La mariage du Viking
rames alignées verticalement contre le mur.
— Les entreposer ici permet d’avoir plus de place pour le bateau, lui expliqua Einar avant de le faire entrer.
Interdit, le jeune garçon considéra l’immense carcasse de bois, dont la proue en forme de serpent s’élançait haut vers le ciel. D’abord effrayé au souvenir du navire qui les avait transportés loin de leur pays, Adelar se vit forcé d’admettre que ces bateaux appelés drakkars constituaient sans doute, avec leur incomparable connaissance de la mer, l’arme la plus importante que possédaient les Vikings.
Le bâtiment promettait d’être plus grand que celui qui attendait, amarré au quai. Comme tous les drakkars vikings, il avait une coque peu profonde, et sa proue, gracieuse et élancée, était conçue pour fendre les eaux tel un cheval lancé au galop.
— Adelar, dit soudain Einar, voici Bjorn, le meilleur constructeur de navires que la terre puisse porter.
Le vieil homme s’approcha d’eux, accueillit le jeunegarçon d’un signe de tête puis s’adressa en langage viking à Einar :
— Il m’assure que le navire sera prêt au printemps, lui traduisit alors le guerrier. Et je peux lui faire confiance. Il construit des bateaux depuis sa plus tendre enfance.
— Enseigne-t-il ses connaissances aux autres ? demanda Adelar avec innocence.
— Certaines, oui. Mais un bon constructeur essaie toujours de nouvelles méthodes. Celles-ci doivent venir du cœur, et Bjorn prétend qu’il sent instinctivement les modifications à apporter ici ou là.
Autour d’eux, dans le vaste espace, des hommes travaillaient sur l’immense bateau, coupant de longues planches, ou taillant des petites pièces de bois. Pour sa plus grande surprise, Adelar remarqua en s’approchant que les panneaux n’étaient pas reliés ensemble par des clous mais par ce qui semblait être des racines d’arbre.
— Cela aide la coque à plier souplement avec les vagues, expliqua Einar en remarquant l’air étonné du garçon.
— Mais… la coque ne prend-elle pas l’eau, ainsi ?
— Un peu, admit Einar. Néanmoins, cela reste le meilleur moyen de préserver la souplesse du navire. Celui-ci doit se mouvoir sous toi comme une femme…
— Je ne comprends pas. Un bateau n’est pas vivant.
— Crois-tu cela ? reprit Einar dans un fin sourire. Sans doute est-ce pour cela que vous, les Saxons, construisez des navires qui ne sont bons qu’à voguer sur les rivières.
Adelar ne put réprimer une grimace. Pourtant, il devait bien admettre, en contemplant les lignes gracieuses du vaisseau, que les Saxons pouvaient beaucoup apprendre des Vikings sur ce sujet.
— Combien d’hommes pourra-t-il emporter à son bord ?
— Assez pour intimider l’ennemi. Viens, maintenant. Allons pêcher.
Adelar leva vers son compagnon un regard surpris. Peut-être avait-il montré un peu trop de curiosité devant la façon dont Bjorn construisait les navires.
Einar le conduisit sur une colline, au bord d’un petit lac qui se transformait plus loin en torrent, pour aller se jeter en cascade dans le fjord.
De sa tunique, le Viking sortit un long fil de lin, au bout duquel pendait un os minuscule en forme de crochet. Il le tendit à Adelar, puis se laissa paresseusement tomber sur la rive herbeuse.
— Montre-moi comment tu pêches, Adelar, dit-il avant de croiser les doigts derrière la tête.
Intrigué, le jeune garçon considéra son compagnon qui, les yeux clos, semblait dormir. Sans doute avait-il besoin de sommeil.
— Adelar ? demanda-t-il pourtant au bout d’un instant.
— Oui ?
— Pourquoi Meradyce n’est-elle pas mariée ?
— Je ne sais pas.
— Aucun homme n’a demandé sa main ?
— Je ne sais pas.
— Y avait-il quelqu’un pour qui elle semblait… avoir du sentiment ?
— Je ne sais pas.
Le cœur d’Adelar battait à tout rompre. Les yeux rivés sur l’eau miroitante, rouge de honte, il se rendit compte qu’il était jaloux. Les questions d’Einar lui déplaisaient souverainement.
— Je veux rentrer, dit-il soudain en remontant la ligne.
— Que t’arrive-t-il ? interrogea Einar sans bouger.
— Rien, mentit-il, soucieux de ne laisser entrevoir à personne — et encore moins à Einar — ce qu’il ressentait pour Meradyce.
— J’ai faim.
— Bois un peu, cela calmera ta faim. Nous allons rester ici encore un moment.
Adelar obéit puis rejeta la ligne dans l’eau.
— Elle est très belle,
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