La malédiction des templiers
supérieurs par les correspondants locaux des services secrets turcs et de la CIA, à l’affût d’une information sortant de l’ordinaire, susceptible d’être rattachée au poseur de bombes du Vatican. Ils avaient par ailleurs passé nombre de coups de fil à leurs propres supérieurs à New York, Langley, et à Fort Meade, siège de la NSA, où l’on analysait toutes les conversations téléphoniques, pour trouver toute information susceptible d’aider à répondre à la question la plus pressante du moment : par quel moyen le terroriste pouvait-il se rendre d’Istanbul à sa destination supposée ?
Alors que le soleil s’élevait au-dessus de l’horizon, ils n’avaient aucune réponse à leurs interrogations. Chou blanc sur toute la ligne. Tout ce dont ils disposaient, c’était la dernière mise à jour de la Polis locale donnant le nombre, la marque et l’immatriculation des voitures volées à Istanbul et dans ses environs au cours des dernières quarante-huit heures. Ils ne furent pas surpris d’apprendre que ce nombre, cinquante-sept, était relativement limité, compte tenu du court laps de temps écoulé. En étudiant attentivement la liste, Reilly et Ertugrul avaient pu en éliminer plus de la moitié en partant du principe que celles-ci n’étaient guère adaptées pour un périple d’une durée variant entre dix et douze heures. Ils avaient ensuite attendu que les données soient transmises au réseau d’information et de sécurité de la police, dispositif reliant plus d’un millier de caméras de surveillance disséminées dans la ville à un centre permettant de localiser les voitures et de lire leurs plaques minéralogiques. Plusieurs des véhicules répertoriés par leurs soins avaient été repérés par la vidéosurveillance dans des endroits divers ; et dans la mesure où Reilly et Ertugrul connaissaient la destination de leur cible, ils avaient été à même de réduire encore à quatorze le nombre des voitures susceptibles de retenir vraiment leur intérêt. Peu après l’aube, ils avaient appris par l’Air Combat Command que les autorités compétentes avaient donné leur feu vert pour qu’un Global Hawk soit mis à leur disposition.
Basé à Al Udeid, au Qatar, dans le golfe Persique, l’appareil était en cours d’équipement et serait en position au-dessus de l’objectif vers le milieu de la matinée. La liste des voitures suspectes avait été transmise aux contrôleurs des drones de la 9 e escadrille de reconnaissance de l’US Air Force basée à Beale, en Californie, dont les ordinateurs analyseraient les bandes vidéo transmises par le drone pour repérer le véhicule qu’ils recherchaient.
Dès lors, il ne leur restait plus qu’à attendre. En croisant les doigts et, dans le cas de Reilly, en essayant de ne pas ressasser les événements récents et les erreurs éventuelles qu’il aurait pu commettre.
Il releva la tête vers le siège en face de lui. Tess sentit le poids de son regard et quitta des yeux son ordinateur portable. Même après une quasi-nuit blanche dans l’inconfort d’une salle de travail du consulat, la lueur qui brillait dans ses yeux et le petit sourire malicieux qui relevait le coin de ses lèvres étaient toujours là. Il se sentit obligé de sourire à son tour, un pâle sourire qui ne gagna pas ses yeux.
La jeune femme s’en rendit compte.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-elle.
Trop fatigué pour engager une conversation, Reilly préféra éluder la question en en posant une à son tour :
— Alors, tu as trouvé quelque chose ?
Elle le fixa un long moment, se demandant si elle devait ou non le pousser dans ses retranchements. Puis elle baissa les yeux vers son écran et répondit :
— Je crois. Je ne suis pas sûre que cela suffise à nous permettre de retrouver la tombe de Conrad sans savoir sur quel versant de la montagne se trouve ce monastère, mais ce n’est pas impossible.
— Montre-moi, dit-il en se penchant en avant.
Tess tourna son ordinateur de façon qu’il puisse voir l’écran, et pointa du doigt la carte qui l’occupait.
— Dans la lettre qu’il écrit avant de mourir, le moine dit qu’il a appris que Conrad et ses hommes se rendaient à Corycus, qui se trouve là, sur la côte, dit-elle en montrant l’emplacement d’une petite bourgade, sur la côte sud du pays. La ville s’appelle aujourd’hui Kizkalesi.
— Son information était peut-être erronée, objecta Reilly.
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