La mariage du Viking
elle les a protégés jusqu’au bout. Je suis certaine qu’elle n’hésiterait pas à donner sa vie pour eux. Tu sais qu’Einar place la loyauté au-dessus de tout. Si au moins il pouvait voir les qualités de Meradyce !
Après un court instant de silence, Olva ajouta :
— Mais je sais qu’elle ne lui est pas indifférente. S’il ne ressentait rien pour cette femme, Einar ne la regarderait pas comme il le fait. Il ne lui aurait pas offert tous ces présents. Et si Ingemar n’avait pas eu des raisons de la considérer comme une dangereuse rivale, elle n’aurait pas été poussée à accomplir une telle bassesse.
— Tu as sans doute raison, finit par convenir Thorston. Peut-être que ton fils désire cette Saxonne. Mais nous ne savons pas ce que celle-ci éprouve pour lui. Et, pour l’heure, elle est l’enjeu d’une lutte entre Ull et Einar. A condition que ce dernier daigne s’y intéresser, bien entendu.
— Cela semble sans espoir, soupira Olva. Mais, peut-être serait-il plus sage de nous en remettre aux dieux.
— Le dieu chrétien ou ceux des Vikings ? interrogea Thorston en lui tapotant doucement la main.
— Avec Einar, aucun dieu ne sera de trop, crois-moi.
***
De sa paillasse posée à même le sol, Adelar observait Meradyce et Betha qui dormaient côte à côte. Si un homme s’était avisé de couper les cheveux de la jeune femme, avec quelle joie lui aurait-il transpercé le cœur d’une flèche. Mais des femmes…
Adelar se demanda si Einar allait venger Meradyce du terrible affront qu’elle avait subi.
Par ailleurs, Endera prétendait que plusieurs hommesdésiraient épouser la Saxonne. La jeune fille semblait penser que c’était un grand honneur pour Meradyce, mais Adelar savait que celle-ci n’accepterait jamais pareille mésalliance, car aucun Viking ne serait jamais assez bon pour une Saxonne, pas même Einar.
Entendant Meradyce soupirer dans son sommeil, le garçon se sentit un instant assailli par le doute. Si Einar n’était pas un Viking, voudrait-elle de lui ?
C’était un valeureux guerrier, et certainement le seul au village qui fût digne d’elle. Néanmoins, il était impossible que Meradyce éprouvât le moindre penchant pour un ennemi des Saxons. Elle devait même haïr tout ce qui venait des Vikings.
Alors, Adelar prit une ferme résolution : dorénavant, il se ferait un devoir de protéger Meradyce de tous les prétendants indésirables.
***
Allongée sur sa couche, Endera ne dormait pas. La mésaventure de Meradyce l’avait plongée dans le plus grand désarroi. Comment des femmes pouvaient-elles agir de la sorte ? Comment la jalousie pouvait-elle rendre un être aussi vil ?
D’autre part, une peur chaque jour plus tenace lui étreignait le cœur : chaque fois que Ull l’apercevait, il lui souriait ou l’appelait, et elle redoutait qu’il finît par la demander elle aussi en mariage.
Et elle ignorait ce que son père répondrait à Ull s’il venait à demander sa main. Car, bien qu’il n’éprouvât guère de sympathie pour ce géant à la chevelure rousse, Einar serait peut-être heureux de saisir l’aubaine de se débarrasser d’elle. Et Svend pourrait bien accepter cette union, en alléguant que Ull était l’un des plus fiersguerriers du village, et que cette alliance mettrait fin à la rivalité qui l’opposait à Einar.
Dans l’obscurité, Endera soupira. Elle désirait éprouver de la passion pour celui qu’elle épouserait. Les poèmes du barde ne traduisaient-ils pas à merveille l’émotion, les sentiments que faisait naître l’amour ? Combien de nuits avait-elle passées à imaginer les hauts faits qu’un héros accomplirait pour elle ?
Cependant, Ull n’avait rien d’un héros.
Si seulement Endera savait ce que pensait Meradyce de son père et de Ull. Si seulement Einar pouvait épouser une personne aussi douce et chaleureuse que la Saxonne. Jamais elle n’avait vu son père se soucier autant de quelqu’un.
D’autre part, Endera craignait que, si Meradyce épousait Ull, la discorde ne s’aggravât encore entre les deux hommes.
Une autre idée germa soudain dans l’esprit de la jeune fille, qui la plongea dans une profonde angoisse. Et si la douceur et la générosité apparentes de Meradyce cachaient un stratagème pour semer le trouble parmi les Vikings ? Elle n’était après tout qu’une Saxonne, et peut-être cherchait-elle à réveiller de vieilles haines, d’anciennes jalousies,
Weitere Kostenlose Bücher