La mariage du Viking

un large sourire.
    — J’ai grand regret de te réveiller, mon fils, mais ton épouse est demandée au chevet d’Asa.
    — Asa ? interrogea Meradyce, soudain inquiète.
    — Oui. Il semble que l’heure est venue pour elle d’enfanter.
    Ignorant la présence de Svend, la jeune femme se leva sur-le-champ et se vêtit à la hâte.
    — Je cours la rejoindre. Pouvez-vous appeler Endera ?
    — Endera ?
    — Elle voudrait apprendre à me seconder. Et j’aurai de toute façon besoin d’elle.
    A son tour, Einar se leva, indifférent d’imposer sa nudité à son père qui, impatient, trépignait sur le pas de la porte.
    — Qu’y a-t-il qui exige tant de hâte ? demanda-t-il en saxon.
    — Asa porte des jumeaux. Ce genre d’accouchement est toujours plus difficile, précisa Meradyce.
    — Asa le sait-elle ?
    Elle répondit d’un signe négatif de la tête tandis qu’elle emplissait un panier d’herbes et autres plantes médicinales.
    — Heureusement, elle a porté ses enfants plus longtemps que la normale, aussi tout devrait-il bien se passer. En tout cas, sois certain que j’essaierai de la soulager au mieux…
    Einar n’en doutait pas un seul instant, car, chaque jour qui passait, son épouse lui inspirait davantage confiance.
    Lorsqu’elle fut prête, elle se rua dehors et courut jusqu’à la maison des bains, dont elle connaissait à présent parfaitement le chemin. Einar et Svend partirent de leur côté à la recherche d’Endera.
    Comme les deux hommes entraient chez elle, Olva les accueillit avec chaleur.
    — Einar ! Svend ! Quelle surprise ! Que me vaut l’honneur de votre visite ?
    Tous deux sourirent au ton moqueur de la vieille femme, tandis que Betha surgissait du fond obscur de la grande pièce, pour se précipiter vers eux.
    — Regardez mon nouveau petit chat ! s’exclama-t-elle en brandissant devant eux une boule de poils noirs et soyeux.
    — Il est adorable, reconnut Einar avant de se tourner vers sa mère. Meradyce a besoin d’Endera.
    — Ah, est-ce pour Asa ?
    — Oui, répondirent les deux hommes à l’unisson.
    — Est-ce qu’elle va avoir ses bébés maintenant ? interrogea Betha.
    — Oui, ma petite, répliqua doucement Olva.
    Einar et Svend jetèrent un même regard étonné à la fillette, étonnés qu’elle s’exprimât aussi bien en langage viking.
    — Que veut-elle dire par « ses » bébés ? demanda Svend.
    Mais Olva s’empressa d’ignorer la question de son ex-époux.
    — Adelar, Endera est allée traire les chèvres. Trouve-la, je te prie, et dis-lui que Meradyce a besoin d’elle.
    Einar n’avait pas aperçu le garçon, dans l’obscurité. Comme celui-ci sortait sans un mot, le Viking ne manqua pas de remarquer la haine dans son regard.
    Aurait-il dû montrer plus de tact envers le jeune Saxon ? Ce dernier devait pourtant comprendre le besoin d’Einar de se trouver auprès de sa merveilleuse épouse. Aux dires d’Olva, Adelar passait de plus en plus de tempsavec Thorston, ce qui semblait lui faire oublier ses noires pensées et sa jalousie. Mais l’amertume féroce qu’Einar avait lue dans les yeux vindicatifs ne l’assurait que trop du contraire.
    — Que voulait-elle dire par « ses » bébés ? répéta Svend.
    — Meradyce pense qu’Asa va mettre au monde des jumeaux.
    — Par les yeux d’Odin ! Deux enfants ! Ce sera bien la première fois que j’aurai des jumeaux !
    — Sans doute, mais, en attendant, ce n’est pas toi qui vas les mettre au monde ! lui fit remarquer Olva. C’est ta femme. Va donc voir si elles ont besoin de quelque chose, là-bas : de l’eau ou des couvertures.
    — Asa ne m’a pas dit qu’elle attendait une double naissance, insista Svend.
    — Elle l’ignore, intervint Einar.
    — Au nom de Freya, pourquoi ?
    — Parce que Meradyce n’a pas voulu l’inquiéter en le lui annonçant.
    — Ah…, articula Svend, soudain alarmé par l’idée qu’Asa puisse courir quelque danger.
    — Meradyce prétend que tout devrait bien se passer, parce qu’Asa les a portés au-delà du terme, le rassura Einar.
    Se tournant vers lui, Svend jeta à son fils un regard reconnaissant avant de lui plaquer une paume amicale sur l’épaule.
    — On dirait que tu as été bien inspiré en ne la tuant pas, mon fils. Au début, j’avais quelque peu douté de ta sagesse.
    Dans un sourire, Einar répliqua :
    — Je pars à la maison des bains pour voir si elles ont besoin de quoi que ce