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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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ont dicté votre conduite. Les circonstances ne plaidaient pas en ma faveur. Puissiez-vous avoir prompte confirmation que je suis innocent des meurtres dont vous m’avez soupçonné. »
    Son geste, ses paroles me touchèrent le cœur, mais je dus lui expliquer que je ne lèverais pas publiquement les soupçons dont je l’avais accablé, faute de quoi sa vie et la mienne seraient en grand péril.
     
    À présent, j’étais à peu près certain de connaître le meurtrier de Julien Liorac et de Mathieu Tranchecourt. Et je n’étais pas loin de penser que j’étais aussi sur la piste de ceux qui étaient impliqués dans l’assassinat du commandeur de l’Hôpital, le chevalier Gilles de Sainte-Croix, survenu trois ans et demi plus tôt. Dont on avait tenté de me faire porter le chaperon. Avant de pendre un routier au Bois des Dames.
    Pour m’en assurer, je devais encore vérifier une date sur le registre de la paroisse et prendre le coupable en flagrant délit de trahison, faute de quoi il échapperait à ma justice. Ce ne serait qu’alors que je rendrais public le nom du félon. En fait, cette fois j’étais bien décidé à procéder d’autre façon.
    En promettant à Romuald Mirepoix de la Tour de passer sous silence ses propres confessions, je refis ainsi sur l’heure un autre pacte avec le Diable : en acceptant de cacher sa foi en l’hérésie. Au péril de mon âme. Il acquiesça et me remercia avec une chaleur surprenante.
     
    Nous convînmes de ne rien changer à sa réclusion, dans l’immédiat. Je me contenterais seulement de justifier son élargissement, d’ici deux ou trois jours, sous le prétexte de l’aider à se rédimer vis-à-vis de ses pairs face à l’ennemi, selon les vœux qu’il avait formulés par-devant moi, avais-je l’intention de proclamer. En attendant, Marguerite, René le Passeur et moi, serions toujours les seuls à détenir les clefs de la pièce dans laquelle il était enchefriné depuis plusieurs semaines.
    Le chevalier Romuald Mirepoix de la Tour, autrefois si arrogant, se leva humblement, me prit la main, s’inclina et voulut baiser la bague aux deux chiens braques passant et contrepassant l’un sur l’autre et d’azur à trois lys d’argent que je portais à l’annulaire dextre.
    Je refusai tout de gob son hommage, trop accablé par les errements auxquels m’avait conduits une trop grande impétuosité. Une trop grande hâte à me laisser dicter une conduite en raison de la forte antipathie qu’il m’avait inspirée dès le premier jour.
    Je lui donnai mollement la colée et l’assurai que je placerais les parchemins qu’il me confiait en lieu sûr. Alors que je me retirai, il me dit simplement :
    « Soyez prudent, messire Bertrand. Que le Dieu du Bien vous protège ! » Clic et Clac approuvèrent en jappant. Désormais, mes dogues ne me quitteraient plus d’un pouce.
     
     

     
     
    La nuit tombait. Le ciel, plombé de gros nuages gris et menaçants quelques heures plus tôt, était à présent miraculeusement constellé d’étoiles, comme autant de lutins scintillants qui nappaient la voûte céleste.
    Je me rendis dans le logis du chevalier Guillaume de Lebestourac, hélai au passage Guy de Vieilcastel de retour de chevauchée, lui demandai de prier Marguerite de m’y rejoindre promptement et de venir souper ce soir avant complies avec ses deux compains, Élastre de Puycalvet et Amaury de Siorac : ils me rendraient compte des premiers résultats de leur mission à l’annonce de la levée de l’arrière-ban, de l’état des récoltes et du convoyage du bétail à l’intérieur de la garnison.
     
    En attendant, je lus avec un vif intérêt le mémoire que le chevalier Mirepoix de la Tour avait rédigé.
    Il avouait sa foi en l’hérésie et son appartenance à la confrérie des Frères et Sœurs du Libre Esprit, et tentait de justifier sa foi par des arguments de rhétorique qui frisaient parfois le sophisme. Tout cela ne m’apportait rien de nouveau que je ne sache déjà.
    L’homme reconnaissait avoir tenté d’aider Éléonore de Guirande à récupérer le trésor des hérétiques albigeois pour une noble cause et avoir tenté de se rallier les amitiés du sire de Castelnaud. En vain, affirmait-il. Ce dernier le tenait pour sujet négligeable et Mirepoix de la Tour lui en gardait rancœur.
    Il plaidait la bonne foi : si Éléonore rentrait en possession de sa dot (qu’il confondait avec le trésor), elle serait mieux armée

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