La mariage du Viking
suivre la cérémonie. Devant sa détermination, le Viking comprit que toute tentative de l’en décourager serait vaine.
Parmi les villageois réunis autour de la petite tombe, beaucoup de femmes pleuraient. Ilsa elle-même, à qui tous reprochaient son cœur de pierre, versa une larme.
Personne ne prononça une parole, excepté Olva et Meradyce, qui récitèrent des prières en saxon et en latin. Adelar préféra s’asseoir bien à l’écart pour assister à la cérémonie, puis repartit seul quand tout fut achevé.
Les jours qui suivirent, Meradyce chercha à s’occuper l’esprit par tous les moyens. Chaque nuit, elle se donna à Einar avec une passion fiévreuse, comme si elle tentaitd’oublier le drame et ne parvenait à s’endormir que totalement épuisée.
Un matin, alors qu’elle sommeillait encore au côté d’Einar, la jeune femme fut saisie d’une toux sèche et alarmante. Inquiet, son époux se rendit compte qu’elle tremblait de tous ses membres, alors que les couvertures de fourrure leur prodiguaient une douce chaleur.
— Meradyce…, murmura-t-il.
— Einar…, répondit-elle en roulant sur le côté.
En découvrant le visage de son épouse, le Viking réprima un sursaut d’horreur. Meradyce avait les yeux cerclés de sombres cernes noirs, son teint était blême, et ses lèvres desséchées. Elle se mit alors à tousser et, cette fois, il aperçut un peu de sang s’écoulant au coin de la bouche.
Meradyce allait mourir, elle aussi !
Frappé de terreur à cette idée, Einar se ressaisit aussitôt et jura devant les dieux qu’il ne laisserait jamais la maladie lui arracher sa femme.
Il se précipita hors du lit et passa ses vêtements.
— Je cours chercher Endera.
— Non, personne ! le pria la jeune femme en tendant vers lui une main suppliante. Apporte-moi seulement mes plantes médicinales, et laisse-moi.
— Cela est hors de question, Meradyce.
— Tu pourrais… attraper mon mal.
— Je n’attraperai rien du tout, corrigea Einar d’une voix implacable.
Elle voulut sourire devant sa fière détermination, mais sa poitrine la brûlait atrocement. Une nouvelle quinte de toux la secoua. Trop faible pour résister à la volonté d’Einar, Meradyce cessa de lutter. Seul lui restait l’espoir qu’il n’attraperait pas mal à son tour.
— Dis-moi ce que je dois faire, demanda-t-il.
D’une voix à peine audible, elle lui expliqua comment fabriquer les remèdes qui la soulageraient, et la guériraient… peut-être.
Einar s’apprêtait à sortir, quand il fit soudain volte-face pour venir prendre la main de sa femme et annoncer d’une voix grave :
— Tu ne mourras pas, ma bien-aimée. Tu ne dois pas mourir !
***
L’affaiblissement de Meradyce ne cessa de s’accentuer au cours de la journée. Par tous les moyens, Einar tenta de lui faire avaler un peu d’eau ou du vin, mais elle fut bientôt trop atteinte par le mal pour accepter quoi que ce fût.
Dans la soirée, Endera rejoignit la maison de son père.
— Meradyce est très malade, lui dit-il sur le pas de la porte. Tu ne dois pas entrer.
Sans l’écouter, Endera se força un passage à l’intérieur.
Einar la repoussa brutalement.
— Je t’ordonne de ressortir. Sa maladie est contagieuse.
D’une voix glaciale, le regard vrillé dans celui de son père, Endera rétorqua :
— Je vais la soigner. Je sais ce qu’il faut faire.
— Mais si tu tombes malade…, objecta Einar.
— Eh bien, il sera toujours temps d’aviser. Maintenant, laisse-moi faire.
Ce n’était pas une requête mais un ordre.
Einar hésita. Les instructions de Meradyce avaient été trop brèves et confuses. Endera serait-elle capable de lui venir en aide ? Elle était si jeune. Aurait-elle assez de sagesse et de savoir pour guérir la jeune femme ?
La mort dans l’âme, Einar se résolut pourtant à s’en remettre à sa fille. Elle semblait si calme, si sûre d’elle-même…
Il allait donc se fier en son jugement. D’un simple signe de la tête, il fit comprendre à Endera qu’elle avait toute liberté d’agir.
Sans attendre, la jeune fille se rua au chevet de Meradyce. Elle lui posa une paume sur le front, colla l’oreille à sa poitrine et écouta longuement. Puis elle renifla la potion qu’Einar avait préparée sur les conseils de sa femme. Enfin, elle jeta un coup d’œil dubitatif au bol de bouillon laissé intact sur la table, près du lit.
— A-t-elle avalé quelque chose,
Weitere Kostenlose Bücher