La malédiction des templiers
de Cilicie.
— Aujourd’hui le col de Gülek, ici, dit Sully en désignant l’endroit du doigt. C’est la seule voie d’accès commode pour traverser les monts du Taurus.
— Il raconte ensuite qu’il a pris la direction du nord-est, vers le mont Argée. Là, je cite : « Avec les hommes qui m’accompagnaient, nous nous sommes aventurés dans la montagne, avons traversé des vergers riches en pommiers, cognassiers et noyers, puis des prés ou paissaient chèvres et moutons, avant de gravir une pente abrupte et de traverser une petite forêt de peupliers. Là, poursuivant notre ascension, nous sommes passés devant une merveilleuse chute d’eau avant d’atteindre le plus pieux des monastères voués à saint Basile. »
La mine du guide se rembrunit. Il se pencha de nouveau sur la carte, de toute évidence passant mentalement en revue les différents sites qu’il avait croisés dans la région au fil des années, avant de lâcher au bout d’un moment :
— Bon. S’il est parti de Baberon, il a probablement suivi ce chemin, c’est une voie commerciale utilisée depuis des siècles, fit-il en montrant les zones qu’il mentionnait. Et sur ce versant de la montagne, je pense à trois, peut-être quatre cascades spectaculaires qui, chacune, pourraient bien être celle dont il parle. Même chose pour les arbres, on les trouve à plusieurs endroits dans le coin, expliqua-t-il d’une voix qui avait perdu de son entrain. Vous n’avez rien d’autre ?
— Voyons voir… Il décrit le coucher de soleil à l’horizon, au loin, ce qui nous indique qu’il se trouvait quelque part par là, sur l’une des crêtes de la montagne orientées à l’ouest. Mais il y a plus, une référence intéressante à quelque chose qu’il aurait vu en chemin, ajouta Zahed. Quelque chose qu’il décrit avec des mots exprimant un profond respect : une pierre provenant du vaisseau de Dieu, sur laquelle auraient été gravés des croix et le signe de Nemrod.
— Le signe de Nemrod ?
— Un losange, expliqua Zahed. Nemrod. De la Bible des Hébreux. L’arrière-petit-fils de Noé, le premier roi après le Déluge.
Le visage du guide s’éclaira.
— Une grosse pierre avec des croix gravées dessus. Provenant de l’Arche.
— Cela vous dit quelque chose ? interrogea Zahed.
Sully hocha la tête, les pièces du puzzle trouvant peu à peu leur place dans sa cervelle, avant de lancer avec un sourire entendu :
— Allez, on part retrouver votre fichu monastère.
Il replia la carte et partit au trot vers sa voiture.
— Vous me suivez, OK ? cria-t-il en se retournant vers ses clients. La première partie du trajet ne pose pas de problèmes !
— Très bien, on vous suit ! répondit Zahed.
Il regarda le guide démarrer la Toyota, puis se tourna vers Simmons et lui adressa un petit signe de tête satisfait.
— Allons retrouver ce fichu monastère, « Ted ».
Quelques minutes plus tard, les deux 4 × 4 se lançaient à l’assaut de la montagne.
27
Sous les rayons du soleil matinal, les eaux du Bosphore étaient nimbées de merveilleux éclats mordorés quand le petit jet survola Istanbul avant de faire passer Reilly, Tess et Ertugrul d’un continent à l’autre, d’Europe en Asie. L’appareil, un Cessna Citation VII blanc de l’armée de l’air turque, avait pour destination la ville de Kayseri, au cœur du pays. Là, une unité des forces spéciales turques les attendrait pour les conduire dans les montagnes.
Tandis que l’avion grimpait pour atteindre son altitude de croisière, Reilly regardait sans vraiment le voir le paysage de dômes et de minarets qui filait au-dessous de lui. Il avait du mal à garder les yeux ouverts. Il n’aurait su dire combien de tasses de café il avait absorbées au cours des dernières vingt-quatre heures, un nombre qu’il aurait fallu en toute logique multiplier par deux ou trois pour tenir compte de la puissance du café turc. N’empêche, il lui faudrait rapidement prendre un peu de repos, s’il voulait se montrer efficace au cours de l’opération à venir.
Tous trois avaient travaillé jusqu’à une heure tardive au consulat, et, plutôt que de se préoccuper de trouver des chambres d’hôtel, ils avaient décidé de finir la nuit sur place. Tess avait passé son temps à essayer de deviner la destination finale de Conrad et de ses hommes, tandis que Reilly et Ertugrul avaient épluché durant des heures tous les rapports transmis à leurs
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