La malédiction des templiers
passé au travers. Procédant à une estimation rapide de la scène qui venait de se dérouler et des hommes à qui il avait affaire, Reilly en tira la conclusion que les sbires de l’Iranien étaient sans doute des hommes du PKK – ces militants séparatistes kurdes à qui l’Iran fournissait armes et argent liquide depuis de nombreuses années. Ceux-ci avaient sans nul doute à leur disposition des médecins expérimentés sachant parfaitement traiter les blessures de guerre. Ils pouvaient également voyager sans problème sur tout le territoire turc – et pour cause, ils étaient turcs… – pour apporter en cas de besoin leur aide fraternelle à quelqu’un comme cet Iranien.
Ce qui était tout sauf une bonne nouvelle.
Reilly ignorait à combien d’hommes le terroriste avait fait appel. Il en avait vu trois, mais il y en avait sans doute d’autres dehors.
Là, pour le coup, c’était une très mauvaise nouvelle.
— Mais qu’est-ce qui vous prend ? demanda l’Iranien, écartant les bras d’un geste théâtral et regardant la pièce autour de lui. Vous vous installez d’abord confortablement dans votre chambre pour passer une nuit sans histoire et voilà qu’une minute plus tard vous vous mettez à courir dans les rues comme des poulets à qui on vient de couper le cou… Qu’y avait-il donc de si urgent pour que vous organisiez un rendez-vous à une heure aussi peu chrétienne ?
Un éclat de voix leur parvint depuis les profondeurs de la maison. L’Iranien se retourna, cria quelque chose en réponse puis se tourna vers Tess avec un sourire. L’instant d’après, l’un de ses hommes de main apparaissait sur le seuil de la pièce : il portait un AK-47 à l’épaule et plusieurs textes anciens dans les mains.
L’Iranien les prit et les examina un moment avant de lever les yeux vers Tess, les lèvres ouvertes sur un sourire de triomphe.
— D’autres évangiles ? interrogea-t-il, soutenant le regard de la jeune femme avant de poser une question à son acolyte.
La réponse de ce dernier parut l’impressionner.
— Une pièce entière ? s’étonna-t-il sans cesser de fixer Tess, son sourire s’élargissant encore. J’ai comme l’impression que votre persévérance a payé, et pas qu’un peu.
Tess demeura muette.
L’Iranien haussa les épaules, lança d’une voix rogue d’autres instructions à l’homme qui lui avait apporté les livres et jeta un dernier regard mauvais à Reilly avant de quitter la pièce. Son acolyte prit sa kalachnikov et, la tenant d’une main ferme, la pointa alternativement sur Reilly et sur les deux femmes tout en les surveillant sans ciller.
Tous les instincts de Reilly se mirent en branle.
Un homme pour les garder.
Un pistolet dans le sac à dos.
Une occasion.
Il attendit que le regard de l’homme se porte ailleurs pour passer à l’action : il se mit alors à quatre pattes et se rua sur le sac.
De façon tout ce qu’il y a de plus maladroite…
Voyant ce qui se passait, le garde bondit et se mit à crier tout en se précipitant pour l’intercepter. Depuis le sol, Reilly vit ses pieds bottés approcher et entendit Tess pousser un cri suraigu. Il était sur le point de se saisir du sac quand le garde l’empêcha d’achever son geste en lui assénant un violent coup de pied dans les côtes. Reculant sous l’impact, les reins en feu, Reilly retomba à terre et roula au sol avec des grognements de douleur, suivi par le garde qui l’accablait d’un torrent d’injures et de menaces, le canon de sa mitraillette braqué tantôt sur son visage, tantôt sur les deux femmes.
Reilly s’arrêta devant une table basse, en face du fauteuil. Là, il se releva sur les genoux, gémissant, le souffle court, et leva la tête : à moins d’un mètre et le dominant de toute sa hauteur, le garde semblait à la fois très énervé et ne plus savoir où donner de la tête. Retenant sa respiration, Reilly passa alors subrepticement sa main sous la table : il savait que l’occasion inespérée qui se présentait à lui serait la seule et qu’il devait l’exploiter au mieux. Si ce n’était pas le cas, les conséquences seraient trop horribles pour pouvoir même être envisagées…
Tâtonnant sur les tomettes, ses doigts trouvèrent le couteau de cuisine qu’il avait lâché au moment où il avait été mis K-O et qu’il avait repéré lorsqu’il était étendu par terre.
Ils se saisirent du manche, le serrèrent.
De l’intérieur de la
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