La mariage du Viking
afin de diviser les guerriers.
Non, Endera ne pouvait croire pareille félonie. Car, dans ce cas, Meradyce n’aurait aucune raison d’aider les femmes à enfanter, et encore moins de lui enseigner comment pratiquer la médecine.
De nouveau, elle entendit Meradyce pousser un soupir, et elle se demanda si la Saxonne dormait. Un instant, elle fut tentée d’aller s’en inquiéter, puis se ravisa de peur que sa nouvelle amie ne se sentît épiée.
***
— Ils ne demandent rien pour Meradyce ? s’étonna Kendric.
Selwyn avait assez l’habitude de marchander pour deviner lorsque quelqu’un, sous des airs indifférents, se montrait intéressé. Et Kendric, malgré le ton calme qu’il s’efforçait d’employer, mourait d’envie de savoir pourquoi l’on ne demandait pas de rançon pour Meradyce. Toutefois, la présence de sa femme, dont les yeux allaient et venaient sans cesse entre les deux interlocuteurs, l’en empêchait.
— C’est ce qu’ils m’ont annoncé, Messire, répondit Selwyn. Mille pièces pour le garçon, cinquante pour la fille, mais pas le moindre sou pour Meradyce.
Kendric s’appuya contre son dossier, et Ludella lâcha un soupir qui ne traduisait nullement le regret qu’elle tentait de montrer.
— C’est grand dommage. Elle était si jolie…
En l’entendant parler de la sage-femme comme d’une morte, Selwyn se demanda alors si celle-ci avait fini par succomber aux avances de Kendric, malgré les rumeurs contradictoires qui circulaient, et si, surtout, la femme du thane avait découvert son infortune conjugale, ce qui expliquerait son désir de savoir Meradyce loin d’ici.
Le petit marchand attendit donc que Kendric lui posât d’autres questions sur la prisonnière, certain que le Saxon exigerait d’en savoir davantage lorsque son épouse lui en laisserait la liberté.
Ludella agrippa le bras de son mari. Elle n’avait rien de très séduisant, et la douleur d’avoir perdu sa progéniture la rendait encore plus laide.
— Nous paierons pour les enfants, n’est-ce pas ?
Kendric lui adressa un regard qui trahissait le peu d’affection qu’il lui portait.
— Bien sûr, nous paierons.
— Parfait, reprit le marchand. Ils reviendront avec les enfants au printemps prochain.
— Mais attention, prévint le thane, qu’ils ne s’avisent pas de nous tromper.
— Ce n’est pas dans les habitudes d’Einar. Il hait la tricherie. Quant à ce qui me revient, pour tous les risques que j’ai encourus…
— Combien veux-tu ? demanda Kendric sur un ton irrité.
— Cinq cents pièces d’argent.
— Quoi ? As-tu perdu la tête ?
— Il n’est pas facile de s’entendre avec ces barbares, lui rappela Selwyn. Un mot de trop et ils n’hésitent pas à vous trancher la gorge.
— Je t’en offre cent.
— Trois cent cinquante, Messire. Le voyage pour arriver jusqu’ici a été très éprouvant. Le temps était épouvantable, le navire fuyait comme une vieille outre percée…
— Cent cinquante, insista Kendric.
— Disons deux cents, et n’en parlons plus.
Selwyn vit alors la femme du thane le pousser du coude, et sut que l’affaire était dans le sac.
— D’accord, marmonna Kendric. Cinquante tout de suite, et le reste quand j’aurai récupéré mes enfants.
Le marchand voulut protester, mais se ravisa aussitôt devant le regard menaçant du Saxon.
— Bien, Messire.
Puis, le thane se tourna vers sa femme et lui annonça d’une voix sèche :
— Nous avons une autre affaire à discuter.
A contrecœur, Ludella se leva. Mais avant d’atteindre la porte, elle précisa à l’adresse de Selwyn :
— Nous paierons tout ce qu’ils demanderont.
Puis elle lui jeta un regard vibrant, afin de l’implorer d’œuvrer au mieux en vue de la libération des otages.
Lorsqu’elle se fut éloignée, Kendric demanda avec une inquiétude mêlée de fureur :
— Pourquoi n’exigent-ils pas une rançon pour Meradyce ?
— Le Viking a refusé, Messire. Il vous fait également dire que vous auriez dû la prendre tant que vous en aviez l’occasion, car il la trouve des plus délicieuses.
La rage empourpra le visage cruel de Kendric, et Selwyn se demanda soudain s’il n’aurait pas mieux fait de garder pour lui les paroles d’Einar. Il régnait déjà assez de mésentente entre Vikings et Saxons. Et pourtant, la discorde se révélait souvent utile au commerce, au moins en ce qui concernait les armes et les esclaves.
— Le
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