La mariage du Viking

voulait pour cet homme, mais pas ainsi.
    Tous les soldats saxons imitèrent leur chef. Alors, Einar baissa les yeux sur l’arme rejetée par Kendric. L’épée de Lars !
    — Où sont ma femme et ma fille ? demanda-t-il en s’approchant du thane. Où est celui à qui appartient cette épée ?
    Par ce geste, Einar espérait que Kendric se jetterait sur son arme, et qu’alors il pourrait le frapper.
    — Partis… Et, mort, répliqua Kendric d’une voix blême.
    — Qui est parti, et qui est mort ? s’écria Einar.
    — L’homme… l’homme est mort. Les femmes sont parties, depuis deux jours.
    — Vendues ?
    — Non, elles se sont échappées. Elles ont quitté le village…
    — Tu mens ! hurla Einar, fou de rage.
    — Il dit la vérité, intervint soudain Adelar en émergeant de derrière la rangée de soldats. Regarde la rivière. Le bateau de mon père est parti. Elles l’ont pris, il y a de cela deux jours.
    Einar plongea son regard dans celui du jeune garçon, et sut qu’il pouvait le croire. Les femmes et les enfants s’étaient échappés !
    — Meradyce, Endera et les autres… Ont-elles été maltraitées ?
    — Non, répondit fermement Adelar.
    Einar sentit un immense soulagement l’envahir.
    Mais sa joie fut de courte durée. Comment leurs deux vaisseaux ne s’étaient-ils pas croisés ? Sans doute le navire saxon avait-il atteint la mer avant qu’eux-mêmes n’aient rejoint la rivière.
    — Elles sont donc parties… sans personne pour les aider ?
    — Oui, répondit Adelar non sans un sourire ironique qui révélait sa complicité.
    Einar acquiesça, en espérant que le jeune garçon comprendrait son remerciement silencieux.
    — Où est Lars ? interrogea-t-il alors.
    — Je ne sais pas de qui tu parles !
    — Pourquoi t’adresses-tu à mon fils ? demanda soudain Kendric.
    — Parce qu’il me dira la vérité, reprit Einar avecmépris avant de se tourner vers Adelar. Ton père avait une épée viking. C’était celle de Lars.
    — Cet homme est mort. Il a attaqué mon père, et ses soldats ont dû le tuer.
    — Avait-il une femme avec lui ?
    — Tais-toi, fils, intervint Kendric d’une voix dure. Ne leur dis rien.
    — Selwyn l’a amenée ici, poursuivit Adelar en ignorant les ordres de son père. Le Viking est venu plus tard pour la châtier de sa traîtrise.
    Einar ferma un instant les yeux, reconnaissant à Lars de ne pas les avoir trahis. Puis, il se tourna vers le thane.
    — Parce que je respecte ton fils, je ne te tuerai pas. Et mes guerriers ne toucheront pas à ce village… pour cette fois.
    Il s’approcha encore de Kendric, et celui-ci put lire dans le regard gris du Viking la haine farouche qui l’animait.
    — Cependant, tu ne mérites pas un tel fils, traître ! Dis-lui comment nous avons appris où se trouvait votre village, comment nous savions qu’il ne serait pas gardé. Dis-lui combien tu nous as payés pour faire tuer ta femme !
    A ces paroles, une rumeur indignée monta des rangs saxons, et le visage d’Adelar blêmit.
    — Adelar, continua le Viking, un jour tu seras à la tête de ton peuple, et les hommes se rassembleront pour marcher à ta suite. Sois un meilleur chef que ton père.
    Sur ces mots, Einar s’écarta et fit signe à ses guerriers de le suivre. Il savait que ceux-ci repartiraient de mauvaise grâce vers le navire, en regrettant de n’avoir pu assouvir leur vengeance.
    Mais, pour l’heure, il importait de retrouver le vaisseau saxon.

    ***
    Des jours durant, Einar et ses hommes fouillèrent la côte. Persuadés que les fugitives n’oseraient pas traverser les mers pour rentrer chez elles, ils remontèrent chaque rivière susceptible de cacher un navire dans ses méandres. En vain.
    Certains commencèrent à croire que les femmes et les enfants avaient été repris par les Saxons, ou que leur vaisseau s’en était allé par le fond, et qu’il était inutile de poursuivre les recherches.
    Hamar se tourna vers son frère, dont le visage montrait une inquiétude chaque jour grandissante. Ce voyage se révélait pour eux tous terriblement éprouvant.
    — Nous n’avons presque plus de vivres, annonça-t-il. Il nous faut rentrer, Einar, ou prévoir de piller un village saxon.
    — Je sais…, répliqua Einar, songeur.
    — Que comptes-tu faire ?
    — Tuer tous les Saxons de cette île maudite. Mais tu as sans doute raison. Il faut rentrer.
    — Et abandonner les recherches ?
    — Il y a