La mariage du Viking
qu’elle conseillait toujours à ses malades lorsqu’ils allaient un peu mieux ?
Elle allait dormir, d’un sommeil tranquille et paisible. Car, devant le désarroi qu’il montrait, elle savait maintenant combien Einar l’aimait.
Mais avant cela, Meradyce voulait articuler quelques mots, qui l’assureraient qu’elle l’avait entendu. Dans un effort immense, elle parvint à articuler :
— Mon bien-aimé…
Puis, elle sombra dans l’inconscience.
Atterré, n’osant croire qu’elle lui avait parlé, Einar contempla longuement la jeune femme.
Ses dernières nuits avaient été peuplées de cauchemars, durant lesquels il avait visité Niflheim, le pays des morts, noir et glacé, où régnait l’ombre éternelle. Ainsi avait-il entrevu ce que serait la vie sans Meradyce. Elle qui n’était que lumière et chaleur.
— Endera ! appela-t-il alors. Elle a parlé !
La jeune fille s’approcha et toucha le front de Meradyce. Puis elle se tourna vers son père en souriant.
— Le pire est passé, annonça-t-elle d’une voix douce.
Un fol espoir naquit en lui.
— Vivra-t-elle ?
— Elle vivra.
Rejetant la tête en arrière, Einar poussa un immense soupir de soulagement.
Un long moment passa, durant lequel Endera s’occupa dans la cuisine, non sans se demander si elle devait rester au chevet d’une malade en voie de guérison.
— Endera ?
Lentement, elle se retourna pour voir son père s’avancer vers elle, avec dans le regard une lueur chaleureuse qu’elle ne lui connaissait pas. D’abord surprise, elle sentit son cœur battre de bonheur.
— Ma fille, dit-il simplement avant de l’étreindre. Je te remercie.
Dans un sanglot étranglé, Endera se blottit contre l’épaule du père qu’elle pouvait enfin aimer.
***
— Ingemar ? appela Lars à voix basse.
Sans réponse de sa compagne, il grimaça. Parti vendre les quelques bijoux qu’Ingemar lui avait confiés, Lars était resté absent la journée entière. Dans la soirée, il avait rencontré de vieilles connaissances qui l’avaient entraîné dans une taverne pour y boire de l’ale.
Peut-être refusait-elle de répondre parce qu’elle était fâchée contre lui.
— Ingemar ? répéta-t-il en s’approchant du lit.
Sigrid, qui guettait son arrivée depuis des heures, le rejoignit dans la chambre. Elle aimait cet homme à la chevelure brune et au visage avenant, et regrettait qu’il se fût amouraché de cette désagréable créature.
— Elle n’est pas là, annonça-t-elle.
— Où est-elle partie ?
— Elle s’est bien gardée de me le dire, répondit Sigrid dans un haussement d’épaules.
— Et quand est-elle sortie d’ici ? demanda Lars, totalement déconcerté.
— Juste après toi.
— Mais où a-t-elle bien pu se rendre ? Elle ne connaît personne en ville.
— Je n’en ai pas la moindre idée.
Sigrid allait repartir quand elle se rappela un détail, qui l’avait frappée sur le moment, mais auquel elle n’avait plus songé ensuite.
— Elle portait un baluchon avec elle.
Lars eut l’impression qu’un poignard lui transperçait le cœur. Il se mit à fouiller fiévreusement la chambre à la recherche des affaires d’Ingemar. Lâchant un soupir de pitié, Sigrid sortit.
Rien. Il n’y avait plus rien. Ingemar avait emporté tout ce qui lui appartenait et avait disparu.
Durant un moment, Lars demeura immobile dans la pièce. Elle l’avait bel et bien trahi.
Puis, une pensée foudroyante lui vint à l’esprit. Ingemar était la fille d’un constructeur de navires ; elle avait donc des connaissances qui pouvaient servir aux ennemis des Vikings.
Elle avait posé tant de questions sur les Saxons ; elle avait tant voulu savoir comment Einar était entré en relation avec eux. Alors, la certitude affreuse, incroyable s’imposa à son esprit : pour se venger de son humiliation, Ingemar projetait de passer à l’ennemi !
Saisi de fureur, Lars s’empara de son épée et de sa hache. Elle avait de l’avance sur lui, mais il la rattraperait ! D’une manière ou d’une autre. Même s’il devait pour cela s’aventurer seul en pays saxon !
Chapitre 16
Derrière ses paupières mi-closes, Meradyce observait Einar et Endera. Elle n’avait pas rêvé. Ils parlaient entre eux à voix basse, et le regard du Viking pour sa fille trahissait une réelle affection.
Ainsi, songea-t-elle, sa maladie avait au moins permis à Einar de franchir le fossé qui le séparait
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