La malédiction des templiers
logiciels particulièrement complexes, dits « de maintien stationnaire », étaient indispensables pour garder le satellite au-dessus de son objectif pendant de longues périodes de temps. Et comme ces oiseaux d’un genre nouveau devaient être déployés à une altitude de trente-cinq mille kilomètres pour que cette tâche puisse être exécutée, ils devaient être équipés d’une technologie extraordinairement avancée dans le domaine de l’imagerie. Ce pourquoi ils étaient plus gros qu’un autobus et coûtaient plus de deux milliards de dollars pièce, à en croire la rumeur – pour peu qu’ils existent, bien sûr. Et ce aussi pourquoi la demande excédait largement l’offre.
La demande de Reilly fit grimacer le chef de station.
— Aucune chance. Avec tout ce qui se passe dans cette région du monde particulièrement idyllique, ils fonctionnent à plein régime. Impossible d’en obtenir un. Et d’ailleurs, je ne crois pas qu’on pourrait les réorienter dans le laps de temps que vous venez d’évoquer.
— On doit trouver quelque chose, insista Reilly. Ce type a déjà fait de sérieux dégâts et il a bien l’intention d’en provoquer d’autres.
Le chef de station écarta les mains en signe d’apaisement.
— Pour ça, faites-moi confiance. Un RQ-4 vous donnera toute satisfaction, et plus encore. Nos gars en Irak et en Afghanistan ne jurent que par eux. Et d’ailleurs… vous n’avez pas d’autre solution. Donc, si vous voulez mon avis, sautez dessus et croisez les doigts.
L’homme de la CIA minimisait sciemment les talents du Global Hawk. Il s’agissait d’une étonnante merveille de la technologie. Sorte de gros avion avec une envergure de plus de trente mètres, ce drone sans pilote, contrôlé à distance, était capable de franchir près de cinq mille kilomètres jusqu’à la zone qu’on lui avait fixée pour objectif, où il était en mesure de demeurer en « longue résidence », autrement dit de passer plusieurs heures à surveiller le même endroit, et en « couverture large ». Il pouvait transporter toutes sortes de dispositifs d’imagerie et de radars – électro-optiques, infrarouges, à ouverture synthétique – et renvoyer des images de la cible, jour et nuit, quel que soit le temps. D’un coût unitaire de trente-huit millions de dollars, c’était un outil extraordinairement efficace et bon marché permettant d’obtenir ce que les Américains baptisaient l’IMINT – Imagery Intelligence, ou Renseignement par Imagerie – sans courir le risque de se retrouver avec une catastrophe à la Gary Powers sur les bras.
Le chef de station étudia de nouveau la carte de la montagne.
— Bien. Maintenant, en partant du principe que nous allons en obtenir un, il nous reste un certain nombre de problèmes à régler. Pour commencer, il y a beaucoup trop de voies d’accès pour qu’on puisse les surveiller toutes en permanence. La zone qui nous intéresse est trop vaste pour être observée vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec une résolution suffisante à tout moment. A moins que nous ne puissions la réduire, nous devrons tourner autour. Auquel cas nous risquons de rater notre cible.
— C’est toute l’information dont nous disposons jusqu’à présent, grommela Reilly.
Le chef de station réfléchit un moment avant de conclure, en hochant la tête :
— OK. Je vais contacter Langley et voir si les gars de Beale peuvent nous en libérer un vite fait.
— Nous n’en aurons besoin que pour un jour ou deux, lui rappela Reilly. Mais il nous le faut tout de suite. Autrement, ça ne vaut même pas la peine.
— On va donner quelques coups de pied bien sentis là où je pense, ça devrait faire l’affaire, réaffirma l’homme de la CIA. Cela dit, on ne sait toujours pas ce qu’on cherche exactement, hein ?
— Trouvez-moi de bons yeux, fit Reilly. Je veillerai à ce qu’ils aient quelque chose à rechercher.
Il retrouva Tess dans une salle d’interview vide, installée à une table recouverte de grandes cartes. Son ordinateur portable était ouvert à côté d’elle et elle semblait plongée dans de profondes réflexions. Elle ne remarqua sa présence que lorsqu’il se planta à sa droite.
— Alors ? demanda-t-elle en levant les yeux vers lui. Comment ça s’est passé ?
D’après le ton de sa question, les préoccupations de Reilly se lisaient sur son visage. Il haussa les épaules.
— Impossible d’obtenir le
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