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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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rectifiai :
    « Pardonnez-moi, mon ami. L’amitié que vous me témoignez me touche droit au cœur. Et le savez. Mais l’heure n’est pas aux sentiments. Elle est à la réflexion avant la décision. »
    Je n’en pensais pas un mot car ma décision était prise. Presque. Tout dépendrait de l’ultime conversation que j’allais de ce pas engager avec notre superbe otage, la belle et troublante Éléonore de Guirande.
     
    J’avais grande hâte de lui soumettre la terrible alternative que nous imposait le soi-disant ambassadeur du duc de Guyenne, roi d’Angleterre. Pour lui extorquer ce qu’elle m’avait caché jusqu’alors. Le moment en était venu. Il ne me serait pas possible de bénéficier avant longtemps d’une telle opportunité.
    À cette pensée, je souris, jetai un regard autour de moi. L’attroupement sous la barbacane se dispersait. Tous se dirigeaient vers la salle du Conseil, en pastrouillant à qui mieux mieux, sans me prêter plus attention.
    La main sur le pommeau de mon épée, je me dirigeai d’un pas assuré vers la salle des Gardes pour gravir les marches qui donnaient accès à la chambre de la baronne, hélai Marguerite au passage pour la prier de m’accompagner. Sans lui donner la moindre explication.
    J’avais hâte de battre le fer tant qu’il était chaud, pour séparer le vrai du faux, comme l’ivraie du bon grain. Le moment où jamais d’exorciser les démoniaques cachotteries de la châtelaine. Le fer n’était pas chaud, il était brûlant à souhait et la vérité valait de l’or. Une montagne d’or. L’or des Parfaits, l’or des hérétiques albigeois.
     
     

     
     
    Revêtu d’un haubert et d’un camail à triples mailles finement entrelacées, allongées et redressées par notre nouveau maître haubergier, passé sous le surcot aux armes de ma famille finement brodé par les lingères de la princesse Échive de Lusignan, sans heaume ni chapel de fer, tête nue, je franchis le seuil de sa chambre.
    Éléonore de Guirande se livrait en toute innocence à un jeu de patience. Elle leva des yeux de biche vers moi et s’enquit :
    « Que me vaut cette visite impromptue, mon ami ? Auriez-vous déjà déboté nos amis anglais ? » Sa bouche se fendait d’un large sourire. Elle n’allait pas tarder à déchanter. Je lui gelai le bec tout de gob :
    « Veuillez préparer incontinent vos effets personnels. Marguerite que voici vous y aidera. Les leçons de chose sont terminées. Il est temps de passer de la théorie à la pratique. Vous quittez le village de Commarque pour rejoindre votre ami le sire de Castelnaud de Beynac qui vous réclame à cors et à cris au nom du roi Édouard ! » Son sourire se figea en un rictus amer. Je mentis sans vergogne :
    « J’ai réuni le Conseil. Tous souhaitent nous épargner les risques considérables d’un assaut anglais et sont prêts à vous livrer en échange de la vie sauve. Ils vous portent certes en grande estime, mais je ne puis les en blâmer : ils vous soupçonnent d’hérésie. Pensez donc ! Il y va de notre survie et de celle de tous ces pauvres hères que nous protégeons.
    — Les lâches ! Les mécréants ! Vous n’y pensez pas, messire Brachet ! Me livrer à Castelnaud ? Vous signeriez mon arrêt de mort ! Il croit plutôt que je peux l’aider à faire main basse sur le trésor des Albigeois ! Il me soumettra à la question ! » s’enflamma-t-elle. Puis se radoucissant :
    « Après tout ce que vous m’avez appris et que je ne savais pas encore, je crains de ne pas pouvoir tenir ma langue », gémit-elle. La ficelle était grosse. Je persiflai :
    « Peu me chaut, baronne. Ce que vous savez, ce que je vous ai appris ne suffit point pour lui permettre ne serait-ce que de humer l’odeur de l’héritage de ma sœur. Croyez-moi, mieux vaut vous soumettre à ses exigences et dire tout ce que vous savez. Au pire, vos tourments seront promptement abrégés. Au mieux, vous finirez enchefrinée entre quatre murs jusqu’à votre mort. Qui sait, vous nourrirez peut-être quelque légende, la légende de la Dame blanche, par exemple… »
    Son visage se décomposa. Elle crut ma résolution prise. Je me gardai bien de l’en dissuader :
    « Allons, ma Dame, le temps presse ! Marguerite, peux-tu aider ta maîtresse à rassembler quelques effets ? L’indispensable seulement. Le nécessaire est superflu. Point de coffres, point de grimoires, point d’ouvrages. Deux robes, deux souliers

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