La malédiction des templiers
celui-là même à qui Steyl avait eu affaire lorsqu’il avait atterri à Rhodes, quelques jours plus tôt. Il n’avait donc pas besoin de procéder à des vérifications supplémentaires. Caché derrière la cloison, à côté du corps inerte de Reilly, Zahed attendit en silence que les formalités soient accomplies. Steyl remplit son plan de vol, signa les documents, obtint le feu vert et fit redécoller son appareil.
La frontière iranienne se trouvait à moins de trois heures de vol.
60
Assise à l’arrière du gros Humvee de la Jandarma , Tess était anéantie.
Après ce qui, pour elle, n’avait été qu’une succession interminable d’aventures toutes plus horribles les unes que les autres, elle avait enfin trouvé quelque chose de gratifiant : un beau rayon de lumière qui avait fini par percer le sinistre linceul dont elle s’était sentie recouverte depuis ce jour fatal, en Jordanie. Malheureusement, cette bouffée d’optimisme s’était dissipée aussi vite qu’elle était apparue. Toute cette exultation, ce soulagement, cette fièvre, annihilés en quelques minutes et remplacés tout aussi rapidement par de sinistres pressentiments et une tristesse irrépressible.
Elle détestait ce sentiment d’impuissance, de défaite, le fait que, une fois de plus, quelqu’un avait pris le dessus sur elle et Reilly. Mais, plus que tout, l’ignorance de ce qui était arrivé à Reilly la remplissait d’effroi et elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer le pire. L’Iranien avait mis la main sur ce qu’il recherchait, il n’avait donc plus aucune raison de rester dans la région. Pas plus qu’il n’en avait de faire preuve de la moindre retenue quant au sort qu’il réservait à Reilly.
Cette seule idée lui retournait l’estomac.
Alertée par l’échange de coups de feu, la police locale avait fait irruption dans la maison de la vieille Turque peu après la fusillade. La Jandarma l’avait relayée peu après. L’Iranien et ses sbires avaient emporté le corps de leur camarade abattu, mais les nombreuses traces de l’affrontement sanglant qui s’était déroulé avaient décuplé la fureur du responsable de la gendarmerie locale. Tess s’était laissé admonester sans réagir tandis qu’il lui reprochait violemment d’avoir quitté leur hôtel à Zelve sans autorisation. Elle avait joué les oies blanches, expliquant qu’elle n’avait fait que suivre Reilly. Elle avait également veillé à minimiser le rôle de la vieille femme, lui faisant comprendre à demi-mot qu’elle ne devait surtout pas mentionner les évangiles ni les œuvres qui se trouvaient dans la crypte.
Apparemment, cela marcha : on les emmena toutes deux au commissariat central de Konya, sous prétexte de les protéger mais certainement aussi pour un interrogatoire. Tess détestait mentir mais elle se consolait en se disant que leur révéler le fond de l’histoire ne les aurait guère aidés dans leurs efforts pour retrouver l’Iranien et ses hommes de main. Tout ce qu’il lui restait à faire désormais, c’était attendre. Attendre et espérer. Peut-être les autorités parviendraient-elles à boucler le pays avant que l’Iranien ne s’en échappe. Avec un peu – beaucoup ? – de chance, ils le coinceraient à un barrage routier quelconque. A moins que ce ne soit à un poste-frontière, ou encore dans un petit aérodrome perdu.
Elle se frotta les yeux, puis se massa les tempes, essayant de chasser la fatigue. Les pensées qui lui venaient ne lui apportaient pas la moindre consolation : toutes évoquaient une sanglante confrontation qui se soldait par un désastre pour l’homme qu’elle aimait.
— Je suis navrée, lui murmura la vieille femme, sa voix douce tirant Tess de l’océan de désespoir dans lequel elle était plongée.
— De quoi ?
— Si je ne vous avais pas envoyé ma petite-fille… Si j’étais restée cachée dans mon coin… Rien de tout cela ne serait arrivé.
Tess haussa les épaules. Ce qu’elle disait n’était pas faux. A l’heure qu’il était, elle et Reilly auraient dû être confortablement installés dans un avion à destination de New York. Mais ruminer ne servait pas à grand-chose.
— Tout n’est pas encore terminé, lui répondit-elle, essayant de se convaincre elle-même.
Le visage de la vieille femme s’éclaira.
— Vous croyez… ?
— Il y a toujours une chance. Et, d’ordinaire, Sean n’est pas le dernier à savoir la
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