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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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endroit, en quelle librairie, chez quel tabellion se trouverait cet acte ? Vous prêchez le faux pour savoir le vrai !
    — Elle ne s’en souvient plus, Bertrand.
    — J’ai grande peine à gober cet œuf-là.
    — Lâs, messire Bertrand, c’est la triste vérité et c’est grand malheur pour moi. Cela a ruiné mon mariage avec feu ce triste baron, mon époux. »
     
    En l’entendant prononcer ces derniers mots, je bondis :
    — Qu’avez-vous dit ? Feu le baron ?
    — Voyons, Bertrand, ne jouez point les niquedouilles. Nous savons l’un et l’autre que mon mari est défunt. Dieu ou le Diable l’ont rappelé à eux. Je pencherais plutôt pour le Diable.
    — Ma Dame, je ne vous permets pas de tenir de tels propos en ma présence ! huchai-je, le visage congestionné par un soudain accès de chaleur. Comment sauriez-vous que le baron serait mort ? De qui tenez-vous cette stupide et insigne nouvelle ? Par le Sang-Dieu, je vous conjure de m’en livrer le nom !
    — Son nom ? La rumeur, la rumeur, elle courre, messire, elle courre, elle enfle et le savez ! Or donc, quand élargirez-vous la réclusion dans laquelle vous me confinez ? »
    Mes yeux se dessillèrent incontinent. Une seule personne, à part moi, était au courant de la triste nouvelle de la mort de son époux, mon compère. Pourquoi la perfide baronne m’avait-elle livré cette information ? Quel but poursuivait-elle ? Était-ce une façon, peu surprenante de sa part au demeurant, de me mettre en garde ? Ainsi que le chevalier Mirepoix de la Tour l’avait fait, quelques heures plus tôt ? Car je ne doutais pas un seul instant qu’elle n’eût utilisé à dessein, en ma présence, le qualificatif de feu pour désigner le triste état actuel du baron de Beynac.
    « Mon ami, mon gentil damoiseau, mon tendre et doux écuyer servant, ne vous fâchez point. Soyez rassuré ! J’ai gardé le silence. Ma prodigieuse écolière, votre douce Marguerite elle-même, ne le sait pas. Vous auriez pu toutefois m’accorder plus ample confiance. Je regrette de ne pas l’avoir appris de votre bouche. Vous saviez à quel point cette déplorable nouvelle pouvait me réjouir le cœur, déclara-t-elle dans un soupir.
    — Le cœur, vous l’avez aussi froid que votre corps est chaud. Nous reprendrons cet entretien tantôt. Peut-être. Adieu, ma Dame », me révoltai-je en quittant la pièce.
    — S’il plaît à Dieu… » osa-t-elle susurrer d’une voix mielleuse, chargée d’une once de sous-entendus menaçants.
    Je refermai la porte derrière moi et m’éloignai, Clic et Clac sur mes talons. Dorénavant, mes deux écuyers servants me seraient plus utiles pour assurer ma protection rapprochée qu’à surveiller la baronne.
    Loquée à double tour, elle ne pouvait ni me glisser entre les pattes ni être importunée par quiquionques d’autres que nous, Marguerite et moi : seuls, ma jolie lingère et moi, détiendrions à présent les clefs de sa chambre. Et je venais de la verrouiller à double tour.
     
     

     
     
    Dehors, le ciel était plus plombé que l’étoile du matin. Mon sergent d’armes, René le Passeur, m’ouvrit l’accès à la cellule du chevalier Mirepoix de la Tour, puis il se retira.
    Je m’attendais à voir un vieil homme aigri, un vieillard cacochyme et revêche. Il n’en était rien. Le chevalier Mirepoix de la Tour avait retrouvé la sérénité dans l’écriture et la réclusion.
    « Messire Romuald, je suis quelque peu au regret de vous informer que mes yeux se sont ouverts. Je crains que vous ne soyez innocent des crimes dont je vous ai accusé et, si cela se confirme, je vous prierais de m’accorder la rémission de mon erreur pour l’état où je vous ai mené. Si cela se confirme toutefois. Il me reste quelques détails d’importance à vérifier. » Le chevalier leva vers moi ses yeux de moine convers harassé par de longues heures de travail de copiste, me sourit, gratta encore deux mots sur le parchemin que deux galets tendaient sur l’écritoire, y apposa son petit sceau après avoir chauffé un récipient de cire, rassembla ceux qui jonchaient le sol et me tendit le tout en me disant :
    « J’ai terminé le récit de ma triste vie, messire Bertrand. Vous avez là de quoi me faire conduire directement sur le bûcher. Vous m’avez accordé votre confiance, il y a peu. Je vous prouve ci-devant la mienne et vous pardonne pour l’erreur de jugement ou l’absence de clairvoyance qui

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