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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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joufflu qu’un soufflet de forge.
    — Je ne suis point chevalier, mais écuyer au service de Fulbert Pons de Beynac, premier baron du Pierregord, clamai-je. Et me nomme Brachet de Born. Bertrand Brachet de Born.
    — Messire Brachet, je réponds au prénom de Pierre et selon les contrées, on me nomme Pierre Tranchefer, Pierre Taillefer ou Pierre Pons, tant est grande ma science de l’enclume !
    — Et quel est votre art, maître Tranchefer ? Ou dois-je dire maître Taillefer ?
    — Maître Pierre me siéra à merveille. Par Vulcain, vous ne trouverez aucun maître haubergier aussi accort que moi, à cent lieues à la ronde, messire Brachet.
    — Par quel malheureux hasard vous trouvez-vous parmi nous céans ? » lui demandai-je.
    Je fus fort surpris de l’entendre jurer comme feu Auguste Taillefer, le maître forgeron des Mirandes qui m’avait innocenté jadis de l’accusation de meurtre qui pesait sur mes épaules. Avant d’être happé et garrotté par la corde du treuil qui rouillait l’une des herses du château de Beynac.
    « Je rendais visite à des miens parents lorsque les seigneurs que voici me convainquirent de rejoindre votre ost, force arguments à l’appui, déclara-t-il en désignant du chef, Élastre de Puicalvet, Guy de Vieilcastel et Armaury de Siorac. Je vous offre mes services si vous daignez les accueillir en votre bonne grâce.
    — Et combien devrons-nous bailler, maître haubergier pour bénéficier de vos précieux services ?
    — Bonne mangeaille et bon vin me combleront, messire. Tant que durera le siège des Godons, toutefois. Après, nous débattrons sols et deniers. Si d’aucuns de ces nobles chevaliers souhaitaient s’attacher mes bons et loyaux services, ils devraient délier bougettes et aumônières.
    « Mais… promettez-moi que je ne finirai pas ma vie comme ce mien cousin, Auguste Taillefer, maître forgeron au village des Mirandes. Il eut le col proprement tranché par la corde d’une herse qu’il réparait à la porte de Boines du château de Beynac, voilà bientôt quatre ans. Je n’envisage pas d’être occis de la sorte par un écuyer ! Ne vous en déplaise ! »
    Sur le coup, je m’attendais à tout de la part de notre hôte, mais point à cette battelerie. Alors que je m’apprêtais à lui demander des explications sur une accusation aussi grave, je m’accoisai et décidai de reporter à plus tard l’entretien que nous aurions en tête-à-tête. Je passai outre, comme si je n’avais rien entendu et le félicitai :
    « Voilà qui est bien parlé, maître Pierre. Servez à ce noble et savant maître-artisan belle collation et bon breuvage. Sans le couper d’eau !
    — Par Saint-Éloi, vous ne regretterez pas votre générosité, messire écuyer. L’armurerie de votre forteresse est dans un état déplorable : les fers rouillent ou ne sont pas empennés, les épées sont aussi tranchantes que des jouets de bois, les mailles des chainses de fer, disloquées, tordues, évanouies en moult endroits essentiels.
    « Les rivets grincent et ne coulissent plus, les heaumes sont bosselés, les mézails baîllent aux corneilles. Et les cuirs ! Ah ! Je ne parle pas des cuirs ! Les courroies des aiguillettes qui assemblent les plates sont aussi sèches et rugueuses que le con d’une vieille femme, les gambesons déchirés… Dois-je poursuivre, messire ?
    — Non, c’est bon, c’est inutile, maître haubergier. Je crois que nous avons ouï votre proposition », l’interrompis-je, désagréablement surpris qu’il me dépeignît un tableau plus désastreux de l’état de l’armurerie (dont Raoul d’Astignac avait la charge) qu’il ne l’était en vérité, me semblait-il. Je l’interrogeai à toutes fins utiles :
    « De quels outils auriez-vous besoin pour remettre un peu d’ordre dans ces ferrailles et dans ces cuirs ?
    — Une bonne meule, quelques fusils ou pierres à aiguiser, une enclume de bonne forge, un soufflet, de la graisse d’oie ou à défaut du suif, bien mol. Pour le reste, mes instruments et ma science feront l’affaire.
    « Je ne ferai certes pas de miracles en si peu de temps, mais vous ferez plus qu’illusion face à l’ennemi. Leurs archers gallois ont des pointes acérées et les épées forgées en leur royaume d’Angleterre ne sont pas plus rabattues que celles des gens de Gascogne. Les armes, ça se fourbit, par Vulcain ! »
     
    Pour couper court à cette longue diatribe quelque peu

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