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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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Vigile de la Toussaint. Le surlendemain, nous célébrerions la mémoire de nos morts en une lente procession aux flambeaux qui convergerait vers la chapelle Saint-Jean et le petit cimetière.
    « Les Godons seront sur nous avant huitaine, affirma l’écuyer.
    — Quelles sont les bannières qui caracolent en tête ? le questionnai-je.
    — Celle de messire de Lancastre, comte de Derby, suivie par celle des maréchaux de son ost et des chevaliers de leur suite. J’ai aussi compté moult penoncels d’Angleterre, de Gascogne, de Béarn et de la comté de Foix.
    — Comment en sommes-nous arrivés là ! Pour que nos nobles compains de ces pays magnifiques rallient la cause de nos ennemis et deviennent leurs hommes-liges ?
    — Par fidélité au duc d’Aquitaine, leur suzerain qui nous vient du second mariage d’Aliénor avec Henri Plantagenêt, deuxième du nom. Le mal a pris ses racines lorsque notre défunt roi, Louis, septième du nom, dit le Jeune, a répudié son épouse et l’a précipitée dans les bras de l’Angleterre, faute d’avoir reçu la descendance qu’Aliénor a donné à son nouvel époux.
    — Messire de Puycalvet, le duc d’Aquitaine, comme tout vassal en notre royaume, est lié par les liens vassaliques à son suzerain. Or le suzerain de l’actuel duc est le roi de France.
    — Oui, messire ; mais vous savez comme moi que la prétention des rois d’Angleterre à la couronne de France ne se serait pas posée en ces termes si les derniers de nos rois capétiens avaient eu un fils ! Charles, quatrième du nom, surnommé le Bel comme son père Philippe, n’en eut pas et la branche des Capétiens s’éteignit à sa mort. Édouard d’Angleterre, troisième du nom, a quelque raison de revendiquer la couronne : son épouse n’est-elle une descendante, en ligne directe, de notre saint roi Louis, neuvième du nom ? Nos légistes ont bien tenté de prouver le contraire, mais n’était-ce point là le fruit de quelque piperie pour justifier une règle de succession discutable ?
    — Les lys de France ne filent point : la couronne ne s’est jamais transmise par les femelles.
    — Les lys ne filaient point depuis Hugues Capet, Dieu ayant veillé à assurer jusqu’alors à nos rois une descendance mâle. Mais depuis ?
    — Or donc, messire Élastre, auriez-vous quelque tentation de vous rallier à la cause de ce duc, de ce roi venu de cette triste île plongée dans le froid et les brûmats une grande partie de l’année, à ce qu’on dit ? lui demandai-je révolté.
    — Non point, soyez-en assuré, messire Bertrand ! Je n’entends point laisser un lointain descendant du duc de Normandie conquérir nos terres d’Aquitaine. Je me battrai, ma vie durant, pour lutter contre ce nouvel envahisseur ainsi que le firent jadis nos ancêtres gaulois lorsqu’ils résistèrent aux légions romaines de Jules César. Quelle que soit l’issue de cette guerre.
    « Mais si nous défendons la cause de la couronne du roi Philippe de Valois, devons-nous pour autant juger nos compains d’en deçà les montagnes Pyrénées s’ils ne partagent pas les mêmes valeurs que les nôtres ?
    — Votre grandeur d’âme vous honore, Élastre de Puycalvet, mais vous ne m’empêcherez pas de descharpir ces traîtres tantôt. Car telle est ma foi en notre royaume et en notre comté. Nos rois ont gouverné ce pays difficile depuis six cents ans pour en construire l’unité et en assurer la prospérité.
    « Je me vois mal retourner mon surcot et prêter hommage aux léopards d’Angleterre et à un roi venu du pays des brumes, lui affirmai-je avec force conviction.
    — Je serai tout pareillement fidèle, messire Bertrand et vous le prouverai les jours prochains », me répondit-il, un pli amer au coin de la bouche, à l’idée que j’eusse pu douter de sa fidélité à notre cause.
    Notre échange de vues sur des considérations politiques qui, il faut bien l’avouer, nous dépassaient l’un et l’autre, me laissa songeur. Je lui pris les épaules et nous nous donnâmes une virile colée. Car nous ne donnions pas cher de notre peau en ces jours de reprise de la guerre.
     
     

     
     
    Les gonds de mon coffre à vêtement grinçaient piteusement. Je songeai à en faire la remontrance à Marguerite. Je me ravisai en me disant que j’avais trop tendance à la traiter comme une domestique qu’elle n’était assurément point à mes yeux, et badigeonnai moi-même les charnières à

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