite expédition dans l’église troglodyte. Elle avait insisté auprès de Reilly pour que cette partie de son odyssée soit passée sous silence lors de sa séance de débriefing, et ce dernier avait donné son accord.
Après avoir réglé toutes sortes de formalités, et dans l’attente de nouvelles instructions, on les conduisit à un hôtel proche. Celui-ci, un établissement de quinze chambres enchâssé dans une falaise dominant une petite rivière, avait été bâti sur les ruines d’un monastère. Salles et dortoirs avaient été convertis en chambres d’hôtes, les niches des couloirs transformées en vitrines exposant les curiosités archéologiques du lieu. Tess et Reilly se virent attribuer une chambre qui avait été une chapelle. Les derniers rayons du soleil passant par l’unique et minuscule fenêtre baignaient la pièce d’une lumière intemporelle, qui laissait entrevoir les restes des fresques millénaires ornant ses murs aux moulures particulièrement décoratives. Tess avait regimbé à l’idée de passer une nuit de plus dans un lieu rappelant de près ou de loin une grotte, mais les charmantes attentions du propriétaire de l’hôtel et le délicieux fumet du sauté d’agneau aux tomates et haricots blancs mitonné par son épouse avaient rapidement eu raison de ses réticences.
Ravitaillé en permanence en café turc odorant et sucré, Reilly passa près d’une heure dans le bureau du propriétaire, en conversation téléphonique avec Jansson, Aparo et une poignée d’autres agents rassemblés dans une salle de conférences de l’immeuble de Federal Plaza, dans le bas de Manhattan.
Les nouvelles n’étaient pas fameuses mais, cette fois encore, Reilly ne s’attendait guère à ce que ses collègues lui en donnent de bonnes. Les événements en cours n’étaient pas de leur ressort. Si l’Iranien devait se faire pincer, ce serait grâce aux efforts des autorités turques, et non à ceux du FBI. Ils n’avaient aucun information intéressante à confier à Reilly concernant les bombes du Vatican ou l’attaque contre le Patriarcat à Istanbul, et ils ne voyaient pas la nécessité de
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