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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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    « Mais ? Vous disiez mais, il y a un instant sans achever votre question, lui demandai-je brusquement sans lui laisser le temps de respirer.
    — Tout cela est fort beau, mais en quoi le résultat de cette arithmétique, aussi émerveillable soit-il, nous met-il sur le chemin de ma dot ? Quel rapport avec ce que nous supputions du roman du Chevalier de la Charrette ? s’inquiéta-t-elle.
    — Vous avez raison, j’y viens. Il me restait en effet à interpréter un autre des arcanes du texte mystérieux, les croix potencées du parfait carré. Cette fois, vous saurez situer les versets de cet interminable roman de Chrétien de Troyes auxquels se réfèrent les Templiers. Car le texte est d’une telle longueur qu’il est impossible de repérer par une simple lecture les passages qui dévoilent la solution finale de l’énigme. »
    Je reconnus qu’il m’avait fallu encore une bonne semaine de plus pour résoudre ce problème. En effet, la croix des chevaliers de l’Ordre du Temple était une croix pattée et alésée et non une croix potencée. J’en avais déduit qu’on ne pouvait dessiner une croix potencée qu’en partant de la petite escarrie parfaite de quatre cases, situé au centre de l’eschaquier.
     
     
     
     

     
     
    Il était dès lors possible de représenter quatre croix potencées en partant de chacune des quatre cases centrales du plateau. Je m’employai aussitôt à tracer à la plume, l’une des quatre croix potencées en commençant le trait par la case qui correspondait au 20e déplacement du chevalier sur le plateau, et en dessinant le contour sur les autres cases qui la jouxtait :
    Après avoir effectué la même opération et avoir recomposé les trois autres croix potencées dont le centre se situait dans les cases 45,56 et 9 du plateau, je mis en évidence les quatre croix potencées dont le centre coïncidait avec les quatre cases du petit carré parfait, situé au centre de l’eschaquier.
    « En revanche, il vous faudra numéroter chaque ligne du roman du Chevalier de la Charrette. De la première à la dernière », lui recommandai-je en observant attentivement sa réaction : le roman comprenait sept mil cent douze vers très précisément. J’avais moi-même fait le calcul au cours des longues nuits d’insomnie précédentes. Lorsque Éléonore de Guirande avait prêté cet ouvrage à Marguerite.
     
    C’est dire que je connaissais exactement le passage recherché avec tant d’opiniâtreté, mais je me gardai bien de le dire à la châtelaine. Cela l’occuperait de longues heures durant.
    Contrairement à toute attente, elle ne se remochina pas devant la tâche : elle avait parfaitement compris l’intérêt de cette numérotation pour localiser les seuls versets qui ouvriraient les portes d’un des arcanes du manuscrit templier.
    En revanche, elle ignorait encore comment assembler les nombres qui correspondaient aux déplacements du chevalier sur les différentes cases des croix potencées pour situer les versets auxquels se référait l’énigme. Mais, sous le coup d’un fort émeuvement et d’une agitation fébrile, elle omit de me poser la question.
    Elle dut le regretter amèrement, quelque temps plus tard. Un peu trop tard.
     
     

     
     
    Élastre de Puycalvet revenait au triple galop de sa chevauchée. Je l’avais prié de partir reconnaître la direction et la progression des troupes ennemies.
    Essouflé et transi de froid, il me confirma qu’une bataille de trois cents lances, soit six à neuf cents hommes à cheval et gens de pied, faisait route vers nous. La troupe progressait lentement, ralentie par la piétaille, par les archers qui n’étaient point montés et par les lourds charrois qui transportaient les meubles des chevaliers, leur butin et un impressionnant matériel de siège.
    Elle se livrait également à des pillages pour se saisir de toutes les provisions de bouche. Quelques chaumières brûlaient, soit pour punir les paysans qui avaient refusé de leur livrer des vivres, soit pour détruire les champs et nous priver de ressources.
    Une fois de plus, nos manants et nos vilains payaient un lourd tribut à cette guerre stupide qui s’éternisait. Nous redoutions depuis longtemps déjà qu’il en fut ainsi, mais nous étions parés à subir un assaut, bien que le rapport des forces ne fut guère en notre faveur.
     
    Une pluie fine et pénétrante ne cessait de tomber en ce jour de la

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