La malédiction des templiers
fasse partie de cette collection. Une fois celui-ci prêt, ils sont passés à l’action. Ils ont recruté des hommes qui partageaient leurs préoccupations : des chevaliers, lettrés, érudits, venus de toute l’Europe, dont ils avaient fait la connaissance au fil des ans, à la bibliothèque. Neuf en tout.
— Les neuf premiers Templiers. Hugues de Payns et ses hommes, intervint Tess.
La vieille femme confirma d’un nouveau signe de la tête avant de poursuivre :
— Les chevaliers sont allés à Jérusalem, où ils ont approché le roi. Ils lui ont dit qu’ils étaient venus dans l’intention d’assurer la protection des pèlerins en Terre sainte, et l’ont convaincu de leur confier les ruines du vieux Temple de Salomon, qui leur servirait de base. Après avoir fait semblant de fouiller les lieux plusieurs années durant, ils ont fait parvenir un message à Rome, disant qu’ils avaient découvert quelque chose. Quelque chose de… dérangeant. Le pape leur a envoyé ses représentants. Les chevaliers leur ont montré certains des évangiles que vous voyez là, puis ils sont passés au plat de résistance. Les hommes du pape ont été horrifiés. De retour à Rome, ils ont confirmé à leur maître l’authenticité de cette découverte. Le pape a alors accordé aux Templiers tout ce qu’ils demandaient en échange de leur silence.
La tête de Tess lui tournait. Tout ce qu’elle venait d’entendre était difficile à absorber d’un coup.
— Et après cela, les Templiers ont renvoyé les évangiles ici… ou plutôt à Constantinople ?
— Ils y étaient en sécurité depuis des siècles. La Terre sainte était une zone de guerre. Les gardiens voulaient s’assurer que les textes qu’ils étaient chargés de protéger ne risquaient rien.
— Mais pas le journal de Jésus.
— Non, en effet. Celui-ci est resté entre les mains des Templiers, à Acre. C’était la source de leur puissance, ils souhaitaient le conserver à portée, sous leur garde. Ce qui était une erreur. Mais c’était un faux, ne l’oubliez pas. Pour ce qui concernait les gardiens, sa valeur était d’ordre stratégique, et non historique.
— Donc, en 1203, les armées du pape sont aux portes de Constantinople, fit Tess. Les gardiens craignent de perdre leur trésor, et ils envoient un SOS.
— Oui. Les Templiers ont chargé une petite unité de le faire sortir clandestinement de Constantinople et de le mettre en lieu sûr. Mais ils l’ont perdu jusqu’à ce que Conrad et Maysoun réussissent à le retrouver… cent ans après.
— Mais à ce moment-là il est trop tard pour en faire quoi que ce soit. La Terre sainte est retombée aux mains des musulmans, le faux journal du Christ est égaré et l’Ordre des Templiers a été éradiqué par le roi de France, avec l’appui de son pape fantoche. Vous vous rendez compte : si seulement Conrad avait pu mettre la main là-dessus quelques années plus tôt… Cela aurait pu tout changer.
— Il n’y avait aucune chance que cela se produise. Conrad n’a appris l’existence du trésor que parce qu’il vivait à Constantinople. Et l’unique raison de sa présence dans ces lieux, c’est que les Templiers étaient des hommes traqués.
Tess fit signe qu’elle avait compris. Les cruelles machinations du destin s’étaient liguées contre lui depuis le début.
— Qu’est-il advenu des gardiens ? Maysoun a-t-elle cherché à les retrouver ?
— Oui, mais sans succès. Ils ont probablement été tués lors de la mise à sac de la ville, peut-être par des envoyés du pape à la recherche du trésor.
— Et c’est ainsi que Maysoun et ses descendants – votre famille – sont devenus les nouveaux gardiens, conclut Tess.
La vieille femme hocha la tête.
— Venez, leur proposa-t-elle. Remontons, je vais préparer un autre café.
Une fois en haut, ils l’accompagnèrent dans la cuisine et la regardèrent verser de l’eau dans la casserole en fer-blanc, allumer le brûleur et y poser le récipient. Pendant tout le temps de l’opération, pas un des trois ne prononça un mot. Au bout d’un long moment, Tess se décida à rompre le silence :
— Et maintenant, que fait-on ? demanda-t-elle.
La vieille femme réfléchit un moment, pesant ses mots, puis regarda Tess et dit :
— Je ne sais pas… Ces meurtriers… Ils sont toujours dans les parages ?
Tess le lui confirma par un signe de tête.
— Dans ce cas, il faut déplacer les
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