La mariage du Viking
Ull.
— Quoi ? s’exclama Siurt en écarquillant les yeux. Tu veux être chef ?
— Oui, lui répondit son frère d’une voix féroce.
— Mais, Einar…
— Au diable Einar, Svend et toute sa progéniture !
— Tu n’as pas assez d’hommes derrière toi, reprit calmement Siurt. Ce serait de la folie. Autant fonder un nouveau village un peu plus loin. Je suis prêt à te suivre.
— J’ai un meilleur plan, affirma Ull. Un plan où les demeurés de ce village puant n’ont pas leur place ! Un plan qui nous procurera un pouvoir immense.
— Mais, de quoi parles-tu ? s’inquiéta soudain Siurt en reculant d’un pas.
— Si nous rendons les enfants saxons à leur père, imagine combien Kendric nous sera reconnaissant…
— Tu veux donc récupérer l’argent de la rançon.
— Je ne veux pas d’argent. Je veux des hommes.
— Tu utiliserais des Saxons contre ton propre peuple ? interrogea Siurt, totalement indigné.
— Contre Svend et ses fils, corrigea Ull. Une fois que je serai chef, je n’aurai plus besoin des Saxons.
— Et s’ils refusent de partir ?
— Nous les tuerons, rétorqua Ull d’un air dédaigneux.
Il semblait convaincu que son plan marcherait. Le thane lui fournirait des armes et des hommes, pour combattre les Vikings qui avaient enlevé ses enfants.Quand Svend et ses fils seraient morts, les autres villageois n’oseraient pas se lever contre Ull, et les Saxons repartiraient, ou mourraient.
— Et la femme ? demanda Siurt.
Ull eut un sourire cruel.
— Si Kendric veut réellement ses enfants, j’exigerai de lui qu’il enlève la Saxonne à Einar et me la donne comme esclave !
— Et Ilsa ?
— Je m’en moque. Elle peut retourner chez son père.
Ull se caressa pensivement la barbe, puis ajouta :
— Ou, mieux encore, je me servirai des Saxons pour attaquer le village de son père. Deux villages à commander, n’est-ce pas mieux qu’un seul ?
Siurt ne paraissait pas convaincu. Il n’aimait guère l’idée d’utiliser les Saxons, mais, si Ull pensait que son plan aboutirait, il ne l’empêcherait pas de tenter l’aventure.
— Quand prévois-tu d’agir ? interrogea-t-il d’une voix résignée.
Ull frissonna sous le vent glacé avant de répondre :
— Nous prendrons la mer dès les premiers jours du printemps. Einar est toujours trop prudent ; nous partirons pendant que lui attendra encore que le temps soit parfait.
— Nous n’avons pas de vaisseau, lui fit judicieusement remarquer Siurt.
— Nous en volerons un.
La volonté de Ull de risquer la mort pour voler un navire acheva de convaincre Siurt de l’absolue détermination de son frère. Il n’avait guère d’autre choix que de l’aider dans cette entreprise car, s’il refusait, nul doute que Ull le tuerait pour se débarrasser d’un témoin gênant.
***
Dans un soupir d’aise, Meradyce se blottit contre le corps puissant d’Einar. Aurait-elle osé croire qu’un Viking la rendrait un jour aussi heureuse ?
D’une main délicate, elle lui repoussa du front une mèche blonde. Dans son sommeil, il avait l’air d’un jeune homme. Attendrie, elle lui déposa un baiser sur la joue puis s’allongea à son côté.
Dehors, le vent soufflait tel un loup furieux, et Meradyce sourit en se remémorant la prédiction d’Einar qui avait promis une détérioration soudaine du temps.
Elle espérait qu’il aurait également raison en lui conseillant de ne pas s’en faire à propos d’Adelar, qui s’obstinait à voir en elle un traître à la cause saxonne et refusait de lui parler. Mais si Einar semblait convaincu que l’adolescent finirait par capituler devant leur bonheur conjugal, Meradyce en doutait. La raison et le cœur s’opposaient bien trop souvent.
Einar remua à côté d’elle et la chercha d’une main caressante. Elle sourit, certaine que cette journée commencerait comme toutes les autres depuis que Svend les avait mariés : avec passion, ils se prouveraient leur amour. Meradyce savait aussi que ce soir ressemblerait à tous les autres soirs : Einar la prendrait dans ses bras pour la déposer dans le grand lit… où ils ne dormiraient pas longtemps.
Un bruit résonna alors à la porte, qui la tira de ses rêveries. Meradyce s’assit en tirant pudiquement sur elle la couverture de fourrure.
— Que se passe-t-il ? demanda Einar dans un demi-sommeil.
Il ouvrit les yeux pour découvrir son père sur le seuil, le visage éclairé par
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