La malédiction des templiers
d’aucune violence. On lui avait donné à boire des reconstituants et des fortifiants, et quelqu’un avait été chargé de lui trouver au plus vite des vêtements propres et quelque chose à manger. Tout cela s’était déroulé pour elle comme dans une sorte de brouillard, à l’exception d’une question qui était demeurée fermement ancrée dans son cerveau :
Rome ?
Mais comment diable suis-je arrivée à Rome ?
Elle leva la tête vers Reilly, qui parlait aux infirmiers. Il dut sentir qu’elle le regardait car il se tourna vers elle et lui sourit. Elle ne le lâcha pas des yeux tandis qu’il remerciait les deux auxiliaires médicaux avant de la rejoindre.
— Comment te sens-tu ?
— Beaucoup mieux depuis que je ne suis plus dans ce foutu cercueil.
Elle avait un million de questions à lui poser mais la tête lui tournait toujours et elle avait du mal à ordonner ses pensées.
— Je te sors de là le plus vite possible. Ils vont te trouver une chambre et un lit.
— Merci.
Sa voix était toujours faible, sa bouche sèche, et ses yeux n’avaient pas perdu leur expression effrayée.
— Il me faudrait un téléphone, ajouta-t-elle. J’ai besoin d’appeler Kim, et maman.
Reilly lui tendit son BlackBerry.
— Tu connais le code d’accès.
— Ouais, dit-elle, un petit sourire complice éclairant son visage.
Une voix venant de la porte les interrompit :
— Reilly ?
L’Américain se retourna.
Doug Tilden, l’attaché juridique du bureau du FBI à Rome, se tenait dans l’encadrement. Grand, les cheveux gris coiffés en arrière, on voyait à ses yeux, que ne cachaient pas d’élégantes lunettes sans monture, que lui aussi était au bord de la rupture.
— On a besoin de toi.
Reilly fit signe de la tête qu’il arrivait, puis se tourna à nouveau vers Tess.
— Si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis à côté, dit-il en lui caressant la joue.
— Vas-y. J’ai largement de quoi faire avec tout ça, répondit-elle en montrant les bouteilles et le téléphone portable, le visage toujours sombre mais s’efforçant néanmoins de sourire.
Il était sur le point de se lever quand Tess l’arrêta en l’agrippant par le bras et l’attira à elle, son visage proche du sien à le toucher.
— Désolée, dit-elle. Je ne pouvais pas m’imaginer que…
Reilly l’interrompit d’un léger mouvement de tête.
— Surtout n’y pense plus. OK ?
Sans le lâcher des yeux, elle attira Reilly plus près encore et l’embrassa doucement sur les lèvres.
— Merci, murmura-t-elle. Merci de m’avoir retrouvée.
Il sourit, son regard lui faisant clairement comprendre que son soulagement était partagé, puis se leva pour rejoindre Tilden.
— Ah çà, on peut dire que tu nous as fourrés dans un beau merdier, lâcha ce dernier alors qu’ils se dirigeaient vers le bureau de l’inspecteur général. Pourquoi tu ne nous as rien dit avant ? On aurait pu t’aider.
Agent fédéral de carrière, Tilden était attaché juridique de l’antenne du Bureau à Rome et, à ce titre, responsable des opérations du FBI en Italie ainsi que des relations avec les différents organismes de police dans le sud de l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique non francophone. Il avait l’habitude de traiter les situations de crise, mais celle-ci avait à l’évidence fait exploser la cote d’alerte de son baromètre personnel. Sa présence ne facilitait guère les choses pour Reilly, qui le connaissait de longue date : ils avaient travaillé ensemble, bien des années auparavant, dans une affaire conjointe avec la DEA 1 . Une mission pénible qui s’était achevée en tragédie, tout comme aujourd’hui. Les deux fois, des passants innocents y avaient laissé la vie, avec cette différence que, à l’époque, c’était Reilly lui-même qui avait tiré le coup de feu fatal. Cette fusillade n’avait jamais cessé de le hanter, souvenir particulièrement douloureux qu’il aurait préféré ne pas voir resurgir du seul fait de la présence de Tilden. Et surtout pas aujourd’hui.
— Tu sais bien comment ça peut se passer, Doug.
— Et puis, il s’agissait de Tess, pas vrai ?
Reilly lui adressa un coup d’œil entendu, dont Tilden accusa réception, à contrecœur, par un petit hochement de tête.
— En tout cas, reprit-il, je suis ravi que tu leur aies dit que tu étais là pour motifs personnels. Cela m’évite au moins d’avoir toute la pression sur mes
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