La mariage du Viking
attendit un instant. Le Viking demeura immobile.
Alors, la jeune femme se crut victime d’une hallucination, sans doute due à l’alcool qu’elle buvait lentement. Einar n’était pas là.
— Einar…, murmura-t-elle. Ce n’est pas vous. Vous n’êtes qu’une vision… une image que mon esprit vient d’inventer. C’est ce breuvage qui…
Sans hésiter, Meradyce remplit le bol qu’elle avait peu à peu vidé, puis le porta à ses lèvres. Les yeux mi-clos, elle considéra la silhouette immobile et sombre dans l’encadrement de la porte.
— Savez-vous que cette boisson est délicieuse ? Elle me rappelle le temps des moissons, lorsque les garçons du village me poursuivaient de leurs assiduités… Comme je les détestais ! Je voulais tant rester seule. Jamais… jamais, vous m’entendez, je n’ai cédé à l’un d’entre eux. Je… je ne veux pas me marier.
Une main sur le front, Meradyce se leva en titubant puis s’avança lentement vers la silhouette qui semblait écouter.
— Un seul… Un seul était parvenu à me bouleverser. Il m’a embrassée une fois, juste une fois. J’avais quatorze ans. J’étais prête à l’épouser mais… il avait fait un vœu.
Meradyce avala une nouvelle gorgée de liqueur. En face d’elle, la silhouette remua imperceptiblement.
— Si vous pouviez disparaître vous aussi, articula-t-elle dans un souffle. Je sais que vous n’êtes que le fruit de mon imagination… car vous semblez plus doux qu’Einar, plus sensible que lui. Il est pourtant si bon envers Adelar et Betha, mais si dur avec Endera. Je ne comprends pas…
Meradyce vint s’appuyer contre le mur, tout près de la porte où se tenait le Viking.
— J’aurais voulu ne jamais connaître cet Einar, j’aurais voulu qu’il ne se montre jamais attentif à mon égard. Jamais je n’aurais cru que… Pourtant, quand il m’embrasse, je… Non, c’est pure folie ! Je ne peux pas faiblir devant un Viking. Je ne le dois pas !
Meradyce laissa tomber le bol à terre et se prit le visage entre les mains.
— Que m’arrive-t-il ? soupira-t-elle alors. Cet homme n’éprouve rien pour moi. Rien…
Lentement, la jeune femme retourna s’asseoir près de la table, posa la tête sur ses bras repliés et s’endormit.
Un instant, Einar crut percevoir un sanglot, mais préféra croire qu’il se trompait. Alors, après un long regard bouleversé sur la Saxonne, il sortit et s’éloigna dans la forêt.
Chapitre 10
Mieux valait ignorer tout ce qui concernait la Saxonne, tenta de se persuader Einar. Aucune femme ne saurait plus exercer la moindre influence sur lui. Le passé de Meradyce, sa vie même, ne signifiaient rien pour lui. Il ne devait éprouver à l’égard de cette ensorceleuse ni pitié ni tendresse.
En se laissant aller, malgré lui, à écouter les secrets de la jeune femme, un irrésistible sentiment de compassion l’avait saisi — jusqu’à ce qu’elle se mît à évoquer un autre homme. Alors, une jalousie terrible s’était emparée de lui, aussi puissante que celle que Nissa avait su déchaîner en lui.
Depuis lors, Einar restait éloigné de la maison d’Olva. Peu lui importait de voir y entrer Ull ou un autre guerrier avec, dans les mains, de la nourriture, du vin, ou quelque présent destiné à la Saxonne. Lui restait décidé à ne plus lui parler ni même la voir. Il se contentait simplement de l’ignorer.
Le plus souvent, Einar emmenait Adelar avec lui, pour chasser, pêcher ou s’entraîner au combat. Et cela, seulement parce qu’il aimait ce jeune garçon, et que ce dernier semblait apprécier sa compagnie. S’il arrivait à Adelar de parler de Meradyce, le Viking lui opposait une feinte indifférence, et, devant ce manque d’intérêt,le jeune garçon avait fini par conclure qu’Einar n’avait aucune intention d’épouser la Saxonne.
Peu à peu, Adelar se mit à évoquer son père, le seigneur le plus puissant de tous les territoires saxons. Un matin où ils se rendaient à la chasse, il alla même jusqu’à conseiller à Einar de réfléchir à deux fois avant de se mettre en tête d’envahir son pays. Manifestement impressionné, le Viking l’écouta avec attention.
Un jour, accompagné de ses deux fidèles chiens, Einar emmena Adelar jusqu’au fjord, sur le chantier de construction des navires. Ils pénétrèrent dans une grande bâtisse, non loin des embarcadères. A l’extérieur, Adelar s’étonna devant le nombre impressionnant de
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