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La malédiction des templiers

La malédiction des templiers

Titel: La malédiction des templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Raymond Khoury
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chèvres angoras qui faisaient la réputation de la région – broutaient paisiblement les herbages arides tandis que, dans le ciel, des volées de pinsons roses piquaient sur les intrus pour voir à qui ils avaient affaire avant de reprendre leur ballet aérien.
    En dépit de la quiétude toute pastorale qui l’entourait, Zahed ne se sentait pas tranquille. Le temps filait à toute allure, temps qui permettrait peut-être à Reilly et à ses autres ennemis de retrouver sa trace et de resserrer leur étau autour de lui, et voilà qu’il se retrouvait là, dans ces montagnes, lancé dans une randonnée décidée sur la base d’informations plus que parcellaires et avec guère plus que l’espoir que le guide étranger qu’il avait sélectionné à la hâte sache ce qu’il faisait.
    Simmons n’avait pratiquement pas ouvert la bouche depuis qu’ils avaient entamé leur ascension, ce qui était très exactement ce que Zahed lui avait enjoint de faire. A la grande irritation de l’Iranien, l’incessant bavardage de Sully compensait en revanche plus que largement le mutisme de l’archéologue. A l’évidence, le Turc souffrait d’une forme particulière de diarrhée…
    Le terrain devint plus difficile à mesure que la pente se faisait plus raide, et les prairies cédèrent la place à des éboulis d’origine volcanique qui ralentirent leur progression. Loin au-dessus d’eux, des aiguilles rocheuses déchiquetées délimitaient le sommet de la vallée. Ils grimpaient depuis deux heures quand le guide suggéra de faire une halte à l’abri d’un bouquet d’arbres. Il leur tendit des bouteilles d’eau et des sandwichs au sujuk , très épicés, ainsi que des barres énergisantes ; ils avalèrent le tout sans se faire prier tout en admirant le panorama, à couper le souffle.
    Le plateau anatolien s’étirait loin en contrebas, plaine sans limites apparentes, aux saisissantes nuances beige mordoré, piquetées d’une série d’ombres. Des montgolfières dérivaient lentement dans le vent, boules de gomme multicolores, survolant les lointains vallons et les gorges invisibles à l’œil.
    Même à cette distance, on distinguait les caractéristiques si particulières qui faisaient que cette contrée offrait certains des paysages les plus insolites et les plus spectaculaires de la planète.
    Plus de trente millions d’années plus tôt, au milieu de l’ère cénozoïque, la région tout entière avait été ensevelie sous les cendres issues des éruptions volcaniques du mont Argée et de deux autres volcans. Ceux-ci avaient craché leur lave et l’avaient répandue alentour à de multiples reprises durant des dizaines de milliers d’années. Lorsque les éruptions s’étaient faites moins fréquentes, les intempéries, les rivières et les tremblements de terre s’étaient ligués pour passer à l’offensive contre ces dépôts volcaniques, qu’ils avaient transformés en tuf, roche de faible densité, très malléable, mélange de lave, de boue et de cendre. Des siècles d’érosion avaient par la suite sculpté dans la plaine vallées et gorges profondes, les enserrant au sein d’un paysage étonnant constitué de formations rocheuses aux ondulations quasi sensuelles évoquant de gigantesques coulées de crème fouettée, d’espaces illimités parsemés de massifs cônes rocheux et de cheminées de fée, étranges aiguilles de tuf d’un blanc éclatant ressemblant à des pointes d’asperge qui auraient été coiffées de chapeaux en basalte brun-rouge défiant les lois de la gravité. Et comme si l’œuvre de la nature n’avait pas encore été assez fantasmagorique, l’homme y avait apporté sa contribution en creusant le tuf tendre partout où il en avait eu la possibilité. Dans les formations rocheuses, de petites cavités de toutes formes et de toutes tailles s’ouvraient, fenêtres des habitations humaines les plus improbables, vallées entières transformées en labyrinthes de cités souterraines, de cellules d’ermites, d’églises taillées dans le roc, et de monastères.
    — C’est beau, hein ? fit Sully.
    — Très, répondit Zahed.
    — Vous êtes iranien, non ? demanda le guide après avoir bu une rasade à sa gourde.
    — D’origine. Ma famille a quitté le pays quand j’avais sept ans.
    Il mentait avec aisance. C’était là un profil dont il avait déjà usé.
    — Le nom de cette région, Cappadoce, est aussi d’origine perse, vous savez, expliqua Sully.

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