La malédiction des templiers
jours précédents beaucoup plus qu’il ne l’aurait cru possible. Mais tout cela allait bientôt prendre fin, Dieu soit loué. Il allait très bientôt retrouver un environnement plus humain, et surtout plus familier. Il serait sous peu de retour chez lui. Où on le fêterait pour avoir réussi l’impossible.
Pour avoir ramené son butin.
L’air du petit matin était calme, frais, et sentait le sel à plein nez. Ce qui apaisait quelque peu ses vertiges, mais non sa gorge, aussi desséchée que le paysage. Il tremblait. Il avait perdu beaucoup de sang et, malgré les calmants, il souffrait encore énormément. Et ses tremblements allaient en empirant. Il avait besoin de soins, sans tarder. Il savait que le problème de sa main se présentait mal. Il n’ignorait pas qu’il risquait un handicap à vie, voire de la perdre. Mais cela devrait attendre. Il fallait d’abord se tirer de là, et vite. L’Américaine avait réussi à s’échapper. Elle avait certainement alerté les Turcs. Sa main était un prix très lourd à payer, mais cela ne représentait que peu de chose comparé à sa liberté et, très probablement, à sa vie.
Son téléphone portable bourdonna. Il le sortit de sa poche, tourna le dos au lac et se concentra sur la ligne d’horizon. Avant longtemps, il repéra le petit point dans le ciel, qui grossissait très vite, à basse altitude, le soleil encore bas se reflétant intensément sur le pare-brise du cockpit. L’Iranien confirma à Steyl que tout était en ordre, puis adressa à ses hommes un petit signe de tête avant de reculer d’un pas pour avoir une meilleure vue d’ensemble. Les moteurs des deux 4 × 4, garés à cent mètres l’un de l’autre, démarrèrent. Leurs phares et leurs warnings furent actionnés, signaux rouges et jaunes bien repérables sur cet arrière-plan totalement plat, désormais d’une belle couleur mordorée.
Zahed suivit du regard le petit appareil qui s’alignait sur l’axe créé par les deux 4 × 4, et examina la piste d’atterrissage improvisée. Elle paraissait impeccable. Dure et sèche, sans la moindre ride ou aspérité aussi loin que portait le regard. Le nom du lac, Tuz Gölü, signifiait simplement « lac salé ». Et c’est très précisément ce qu’il était. Un immense réservoir d’eau à forte concentration de sel, peu profond, couvrant une superficie de plus de quinze cents kilomètres carrés, qui se transformait chaque été en un gigantesque bloc de sel. Deux tiers de ce sel se retrouvaient sur les tables de toute la Turquie, mais les usines de raffinage qui permettaient cette transformation se trouvaient plus au nord ou de l’autre côté du lac. La zone choisie par Steyl était déserte, comme le Sud-Africain l’avait prédit. Encore une plume à la casquette du pilote, qui en comptait déjà quelques-unes… Et une confirmation supplémentaire que Zahed avait fait le bon choix.
Quelques minutes plus tard, le léger bourdonnement du Cessna rompit le silence jusqu’alors irréel. A peine audible au début, il se mua en rugissement assourdissant tandis que l’appareil survolait les deux véhicules arrêtés sur le lac, ses séparateurs à inertie grands ouverts pour empêcher la poussière de sel d’engorger ses turbopropulseurs. Son train d’atterrissage frôla à le toucher le toit du premier 4 × 4 avant que l’avion n’atterrisse. Zahed avait déjà rejoint en claudiquant la voiture de tête, tandis que Steyl inversait le flux des moteurs et arrêtait brutalement l’appareil, un peu plus loin devant.
Les deux 4 × 4 accélérèrent tout aussi brutalement à la suite du Cessna et, moins de sept cents mètres plus loin, ils se garaient de chaque côté de l’appareil.
Le transfert se fit sans tarder. Tandis que les turbopropulseurs brassaient toujours l’air déjà brûlant, les cartons de codex furent chargés, puis rangés derrière les deux sièges arrière. Puis vint le tour de la cargaison humaine.
Reilly.
On le transporta tel un ballot dans l’avion, où il fut balancé sans ménagement derrière une cloison, tout au fond de la cabine.
Toujours inconscient. Mais en vie.
Comme le souhaitait l’Iranien.
Moins de quatre minutes après avoir touché le sol, le Cessna redécollait. Une heure et onze minutes plus tard, très précisément, il était de retour à Diagoras. Il ne resta pas plus de vingt minutes sur le tarmac. L’agent de service qui arrêta son véhicule devant le Cessna était
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