La mariage du Viking
Viking accepterait peut-être de marchander, Messire, ajouta Selwyn, rusé.
— Je refuse, trancha Kendric avec mépris.
Et, sans laisser au marchand le temps de gémir de nouveau, le thane lui fit signe de se retirer.
Resté seul, Kendric demeura songeur. Il regrettait qu’une telle aventure eût pu arriver à la belle Meradyce, mais il était trop tard. Il l’avait désirée non seulement pour son attrait physique, mais aussi pour sa virginité. Dès lors qu’un autre homme lui avait ravi la priorité, la conquête ne présentait plus grand intérêt. D’autant qu’en esclavage, Meradyce devait perdre peu à peu toute sa beauté.
Alors, il imagina Meradyce nue, sans force, abuséepar un Viking à la puissante musculature, et un désir aussi ardent qu’irrésistible s’empara de lui.
Dans un sursaut, Kendric se leva. Il n’y avait aucune raison de regretter Meradyce et, d’ailleurs, il avait remarqué une nouvelle servante dans sa maison.
***
Seule, Meradyce goûtait au silence bienfaisant de la maison d’Helsa. Endera et Betha, qui l’avaient accompagnée, étaient ressorties à la recherche du chat de la fillette :
Dans un soupir, la jeune femme songea qu’elle ne s’était pas retrouvée seule depuis fort longtemps. N’était-ce pas ainsi qu’elle passait le plus clair de son temps, dans son pays ?
Ici, elle avait l’impression d’être constamment l’objet de la curiosité des autres, qui semblaient la considérer comme une pièce rare. D’autre part, elle savait que plus d’un guerrier la convoitait, mais que ceux-ci avaient bien peu d’espoir de pouvoir rivaliser avec Ull.
Adelar lui-même avait remarqué leur attitude et s’inquiétait pour elle, ce qui la touchait immensément. Cependant, comprenant qu’elle n’avait aucune intention d’encourager ces hommes dans ce sens, le jeune garçon avait relâché un peu sa surveillance. Néanmoins, elle évitait soigneusement de se retrouver seule, au cas où l’un des Vikings chercherait aventure avec elle.
Quant à Einar, depuis que Svend l’avait relevé de sa mission de veiller sur elle, il l’ignorait tout simplement.
Décidée à oublier, ne serait-ce qu’un court instant, les questions oppressantes qui la hantaient, Meradyce se leva pour fouiller chaque recoin de la maison d’Helsa.Sans doute trouverait-elle d’autres herbes ou potions qui lui seraient utiles.
Peu après, au fond d’une niche dont elle n’avait pas soupçonné l’existence lors de ses premières recherches, la jeune femme découvrit plusieurs pots de terre cuite, blancs de poussière. Avec précaution, elle en choisit un dont elle ôta le bouchon de liège. A l’intérieur, elle trouva un liquide brun dont l’odeur lui parut familière. Ce devait être un de ces extraits de pommes pressées, que l’on buvait habituellement les jours d’hiver, pour se réchauffer.
Meradyce s’en versa quelques gouttes dans un bol. La boisson avait la couleur de l’or, et son parfum lui rappela les moissons, les journées de fin d’été, durant lesquelles l’on se prélassait sous les arbres fruitiers.
Assise sur un vieux banc de chêne, près de la fenêtre, Meradyce trempa les lèvres dans le liquide fermenté qui fleurait bon son pays. Un pays où, pourtant, elle vivait bien seule depuis la mort de ses parents. Certes, il y avait eu des hommes désireux de changer sa vie par le mariage, mais elle savait que seule sa beauté les intriguait. Aucun d’eux ne semblait vraiment se soucier des sentiments qui l’habitaient, de ses désirs, de ses aspirations.
A l’exception de Paul. Mais Paul n’avait pas pu — n’avait pas voulu — l’épouser.
Nostalgique, Meradyce avala une gorgée de la liqueur dorée et porta une main à ses cheveux. Si seulement ses mèches courtes pouvaient dissuader les guerriers vikings ! Malheureusement, en apparaissant ce soir-là dans le hall de Svend, elle n’avait fait qu’attirer davantage encore l’attention sur elle. Quelle folie l’avait donc saisie ?
Rougissante, Meradyce revit le désir sur le visage d’Einar, quand elle s’était approchée pour lui servir duvin. Pensait-elle alors exercer quelque pouvoir sur lui ? Espérait-elle ainsi contrôler un peu le cours des choses ? Sans doute…
Comme elle avalait encore un peu du liquide chaleureux, Meradyce crut discerner un léger bruit à la porte. Vaguement étourdie, elle tourna lentement la tête et distingua une silhouette.
Einar.
Elle
Weitere Kostenlose Bücher